Les prix des matières premières alimentaires ont connu des sorts contrastés la semaine dernière, le café rebondissant à la faveur d'achats à bon compte et de craintes sur les récoltes en Amérique centrale, tandis que cacao et sucre pâtissaient toujours d'une offre abondante. Cacao Les prix de la fève brune ont poursuivi leur repli, à mesure que s'estompaient les craintes d'une crise politique en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale de cacao) -- qui avaient été alimentées mi-novembre par le renvoi surprise du gouvernement ivoirien par le président Alassane Ouattara--, mais aussi en raison d'une production abondante. Ainsi, l'Organisation internationale du cacao (ICCO) a indiqué vendredi dernier, avoir révisé en hausse ses estimations de production mondiale pour la saison 2011-2012 achevée en septembre, à 4,052 millions de tonnes (contre 3,962 millions de tonnes précédemment). L'institution a fait état d'un excédent mondial de production de 90'000 tonnes sur la saison -- après un excédent record de 341'000 tonnes en 2010-2011 --, et selon elle, les stocks mondiaux s'élevaient fin septembre à 1,86 million de tonnes (ce qui correspond à 45% du volume de cacao consommé en 2011-12). La récolte en Côte d'Ivoire en cours depuis octobre vient donc alimenter en fèves un marché mondial déjà abondamment approvisionné. Or, "la nouvelle saison (depuis début octobre) a été pour le moment marquée par des pluies régulières et un soleil abondant", favorisant le développement des plants, a observé Kate Tang, analyste de Barclays Research, estimant par ailleurs ne pas attendre des troubles politiques perturbant les récoltes dans le pays. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1567 livres sterling vendredi dernier, contre 1582 livres le vendredi précédent vers. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2.457 dollars la tonne contre 2465 dollars une semaine plus tôt. Café Le prix du robusta est descendu lundi à 1.836 dollars la tonne, au plus bas en 10 mois, tandis que l'arabica glissait mercredi à 147,10 cents la livre, son plus bas niveau depuis juin 2010. Les cours ont cependant rebondi ensuite avec vigueur - l'arabica gagnant ainsi 6% en deux jours -, pour finir la semaine en nette hausse. Ce rebond était alimenté par des investisseurs spéculatifs, désireux de réaliser des achats à bon compte, mais aussi par des inquiétudes sur la qualité de la récolte en Amérique centrale, a indiqué Jack Scoville, analyste de Price Futures Group. "On rapporte que la maladie de la +rouille+ (causée par un champignon et qui affaibli les plantes, ndlr) attaque les arbres et les feuilles" dans des plantations de la région, et "il est possible que beaucoup de producteurs voient leur récolte sensiblement réduite par ces problèmes", a souligné M. Scoville, tout en précisant que les prévisions d'une large récolte à venir au Brésil (premier pays exportateur) devrait limiter toute hausse des cours. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en janvier valait 1927 dollars vers 13H30 GMT, contre 1.864 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 155,95 cents, contre 152,6 cents sept jours auparavant. Sucre Les prix du sucre ont légèrement reculé la semaine dernière mais sans retomber aux plus bas depuis l'été 2010 enregistré respectivement le 9 novembre à New York (à 18,66 cents la livre) et le 16 novembre à Londres (à 503,60 dollars la tonne). "Les investisseurs semblent tabler sur un recul des prix à moyen terme, alors que l'arrivée d'un temps plus sec en octobre a amélioré les perspectives de la récolte en cours au Brésil", premier producteur mondial, ont souligné dans leur rapport mensuel les experts de la maison de courtage Czarnikow. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 512,60 dollars vendredi dernier,contre 519 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 19,23 cents contre 19,68 cents sept jours auparavant. Le blé, le maïs et le soja confortent leur hausse Les prix du soja et du blé ont conforté leur progression la semaine dernière à Chicago et ceux du maïs sont restés stables, profitant notamment d'un regain de confiance sur les perspectives économiques en Europe et aux Etats-Unis, de bon augure pour la consommation. "L'optimisme est revenu sur le marché des matières premières alors que les ministres des Finances européens sont parvenus à un accord sur la Grèce" en début de semaine, a remarqué Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Les cours bénéficiaient également de l'espoir d'avancées vers un compromis sur le budget des Etats-Unis à Washington d'ici la fin de l'année. Faute d'accord entre démocrates et républicains, le pays se verrait imposer une cure d'austérité forcée qui risquerait de nuire à la reprise économique encore chancelante, et donc aux consommateurs américains. Sur le marché du maïs, "les fondamentaux restent les mêmes, à savoir une offre peu abondante et une demande faible", a souligné Frank Cholly, de RJO Futures. Les cours du maïs sont toutefois soutenus "par les pluies en Argentine qui retardent les semis" dans ce pays important producteur de la céréale, a noté M. Strickler. La météo est également un important facteur dans la hausse des prix du blé. La sécheresse qui affecte les Etats du centre des Etats-Unis a en effet des conséquences négatives sur la récolte de blé d'hiver, dont la qualité est à un niveau historiquement bas. Mais ce facteur haussier est limité par "une demande terne", a souligné M. Cholly. Selon le département américain de l'Agriculture (USDA), les ventes de blé américain à l'étranger ont effet reculé de plus de 50% la semaine dernière. "L'offre en Europe et en Europe de l'Est va finir par s'affaiblir et alors l'écart entre les prix (européen et américain) va se rétrécir et profiter au blé des Etats-Unis, mais ce n'est pas encore le cas", a ajouté l'analyste. Les cours du soja sont de leur côté toujours soutenus par une demande importante, les ventes de tourteaux progressant à 365'100 tonnes la semaine dernière et celles d'huile de soja à 122'600 tonnes. Ils sont aussi aidés par un rebond technique "suite à la forte baisse des prix observée depuis septembre" quand l'oléagineux a atteint des records suite à la sécheresse qui a frappé les Etats-Unis cet été, a remarqué M. Cholly. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre était quasi stable à la mi-séance vendredi dernier,à 7,4475 dollars contre 7,4550 dollars à la clôture vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance s'appréciait à 8,5100 dollars contre 8,4775 dollars. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en janvier progressait à 14,3150 dollars contre 14,1875 dollars.