Le ministre japonais des Finances, Taro Aso, a déclaré hier que son pays allait acheter des obligations du Mécanisme européen de stabilité (MES) en vue d'aider la zone Euro, des propos qui ont ponctuellement fait remonter le cours de la monnaie européenne face au yen. "Nous allons acquérir des obligations du MES en utilisant les réserves de change", a dit M. Aso, à la presse. La première émission obligataire doit avoir lieu plus tard dans la journée et le Japon entend y participer, a précisé un fonctionnaire du ministère des Finances. Il n'a en revanche pas donné d'indications sur le montant que l'archipel entendait consacrer à l'achat de ces titres qui, selon M. Aso, sont "des investissements-clefs à l'instar des autres obligations d'Etat en euros dans la gestion des réserves de change du Japon". "La stabilité financière de l'Europe peut contribuer à stabiliser les taux des devises, yen compris", a justifié M. Aso, selon les propos rapportés par les médias. La lutte contre la cherté handicapante de la monnaie japonaise est l'un des objectifs prioritaires du gouvernement conservateur de Shinzo Abe dont M. Aso est un poids lourd. Le MES est un dispositif créé par les Etats de la zone euro et entré en vigueur en octobre dernier. Il vise à éviter que "les risques graves pesant sur la stabilité financière d'Etats membres dont la monnaie est l'euro puissent compromettre la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble". Ce MES peut émettre des obligations pour venir en aide aux nations de la zone euro en difficulté. Ces obligations vont prendre le relais de celles du Fonds européen de stabilité financière (FESF) que le Japon a déjà achetées à plusieurs reprises. Après les déclarations de M. Aso, l'euro est repassé au-dessus de 115 yens, après être descendu aux environs de 114,80 yens plus tôt dans la matinée. Hausse du budget de la défense, une première depuis 2002 Pour la première fois depuis 11 ans, le Japon, dirigé depuis peu par un gouvernement conservateur, va augmenter son budget militaire, et ce en pleine crise territoriale avec la Chine. Le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe, au pouvoir depuis le 26 décembre dernier, prévoit une augmentation d'environ 100 milliards de yen (873 millions d'euros, 1,15 milliard de dollars) pour l'année fiscale 2013, a indiqué un responsable du Parti Libéral-Démocrate (PLD), grand vainqueur des législatives du 16 décembre dernier. Avec cette rallonge le budget de la défense devrait tourner autour de 4 700 milliards de yen, soit 41 milliards d'euros. Le budget militaire n'avait pas connu de hausse depuis 2002, alors que le Japon traîne une dette colossale équivalant à près de 240% de PIB. Au regard du budget total, l'augmentation demeure relativement modeste mais elle est symbolique de la volonté des nouveaux dirigeants nippons d'affirmer la position régionale du Japon, surtout en période de tension avec le grand voisin chinois ainsi, quoiqu'à un degré moindre, avec la Corée du Sud. Tokyo a un conflit territorial avec Séoul à propos d'un groupe d'îles entre les deux pays. Selon une étude publiée en octobre dernier par le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un think tank américain, les dépenses de défense dans les pays d'Asie qui y consacrent le plus gros budget -Chine, Inde, Japon, Corée du Sud et Taïwan- ont pratiquement doublé en dix ans, quadruplant en Chine. Le total des budgets militaires de ces cinq pays a atteint 224 milliards de dollars en 2011, estimait le CSIS.