Le déficit commercial du Japon s'est creusé de 37,9% en novembre sur un an, à près de 9 milliards d'euros soit le pire résultat enregistré depuis plus de 30 ans pour ce mois, a annoncé, hier, le ministère des Finances. Les exportations ont reculé de 4,1% à cause d'une demande internationale réduite par la mauvaise conjoncture, tandis que les importations ont augmenté de 0,8%, se maintenant à haut niveau un an et demi après l'accident nucléaire de Fukushima qui a entraîné l'envolée de la facture énergétique. Il s'agit du cinquième mois de déficit commercial d'affilée, une première depuis 1980 pour le Japon dont la croissance dépend fortement des exportations. Les ventes de machines de construction vers l'étranger ont reculé de 29%, se repliant notamment à destination de la Chine en croissance moins vigoureuse. Les groupes nippons ont aussi exporté beaucoup moins de voitures, bus, camions et motos (-5,2%), que ce soit vers l'Europe en crise d'endettement et cure d'austérité ou vers la Chine, où un différend diplomatique sino-nippon pèse sur l'appétit pour les produits Made in Japan. Les exportations de navires nippons ont aussi plongé de près de moitié. Par pays ou région, les livraisons ont chuté de presque 20% vers l'Union européenne et de 14,5% vers la Chine. Elles ont en revanche augmenté de 5,3% vers les Etats-Unis et de 9,4% vers les pays d'Asie du Sud-Est. Du côté des importations, les achats de gaz naturel liquéfié et charbon ont diminué en valeur (respectivement d'environ 10% et 20%), mais ce recul est dû pour une bonne part à la baisse de leur prix car les quantités importées n'ont pas reculé d'autant. La facture énergétique est restée quoi qu'il en soit beaucoup plus élevé qu'avant l'accident nucléaire de mars 2011, à cause d'achats toujours importants de gaz et de charbon pour compenser l'arrêt quasi total des réacteurs nucléaires. Les importations de téléphones ont par ailleurs bondi de 72%, en raison du grand succès au Japon des Smartphones d'Apple et Samsung, entre autres, assemblés en Chine et dans d'autres pays asiatiques. La prochaine coalition prépare un plan de relance de 100 milliards d'euros La prochaine coalition gouvernementale japonaise prépare un plan de soutien économique assorti d'une rallonge budgétaire qui pourrait atteindre 10 000 milliards de yens (près de 100 milliards d'euros), afin de dynamiser l'activité intérieure, quitte à recourir à l'endettement. Le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), grand vainqueur des élections législatives de dimanche, et son allié traditionnel centriste Nouveau Komeito travaillent sur un train de mesures qui devrait être mis sur les rails juste après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement prévue à la fin du mois. Le but est d'accélérer la reconstruction du nord-est dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, de remettre en état des ponts, tunnels et autres infrastructures publiques vieillissantes, d'aider les entreprises à lutter contre la cherté handicapante du yen ou encore de doper la consommation des ménages, le tout visant aussi à mettre fin à la déflation. "Un montant de 10 000 milliards de yens est nécessaire", a déclaré, hier, à la presse un responsable du PLD, rejoignant le point de vue du Nouveau Komeito. Les deux partis devraient s'entendre sur les détails du plan d'ici au 25 décembre, veille de l'investiture du prochain Premier ministre, Shinzo Abe, président du PLD. Cette rallonge devrait être approuvée par le parlement en février et financée par l'émission de nouveaux bons du Trésor. Le prochain pouvoir exécutif conservateur fera au passage voler le plafond de surcroît d'endettement annuel de 44 000 milliards de yens (420 milliards d'euros) que s'était imposé le gouvernement de centre-gauche afin de diminuer la dette colossale du pays (plus de 200% de son produit intérieur brut). "Nous allons avancer le calendrier des travaux publics qui auraient de toute façon été nécessaires un jour ou l'autre", a précisé Masahiko Komura, vice-président du PLD, un parti qui a assis son pouvoir sur le Japon pendant des décennies en dopant l'économie par la construction d'infrastructures. Et de préciser qu'il est plus bénéfique à moyen terme pour les finances du pays de réaliser les travaux en temps de crise, car non seulement cela apporte un coup de pouce à l'économie, mais en plus la main-d'œuvre et les matériaux sont moins chers et les taux d'intérêt plus faibles.