Les deux premiers points de contrôle officiels entre la Serbie et le Kosovo ont été ouverts, hier, en vertu d'un accord conclu sous l'égide de l'UE, bien que Belgrade refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province méridionale. Désormais, pressée par Belgrade, la minorité serbe du Kosovo accepte la présence de représentants de Pristina, dans cette région où elle est néanmoins majoritaire et qui échappe de facto au contrôle des autorités kosovares albanaises. Cela concerne en particulier le point de contrôle de Jarinje (nord), celui de Merdare (nord-est), situé dans une zone à majorité albanaise, n'ayant jamais posé de problème particulier quant à la présence d'officiers de douane et de policiers kosovars albanais. Pristina - qui l'été dernier a tenté de prendre le contrôle du passage de Jarinje manu militari, une opération échouée suivie d'incidents ayant fait un mort -, a elle aussi fait une concession en acceptant de ne pas afficher des symboles étatiques à ces deux points de contrôle. Conformément à l'accord intervenu le 4 décembre à Bruxelles entre les Premiers ministres serbe Ivica Dacic et kosovar Hashim Thaçi, deux autres points de passage devaient ouvrir le 31 décembre. Dans le nord du Kosovo, les Serbes (plus de 40 000 personnes) représentent la majorité écrasante de la population. Ils se sont pliés aux demandes de Belgrade après avoir obtenu des garanties qu'ils ne seraient pas obligés à l'avenir de se munir de documents d'identité ou d'équiper leurs véhicules de plaques d'immatriculation kosovares pour circuler du Kosovo en Serbie, tel qu'il est le cas pour les quelque 80.000 Serbes vivant dans des enclaves entourées par la majorité kosovare albanaise. Tout comme les Albanais kosovars refusent de vivre sous l'autorité de Belgrade, les Serbes kosovars refusent de vivre sous l'autorité de Pristina. Des progrès dans la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade sont une condition pour l'attribution d'une date d'ouverture des négociations d'adhésion de la Serbie à l'UE. Les pourparlers engagés entre Belgrade et Pristina visent avant tout à améliorer la vie quotidienne des quelque 1,8 million d'habitants du Kosovo, perturbés par le casse-tête administratif du statut controversé de ce territoire (état civil, cadastre, douanes).