Les taux d'emprunt des pays en difficultés de la zone euro sont repartis à la baisse cette semaine sur le marché obligataire, les investisseurs revenant timidement sur ces dettes qu'ils avaient délaissées la veille après les prévisions pessimistes de la Banque centrale européenne. Le taux à 10 ans de l'Italie se détendait vendredi à 4,541% contre 4,574% la veille à la clôture et le rendement espagnol de même échéance reculait à 5,466% contre 5,474%. "Aucune actualité majeure n'a joué sur les échanges. Le marché a juste repris son souffle en cette fin de semaine et au lendemain d'une forte tension", note René Defossez, stratégiste chez Natixis. "Nous restons encore sous le choc des annonces de la Banque centrale européenne. Nous ne nous attendions pas à une révision aussi violente de ses perspectives économiques", relève-t-il. L'institut monétaire a annoncé jeudi tabler désormais sur une contraction du produit intérieur brut de la zone euro de 0,3% en 2013, alors qu'en septembre il anticipait encore une croissance de 0,5%. "Ce nouveau scénario est une très mauvaise nouvelle pour la stabilité de l'union monétaire car cela va être encore plus difficile de faire rentrer de l'argent dans les caisses des Etats en difficultés. Les politiques d'austérité vont avoir aussi plus de mal à passer auprès de leurs opinions publiques", souligne M. Defossez. Les intervenants ont continué à suivre de près l'évolution de la situation politique en Italie où le sort du gouvernement Monti reste en suspens, après avoir perdu jeudi le soutien au Parlement du parti de Silvio Berlusconi. Mais les commentateurs ne craignent pas de crise majeure, l'exécutif Monti étant déjà en fin de mandat. Le bras droit de Silvio Berlusconi à la tête de son parti, Angelino Alfano, a d'ailleurs promis une fin de mandat "ordonnée", donc sans chute anticipée du gouvernement. Côté grec, Athènes devait conclure vendredi soir la première phase de la délicate opération de rachat de sa dette lancée lundi. L'opération, décidée lors de la dernière réunion des ministres des Finances de la zone euro fin novembre, est censée réduire la dette hellène d'environ 20 milliards d'euros, la moitié du montant requis pour parvenir à la ramener au taux jugé acceptable de 124% du PIB, en 2020. "Les résultats du processus (attendus le 13 décembre, ndlr) seront essentiels", rappelle François Duhen, stratégiste au Crédit Mutuel-CIC."Sans un effacement d'une partie de la dette du pays, le Fonds monétaire international se verrait dans l'obligation de cesser le versement d'argent du fait de ses statuts qui lui interdisent de financer un pays dont la dette n'est pas jugée soutenable", explique-t-il. Signe que le climat reste encore incertain pour beaucoup d'intervenants, les dettes jugées les plus solides ont continué à être plébiscitées, toujours perçues comme des valeurs refuges. Le taux allemand à 10 ans reculait à 1,290% contre 1,296% et son homologue français franchissait un nouveau plus bas à 1,955% contre 1,991%. "La résistance technique des 2% a été franchie mercredi. Du coup, le rendement français à 10 ans pourrait continuer à reculer dans les prochains jours", selon M. Defossez. Hors zone euro, le taux britannique restait stable à 1,742%. Aux Etats-Unis, le taux à 10 ans montait à 1,608% contre 1,586% jeudi, tout comme celui à 30 ans à 2,792% contre 2,773% la veille. Le rendement à trois mois était stable à 0,09%. Le taux de chômage américain s'est inscrit en novembre à son niveau le plus bas en près de quatre ans (7,7%) sous l'effet d'une forte baisse de la population active. Sur le marché interbancaire, l'Euribor est tombé à un plus bas historique à 0,186%, et le Libor libellé en dollars a reculé à 0,310% contre 0,311%.