La banque britannique HSBC a annoncé, hier, qu'elle allait payer 1,92 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros), un montant record, pour mettre fin aux poursuites aux Etats-Unis dans une affaire de blanchiment d'argent sale appartenant notamment à des cartels de la drogue. Le titre de la première banque britannique, cotée à Londres et Hong Kong, n'a quasiment pas bougé après l'annonce, largement attendue après la parution d'informations de presse en ce sens dans la nuit. Il progressait même de 0,37%, à 79,75 dollars de Hong Kong, dans un marché étale, peu avant la clôture. "HSBC a conclu un accord avec les autorités américaines dans le cadre d'investigations concernant des infractions aux lois sur les sanctions (frappant certaines entités criminelles ou assimilées) et la lutte contre le blanchiment d'argent", a annoncé la banque dans un communiqué boursier. Accusée de complicité de blanchiment, HSBC entend ainsi mettre fin à une série d'enquêtes menées par le Trésor, le Département de la Justice, des agences fédérales et le procureur général de Manhattan à New York. "Nous assumons la responsabilité de nos erreurs passées (...). HSBC est toutefois aujourd'hui une organisation fondamentalement différente de celle qui a commis ces erreurs", a déclaré le patron de la banque, Stuart Gulliver. Et de citer en particulier le quasi décuplement des fonds et du personnel consacrés à ses instruments internes anti-blanchiment entre 2009 et 2011, et la rupture de liens d'activité douteux avec 109 entités diverses. La banque avait reconnu en juillet des "défaillances" et présenté publiquement ses excuses devant une commission d'enquête du Sénat américain pour avoir manqué de vigilance face à de possibles opérations de blanchiment d'argent. Le rapport du Sénat américain avait souligné de "graves carences" dans les garde-fous anti-blanchiment de la banque qui a fait prendre des risques au système financier du pays en l'exposant à de possibles activités de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue ou au financement du terrorisme dans les années 2000. Selon ce rapport, HBUS (filiale américaine de HSBC) a notamment réalisé en six ans 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l'Iran, tandis que sa filiale mexicaine a transféré 7 milliards de dollars vers HBUS entre 2007 et 2008 qui pourraient être de l'argent appartenant à des cartels mexicains de la drogue. L'accord conclu avec le ministère américain de la Justice prévoit la désignation d'un auditeur indépendant qui évaluera régulièrement la mise en oeuvre des engagements de la banque dans les cinq années à venir. HSBC est également dans le collimateur de la justice britannique après la publication d'articles de presse indiquant que de gros trafiquants vivant au Royaume-Uni avaient ouvert des comptes offshore chez HSBC à Jersey pour blanchir de l'argent ou frauder le fisc. Selon les informations du Daily Telegraph, il s'agirait notamment d'un client condamné pour trafic de drogue qui se trouve actuellement au Venezuela, d'un homme condamné pour possession de centaines d'armes et de trois banquiers poursuivis pour des fraudes de grande ampleur. HSBC avait récemment augmenté à 1,5 milliard de dollars ses provisions pour couvrir les pénalités financières qu'elle risque de devoir payer aux Etats-Unis. Ces provisions ne couvrent pas les pénalités mais le règlement judiciaire définitif évite ainsi à HSBC de coûteuses réparations civiles.