L'Union européenne s'est dit, avant-hier, consternée et fermement opposée aux projets de nouvelles colonies israéliennes, en particulier dans la zone E1, qui compromettent selon elle la viabilité d'un Etat palestinien. Les ministres européens des Affaires étrangères se sont dit consternés et fermement opposés aux projets israéliens d'extension des colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est et en particulier dans la zone E1. Réagissant à l'octroi à la Palestine du statut d'observateur à l'ONU, l'occupant sioniste avait annoncé la semaine dernière son intention d'étendre ses colonies, en particulier dans le secteur E1 qui relierait Maalé Adoumim à des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est. Ce projet, s'il était mené à bien, couperait en deux la Cisjordanie et l'isolerait de Jérusalem. Cela compromettrait la viabilité d'un futur Etat palestinien, et minerait gravement les perspectives d'une solution négociée au conflit israélo-palestinien, jugent les ministres européens. L'ambassadeur d'Israël auprès de l'UE avait été convoqué la semaine dernière à ce sujet à Bruxelles, une procédure exceptionnelle. Ce que les Israéliens ont fait, à propos de la zone E1, a vraiment fait évoluer les opinions au sein de l'Union européenne, a estimé le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, en référence aux clivages traditionnels entre pays pro-israéliens (notamment la République tchèque, les Pays-Bas et l'Allemagne) et les autres plus sensibles à la cause palestinienne. Etendre la zone E1 pourrait également comprendre des transferts de population civile, remarque l'UE, qui promet de suivre de près la situation et ses implications plus larges, et agir en conséquence. Les ministres mentionnent également la délicate question des biens produits dans les colonies, réitérant l'intention de l'UE d'appliquer pleinement la législation européenne et les accords bilatéraux concernant les biens produits dans les colonies. Les colonies étant illégales au regard du droit international, les biens qui y sont produits ne devraient pas bénéficier des conditions douanières préférentielles accordées par l'UE aux produits israéliens. Mais Israël refuse un étiquetage spécifique des biens produits dans ses colonies. Fin octobre, un rapport publié par 22 ONG avait estimé que l'UE importait 15 fois plus de biens (230 millions d'euros, contre 15 millions/an) en provenance des colonies israéliennes que des territoires palestiniens. Les 27 ont également appelé les Palestiniens à utiliser leur nouveau statut à l'ONU de manière constructive et à ne pas prendre de mesures qui pourraient aggraver l'absence de confiance avec Israël. Les ministres se disent prêts à procéder à la possible réactivation, d'une manière appropriée, de la mission EUBAM Rafah, qui consistait à surveiller le bon fonctionnement du point de passage à Rafah entre Ghaza et l'Egypte. Lancée en 2005, cette mission est en sommeil depuis 2007.