L'économie chinoise a connu l'an dernier sa plus faible croissance en 13 ans avec 7,8%, tandis que la demande intérieure n'a pas été mesure de compenser le ralentissement des exportations, et malgré un rebond au dernier trimestre laissant entrevoir un meilleur résultat en 2013. La hausse du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale était encore de 10,4% en 2010 et de 9,3% en 2011. Elle avait ralenti durant sept trimestres consécutifs pour tomber à 7,4% l'été dernier, avant de se redresser pour atteindre 7,9% pour la période octobre-décembre, a indiqué le gouvernement chinois. Un panel d'économistes avait prédit 7,7% de croissance pour l'ensemble de l'année 2012 et 7,8% pour le quatrième trimestre. L'annonce des chiffres officiels a été saluée par la Bourse de Shanghai, qui a fini la séance en hausse de 1,41%, engrangeant sur la semaine sur un gain de 3,3%. Le rebond entamé au trimestre dernier devrait permettre au développement de la Chine de s'accélérer en 2013, mais cette embellie pourrait pas être de très grande ampleur, ni durer très longtemps, selon les analystes. L'environnement économique international reste difficile cette année et l'économie chinoise connaît toujours des déséquilibres, a reconnu le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Ma Jiantang, lors d'une conférence de presse. Nous nous attendons à une croissance stable en 2013, a ajouté M. Ma. Les taux de croissance de l'économie vont probablement fluctuer dans une bande étroite en 2013, a déclaré de son côté Ren Xianfang, économiste de IHS Global Insight basée à Pékin. Nous nous attendons à ce que la hausse du PIB culmine autour de 8,3% au premier semestre avant de ralentir à 8% au second, a indiqué pour sa part Lu Ting, de Bank of America - Merrill Lynch. Les analystes ont, en moyenne, prédit 8% de croissance pour 2013. L'économie chinoise reste toujours très fortement dépendante des investissements, malgré la volonté de Pékin de la réorienter pour accorder plus d'importance à la consommation des ménages.Les investissements en capital fixe se sont ainsi élevés l'an dernier à 36 483,5 milliards de yuans (4 387 milliards d'euros), en hausse de 20,6% sur un an. Cette somme représente 70,2% du produit intérieur brut, qui s'est élevé en 2012 à 51 932,2 milliards de yuans (6 244,7 milliards d'euros). Dans la phase suivante, nous devrons... nous concentrer sur un changement de modèle de croissance et améliorer la qualité et l'efficacité de la croissance économique, selon un communiqué du BNS. Pour soutenir l'activité durant la transition politique en cours en Chine, marquée par l'arrivée de nouveaux dirigeants au sommet du pouvoir pour la première fois depuis une décennie, le gouvernement a relancé depuis la mi-2012 des grands travaux d'infrastructures, notamment dans les chemins de fer. Ces investissements sont parfois critiqués par les économistes pour leur faible rentabilité. Ils finissent aussi par engendrer de l'inflation, comme le programme de relance après la crise financière mondiale de 2008. En 2013, la politique (monétaire) devrait être légèrement resserrée vers le deuxième semestre en raison d'inquiétudes sur une reprise de l'inflation, d'une hausse des prix de l'immobilier, d'une surchauffe de l'investissement et de risques pour le système financier, d'après Lu Ting. Le ralentissement de l'économie chinoise est dû notamment à celui de la croissance du commerce extérieur, passée de 22,5% en 2011 à 6,2% l'an dernier, selon les chiffres des douanes la semaine dernière. Mais des facteurs internes ont également pesé, notamment la baisse de régime de la production industrielle, qui a augmenté de 10% contre 13,9% en 2011, ainsi que des ventes de détail, reflet de la consommation des ménages, dont la progression été limitée à 14,3% en 2012, contre 17,1% l'année précédente. Enfin, les écarts de revenus sont restés très forts l'an dernier, même si le coefficient de Gini, publié pour la première fois au niveau national depuis plus d'une décennie, s'est très légèrement réduit, passant de 0,477 en 2011 à 0,474 en 2012. Investissement de 79 milliards d'euros dans les chemins de fer en 2013 La Chine va continuer cette année à soutenir son économie en investissant massivement dans les chemins de fer, à hauteur de 650 milliards de yuans (79 milliards d'euros), a indiqué le ministre des Chemins de fer Sheng Guangzu, cité par la presse chinoise. Cette somme permettra de mettre en service 5 200 kilomètres de nouvelles lignes, selon le ministre. L'investissement prévu en 2013 est 30% plus élevé que les 500 milliards de yuans initialement planifiés pour le secteur l'an dernier. Mais ce budget avait reçu une rallonge de 100 milliards de yuans lorsque Pékin a entrepris au second semestre de combattre le ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale en relançant des programmes d'infrastructures. Le boom de l'investissement dans le rail en Chine, qui possède le réseau de lignes ferrées le plus long du monde après celui des Etats-Unis, remonte à 2003 sous l'impulsion du prédécesseur de M. Sheng, Lui Zhijun, limogé en 2011 pour corruption et qui attend aujourd'hui d'être jugé. La Chine s'est par ailleurs hissée en quelques années au premier rang mondial pour son réseau de train à très grande vitesse, alors que la première ligne de TGV n'a ouvert dans le pays qu'en 2007. Suite à une collision qui avait fait au moins 40 morts en juillet 2011 à Wenzhou (est), mais aussi à des difficultés de financement, l'investissement dans les TGV avait toutefois été temporairement ralenti. La dette du ministère des Chemins de fer s'élevait au troisième trimestre de l'an dernier à 2.660 milliards de yuans (321 milliards d'euros), soit 61,8% de ses actifs, selon des informations publiées antérieurement par la presse chinoise. Fin 2012, le réseau ferré chinois avait une longueur de 98.000 kilomètres de lignes en exploitation, dont 9.356 km de voies de TGV, a précisé M. Sheng, cité par l'agence officielle.