Les réserves de pétrole de l'Iran ont atteint l'année dernière 138,4 milliards de barils, soit une augmentation de 2,1 milliards de barils par rapport à l'année 2005, a rapporté cette semaine sur son site Internet Press-TV. Cette augmentation a été publiée dans le bulletin annuel 2006 de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cette annonce ne peut être perçue que comme une bonne nouvelle, d'autant que l'économie iranienne dépend énormément de ses exportations d'hydrocarbures. Les ventes de brut lui fournissent quelque 80% de ses recettes en devises, et le pays table sur les exportations de gaz, actuellement minimales, pour accroître ses revenus. Cependant, le désormais ex-ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, qui a démissionné le 12 août, a averti que l'Iran risquait une crise énergétique majeure d'ici quelques années. Pointant du doigt la hausse de la consommation intérieure, l'ex-ministre, cité, hier, par l'agence Mehr, a indiqué que "si la consommation d'énergie suit cette tendance, le pays sera confronté à une crise majeure dans les 15 ans à venir". "La tendance actuelle de hausse de la consommation est un désastre pour le pays", a estimé M. Vaziri-Hamaneh, sous-entendant que l'Iran ne pouvait pas accroître suffisamment sa production pour répondre à une demande intérieure croissante. L'Iran produit, selon les autorités, environ 4,2 millions de bpj. Mais, selon les derniers chiffres de l'Opep, cette production serait de 3,8 millions. La hausse de la consommation intérieure de gaz et la production insuffisante de cet hydrocarbure dans un pays qui en détient les deuxièmes réserves mondiales prouvées handicapent la production pétrolière. Et pour cause, les Iraniens injectent du gaz dans leurs champs pétroliers afin d'y maintenir une pression suffisante pour récupérer le pétrole. Ces injections de gaz, tout comme le retard pris dans les investissements de production dans les champs gaziers et la hausse de la consommation intérieure, font qu'"apparemment, il n'y aura pas de gaz disponible pour l'exportation dans les 10 ans à venir", a écrit le Centre de recherche du Parlement dans un rapport cité dimanche par le quotidien Etemad-Melli. "L'injection de gaz dans les champs pétroliers devrait être une priorité, car ils éprouvent une baisse aiguë de pression", selon le centre de recherche. Abondant dans le même sens, le chef de la commission de l'énergie du Parlement, Kamal Danyeshar, a fait part d'une baisse attendue de la production de pétrole de l'Iran, quatrième producteur mondial de brut. "La production va baisser de 1,5 million de barils par jour (bpj) d'ici 10 ans, faute d'injection de gaz" dans les puits, a prédit le responsable, cité par le quotidien Afta-Yazd dimanche. L'Iran a un besoin crucial d'investissements, notamment pour son secteur pétrolier, véritable poumon économique du pays, qui risque sinon de voir sa production décroître. Le gouvernement a assuré que l'Iran a conclu ces dernières années des contrats avec des investisseurs étrangers pour plusieurs dizaines de milliards de dollars. Mais, selon l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, chef du pouvoir judiciaire iranien, le montant serait seulement de cinq milliards "dans les deux ou trois dernières années". Pour rappel, l'ayatollah Shahroudi a déploré la démission de Kazem Vaziri Hamaneh.