Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne s'est fortement détendu en fin de semaine sur le marché obligataire, repassant sous les 6% pour la première fois depuis fin mai, grâce aux mesures dévoilées la veille par la Banque centrale européenne (BCE) pour soutenir la zone euro. Peu avant la clôture, le taux, qui évolue en sens inverse du prix, tombait à 5,630% contre 6,030% jeudi à la clôture, sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. De même, le taux de l'Italie bénéficiait d'une forte détente, à 5,058% contre 5,261%. Ces pays profitent depuis jeudi après-midi de l'annonce par la BCE d'un plan de rachat illimité de dette publique, concentré sur les titres de maturité allant de un à trois ans. L'institut a aussi renoncé à son statut de créancier privilégié. "Ces mesures concernent les dettes à court et moyen terme, mais il est logique que cela bénéficie à l'ensemble des taux d'emprunts", relève René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis. "Le dispositif est en effet complet. Les fonds de secours européens peuvent agir sur le marché obligataire primaire et donc acheter directement la dette des Etats et la BCE peut agir sur le marché secondaire", explique-t-il. L'autre bonne nouvelle, selon l'analyste, est que l'institut monétaire n'a pas signé un chèque en blanc aux Etats. Il interviendra seulement si un pays a d'abord fait appel au fonds de secours européen et notamment au futur Mécanisme européen de stabilité (MES) et suspendra son programme si, comme cela a été le cas dans le passé, un pays cesse de respecter ses engagements. Alors que la presse outre-Rhin s'est montrée très critique dans son ensemble envers les annonces de la BCE, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, s'est voulu rassurant, affirmant qu'il ne s'agissait en aucun cas pour la banque centrale de financer les dettes souveraines. Au final, souligne M. Defossez, "il devient très risqué de jouer contre la dette espagnole ou italienne notamment. Si les rendements des obligations grimpent, le couple MES/BCE va sortir son bazooka et faire nettement baisser les taux, ce qui fera perdre beaucoup d'argent à ces investisseurs". Tous les regards se tournent désormais vers l'Espagne qui pourrait prochainement demander une aide financière globale à ses partenaires européens. Le sauvetage d'un pays n'est pas une décision "qu'on prend du jour au lendemain", a souligné le gouvernement espagnol. Madrid veut d'abord connaître les conditions auxquelles elle devra se plier avant de solliciter un plan de sauvetage. Parmi les pays les plus solides, l'Allemagne a vu son taux à 10 ans reculer à 1,526% contre 1,559%, tout comme la France à 2,210% contre 2,255%. Hors zone euro, le Gilt britannique s'inscrivait à 1,704% contre 1,714% la veille. Aux Etats-Unis, le rendement des obligations à 10 ans baissait à 1,603% contre 1,678% et celui à 30 ans à 2,752% contre 2,799%. Le taux à trois mois reculait légèrement à 0,10% contre 0,11%. Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois est tombé à un nouveau plus bas historique à 0,265% contre 0,266% la veille. Le Libor libellé en dollars était stable à 0,408%.