Les experts n'ont pas eu tort de dire que l'ère du pétrole pas cher est révolue. Le prix du baril a atteint un nouveau record, jamais enregistré dans l'histoire de l'or noir, dépassant le seuil psychologique des 72 dollars. Hier, à la Bourse de Londres, le baril brent a affiché 72,04 dollars. Cette flambée spectaculaire s'explique par les inquiétudes qu'alimente la tension entre l'Iran et les Etats-Unis sur le nucléaire ainsi que la situation sécuritaire en Irak et en Palestine et notamment au Nigeria. Les experts écartent une éventuelle baisse pour le moment. Les prix vont encore augmenter au- delà de 72 dollars dans les prochains jours. L'évolution de la crise irano- américaine risque fortement de perturber la production pétrolière de ce pays qui est de 4 millions de barils par jour. L'arrêt des exportations iraniennes toucherait donc, de plein fouet, le marché international du pétrole. Dans cette optique, le directeur de la rédaction de la revue spécialisée Pétrole et gaz arabes, M.Francis Perrin, a estimé que le seuil des 80 dollars le baril de pétrole serait probable cette année. Cette conjoncture paraît comme une aubaine pour les pays producteurs de pétrole entre autres l'Algérie. Avec un prix qui dépasse les 70 dollars, les recettes pétrolières pourraient largement atteindre les 50 milliards de dollars à la fin de l'année en cours. Ce résultat est loin d'être une utopie, puisque les recettes collectées déjà par Sonatrach durant le premier trimestre ont dépassé les 12 milliards de dollars contre 10 milliards de dollars en 2005. Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil a estimé récemment que les prix du baril de brut vont se maintenir à un niveau élevé jusqu'à la fin 2006. Cela dit, même s'il y a une baisse sensible, explique-t-il, les prix resteront toujours au- dessus de 60 dollars. Pour en tirer profit et remplir les caisses de l'Etat, le département de Khelil tente de pomper le maximum de pétrole en portant sa production quotidienne à 1,5 million de barils. Interrogé sur la demande pétrolière, le P-DG de la Sonatrach nous a déclaré qu'elle est en hausse de 2% par rapport à l'année dernière. Selon un rapport mensuel publié hier par l'Opep, la demande mondiale de brut a augmenté d'environ un million de barils par jour (mbj), soit 1,2% en 2005 à 83,1 mbj en 2005 et devrait accroître de 1,7% et atteindre 84,5 mbj environ en 2006. La demande sur le pétrole algérien sera automatiquement revue à la hausse. Ce qui promet de générer des rentes importantes d'argent pour notre pays et même de gonfler les réserves de change en dollars. Estimées à 61 milliards de dollars en février dernier, celles- ci pourraient également franchir le seuil de 70 milliards de dollars d'ici la fin de l'année en cours. Cette manne financière, sans précédent, tombe au moment où de grands chantiers sont en cours de lancement entre autres celui afférent à la réalisation d'un million de logements.