Les prix du pétrole à New York ont terminé avant-hier, la semaine sur une note haussière dans un contexte toujours tendu au Moyen-Orient et en dépit d'indicateurs économiques mitigés aux Etats-Unis, le premier consommateur mondial de brut. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a gagné 84 cents à 88,91 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 111,23 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 47 cents par rapport à la clôture de la veille. Le rebond des prix du baril enregistré la veille, qui faisait suite à trois jours de repli, "a perdu de son élan", observaient les analystes de Commerzbank, notant que des propos jugés décevants d'un responsable américain "ont encouragé les investisseurs à engranger quelques bénéfices". Après avoir entamé la semaine du mauvais pied, plombé par des doutes sur l'issue de négociations budgétaires cruciales aux Etats-Unis pour ne pas interrompre la reprise économique encore hésitante du pays, le marché pétrolier abordait le week-end avec optimisme. Le président républicain de la Chambre américaine des représentants John Boehner a estimé la veille qu'il n'y avait pas eu de "progrès significatifs" dans les négociations en cours à Washington entre républicains et démocrates pour éviter un blocage politique sur le budget. Faute de compromis avant la fin de l'année entre les deux Partis, une cure d'austérité forcée s'imposera, risquant d'anéantir la reprise encore vacillante de l'économie américaine et plomber la demande pétrolière des Etats-Unis, premier pays consommateur de brut de la planète. Le marché est "toujours concentré sur les commentaires des responsables américains", et "les incertitudes persistantes sur l'issue des négociations sur le budget ont assombri le moral des investisseurs", M. Boehner, ayant dissipé les espoirs alimentés plus tôt la veille par des propos encourageants du président démocrate Barack Obama, indiquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Cet entrain se devait cependant davantage, selon les experts, à un mouvement technique qu'à des chiffres encourageants pour la demande en brut. Il n'y a pas eu de grandes nouvelles économiques aujourd'hui expliquant ce rebond, s'est étonné James Williams, de WTRG Economics. Les indicateurs économiques américains publiés, avant-hier matin, n'étaient pas très bons, et le dollar s'est renforcé, ce qui n'aide généralement pas le marché du brut à s'apprécier, a-t-il relevé. En effet, les dépenses de consommation des ménages ont reculé aux Etats-Unis en octobre, baissant pour la première fois depuis mai, tandis que stagnaient les revenus des Américains après cinq mois consécutifs de hausse. D'autre part, la hausse du billet vert rend les achats de brut, libellés en dollars, moins attractifs pour les acheteurs munis d'autres devises. Le cours du baril newyorkais tentait tout de même de se reprendre, avant-hier, soutenu par un regain de l'appétit des investisseurs pour les investissements jugés risqués, comme le pétrole mais aussi les Bourses et l'euro, notait Fawad Razaqzada, analyste chez GFT. Le repli des prix à Londres était par ailleurs limité par les inquiétudes toujours vives sur la situation au Moyen-Orient, en raison notamment du dossier du nucléaire iranien, au centre d'une réunion, jeudi et vendredi, du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). "L'AIEA a rappelé la veille le manque que ses efforts pour déterminer si le programme nucléaire de l'Iran a ou non des visées militaires marquaient le pas", faute d'accès aux sites nucléaires controversés du pays, "et l'Iran devrait continuer de focaliser l'attention des opérateurs dans les mois qui viennent", soulignait M. Kryuchenkov. L'AIEA et l'Iran doivent reprendre leurs entretiens le 13 décembre, après plusieurs rencontres depuis le début de l'année qui se sont toutes soldées par un échec. L'Iran est frappé par de sévères sanctions internationales, dont un embargo pétrolier de la part de l'Union Européenne (UE) entré en vigueur en juillet, en raison de son programme nucléaire, soupçonné par les Occidentaux d'avoir des visées militaires. Ces sanctions ont entraîné un effondrement des exportations de brut du pays et alimenté les craintes d'une escalade des tensions dans la région. En Egypte, la montée des tensions inquiétaient également les courtiers, qui craignaient une perturbation de l'approvisionnement en brut dans la région, en cas d'un blocage éventuel du canal de Suez, par lequel transitent chaque jour environ 2,2 millions de barils, a rappelé M. Williams. De nombreuses manifestations étaient signalées, avant-hier, dans le pays, rassemblant notamment dans le centre du Caire des dizaines de milliers de personnes protestant contre le président Mohamed Morsi, après l'adoption au pas de charge d'un projet de Constitution par une commission dominée par les islamistes. Toutefois, le marché reste bloqué depuis la mi-octobre dans une fourchette de prix entre 84 et 90 dollars le baril, un niveau qu'il ne parvient pas encore à dépasser, a noté Robert Yawger, de Mizuho Securities. En Asie, le pétrole se repliait avant-hier matin, en raison de prises de bénéfices après la hausse de la veille, dans un marché suspendu aux déclarations des responsables américains sur le budget des Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier perdait 31 cents, à 87,76 dollars, dans les échanges électroniques, et le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance reculait de 30 cents à 110,46 dollars.