Les bureaux de vote ont ouvert hier matin, en Egypte pour la seconde phase du référendum sur un projet de Constitution qui divise le pays et a provoqué de nouveaux heurts la veille. Des files se sont formées devant plusieurs écoles à travers les 17 gouvernorats, dont Guizeh, près du Caire, avant même l'ouverture des bureaux peu après 08H00 locales. Près de 25 millions de personnes ont été appelées à se rendre aux urnes dans la journée. La division du pays en deux zones de vote successives avait été décidée pour faire face au boycott de nombreux magistrats chargés de superviser le scrutin. Le référendum a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en affrontements entre adversaires et partisans du président Mohamed Morsi et des Frères musulmans, dont il est issu et qui défendent le projet de loi fondamentale. Vendredi encore, des violences entre pro et anti-Morsi ont fait plusieurs dizaines de blessés dans la deuxième ville d'Egypte, Alexandrie. Pour le camp présidentiel, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Egypte depuis la chute de l'autocrate Hosni Moubarak en février 2011. L'opposition, qui a dénoncé fraudes et irrégularités pendant la première phase du vote, estime que le texte ouvre la voie à une islamisation accrue et présente de graves lacunes en matière de protection des libertés. "Oui" probable,accusations de fraudes et crise économique Selon des chiffres officieux, le oui l'a emporté par près de 57% des voix lors de la première partie du vote samedi dernier, une avance qui laisse présager une approbation du projet de Constitution à l'échelle nationale. L'opposition estime quant à elle que ce scrutin est d'ores et déjà entaché de nombreuses fraudes et irrégularités au profit du "oui". Une partie des magistrats, en conflit avec M. Morsi, refuse d'assurer la supervision du vote comme la loi le requiert. Ce référendum se tient aussi dans un contexte de grave crise économique. Si la Constitution obtient les 50% des suffrages exprimés nécessaires à son adoption, des élections législatives auront lieu dans un délai de quelques semaines. Mais les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), et conduit M. Morsi à geler des hausses de taxes qui auraient pesé sur le climat social.