Tension - Le nouveau procureur général égyptien, Talaat Ibrahim Abdallah, dont la nomination il y a moins d'un mois par le président Mohamed Morsi était contestée notamment au sein de la magistrature, a présenté sa démission. M. Abdallah a souhaité dans sa lettre de démission, publiée par l'agence officielle Mena, «retourner à son travail dans la justice». Des centaines de membres du Parquet général avaient organisé un sit-in pendant plusieurs heures devant le bureau du procureur général pour demander sa démission. Le 22 novembre, le président islamiste Mohamed Morsi avait limogé l'ancien procureur général Abdel Meguid Mahmoud, nommé sous le président déchu Hosni Moubarak, et l'avait remplacé par M. Abdallah. Cette décision avait provoqué une fronde au sein du pouvoir judiciaire, qui avait dénoncé une atteinte à son indépendance. Les tensions persistantes entre la présidence et le pouvoir judiciaire, qui en Egypte supervise les scrutins pour être valides, se sont traduites hier par l'annonce du Club des juges du Conseil d'Etat qu'il boycotterait la seconde phase du référendum dont la première phase s'est tenue samedi. De son coté, l'opposition égyptienne prépare de nouvelles manifestations à partir d'aujourd'hui contre ce projet de Constitution, qui a recueilli pour l'heure une courte majorité, selon des chiffres officieux. Le Front du salut national (FSN), qui réunit les principaux mouvements de l'opposition de gauche et libérale, appelle à «descendre dans la rue ce mardi pour défendre les libertés, empêcher la fraude et rejeter le projet de Constitution», avant la seconde étape du vote samedi prochain. Il a assuré que des «irrégularités et des violations» avaient entaché la première partie du vote, au cours de laquelle le «oui» est arrivé en tête avec 57%, selon les médias officiels et les Frères musulmans. L'opposition estime que le texte affaiblit les libertés et droits, en particulier ceux de la femme, porte atteinte à l'indépendance des juges et ouvre la voie à l'adoption de lois basées sur une interprétation plus rigoriste de l'islam. Pour le camp du «oui», l'adoption du texte doterait le pays d'un cadre institutionnel stable. Un argument qui séduit de nombreux Egyptiens inquiets après presque deux ans d'une transition mouvementée. La première phase concernait environ la moitié des 51 millions d'électeurs potentiels, dans dix gouvernorats dont Le Caire. Selon la presse, le taux de participation se situerait aux alentours de 30%. Les résultats officiels ne seront annoncés qu'à l'issue de la seconde phase, qui se tiendra le 22 décembre dans les 17 gouvernorats restants.