La croissance mondiale devrait être moins forte que prévu en 2013, freinée par les nouvelles "faiblesses" d'une zone euro qui se dirige vers une deuxième année consécutive de récession, a estimé le Fonds monétaire international (FMI). "La zone euro continue de représenter un risque considérable pour les perspectives de l'économie mondiale", souligne l'institution de Washington dans la mise à jour de ses perspectives économiques. Le Fonds prévoit toujours une accélération de la croissance par rapport à 2012 mais prévient qu'elle sera "plus graduelle" que prévu: le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser en 2013 de 3,5%, soit 0,1 point de moins que prévu en octobre, et de 4,1% en 2014 à condition toutefois d'éviter les risques "considérables" de détérioration. En dépit de quelques "progrès", la zone euro suscite encore les plus grandes inquiétudes. "L'activité dans la périphérie de la zone euro a été encore plus déprimée que prévu, avec des signes de retombées plus marqués" sur le noyau dur de la région, souligne le Fonds. L'institution révise donc ses calculs: alors qu'elle prévoyait jusque-là un timide retour à la croissance cette année (+0,2%), elle prédit désormais une deuxième année de récession (-0,2%) pour la zone euro où trois pays (Grèce, Irlande, Portugal) sont sous assistance financière, en attendant peut-être Chypre. Selon le FMI, l'"incertitude" demeure par ailleurs sur l'issue de la crise en Europe et une "stagnation prolongée" n'est pas exclue si l'élan réformateur (supervision bancaire, union politique...) tourne court. Dans ce contexte, la France voit encore sa prévision abaissée cette année, de 0,4% à 0,3%, alors que le gouvernement continue d'espérer bien mieux (+0,8%). L'Allemagne n'est guère mieux lotie et voit sa prévision réduite de 0,3 point, à +0,6%. D'une simple phrase, le rapport tente de refermer le débat --qui traverse le FMI lui-même-- sur les dangers de l'austérité en Europe. "Les pays de la périphérie doivent poursuivre leur ajustement" budgétaire, tranche le Fonds. Tournant son regard vers les Etats-Unis, le FMI développe une toute autre approche. Selon ses préconisations, la première puissance économique mondiale doit se garder d'une réduction "excessive" de ses déficits "à court terme" pour ne pas étouffer une croissance fragile, qui devrait plafonner à 2% cette année. Début janvier, la cure d'austérité du "mur budgétaire" a été évitée in extremis aux Etats-Unis mais des coupes massives dans les dépenses publiques ne sont pas exclues. En attendant, l'institution appelle le pays à relever "rapidement" le plafond de sa dette, qui a atteint sa limite légale et alimente actuellement une intense bataille politique entre démocrates et républicains. Les pays développés en berne, la croissance mondiale devrait à nouveau être tirée par les grands pays émergents. Le PIB chinois devrait progresser de 8,2% cette année, suivi par l'Inde (5,9%) ou le Brésil (3,5%), selon le Fonds. L'Afrique subsaharienne devrait, elle, croître de 5,8%. "Le manque de vigueur de l'activité dans les pays avancés pèsera sur la demande extérieure", prévient toutefois le FMI. A l'heure où la régulation bancaire rencontre de fortes résistances, l'institution appelle, enfin, à poursuivre la réforme du secteur financier international. "C'est une approche constante du secteur d'appuyer sur la pédale de frein parce que c'est plus confortable de pas être soumis à une régulation", avait déclaré la semaine dernière la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde. La zone euro peut débuter l'année avec plus de confiance, selon Draghi La zone euro peut aborde l'année 2013 avec plus de confiance qu'il y a un an, a déclaré le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui a toutefois appelé les Etats et l'Union européenne à ne pas relâcher leurs efforts. "Nous pouvons débuter 2013 avec plus de confiance, parce que des progrès significatifs ont été accomplis en 2012", a dit M. Draghi lors d'une soirée organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Francfort. "Cette confiance repose dans une large mesure sur les progrès que nous tous -gouvernements, parlements, UE et BCE- avons été capables de faire durant 2012. Mais elle repose aussi, de manière cruciale, sur les anticipations de voir ces progrès persister", a-t-il ajouté. Pour sa part, la BCE va continuer à assurer la stabilité des prix comme elle l'a fait "avec succès depuis 14 ans", a conclu M. Draghi. Activité privée en janvier au plus haut de 10 mois, PMI à 48,2 L'activité du secteur privé dans la zone euro a atteint en janvier son plus haut niveau en 10 mois, même si elle continue de se contracter, selon une première estimation de l'indice PMI publiée avant-hier. Le PMI composite s'est inscrit à 48,2 en janvier contre 47,2 le mois précédent, selon la société Markit. C'est nettement mieux qu'attendu: les analystes interrogés par l'agence DowJones Newswires tablaient sur un PMI à 47,6. Lorsque l'indice PMI dépasse 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil. "L'indice PMI flash de janvier suggère un ralentissement de la récession économique de la zone euro en ce début d'année 2013", estime Chris Williamson, économiste pour le cabinet Markit. Dans le détail, l'activité est à son plus haut niveau sur les 10 derniers mois tant dans le secteur manufacturier (PMI à 47,5) que dans le secteur des services (48,3). "Des signes inquiétants de faiblesse persistent néanmoins. En effet, les suppressions d'emplois s'accélèrent en janvier, le climat d'incertitude pesant sur les perspectives économiques incitant les entreprises à limiter leurs coûts", souligne l'économiste de Markit. Balance des comptes courants: surplus de 14,8 milliards d'euros en novembre La balance des comptes courants en zone euro, ajustée des variations saisonnières, a enregistré un excédent de 14,8 milliards d'euros en novembre, selon un chiffre provisoire publié, avant-hier, par la Banque centrale européenne (BCE). L'excédent de la balance des comptes courants, mesure la plus large des échanges de la zone euro avec le reste du monde en termes de biens, services et flux financiers, a atteint 8 milliards d'euros en octobre, selon un chiffre définitif révisé en hausse, avant-hier, par la BCE. Le mois dernier, l'institution monétaire de Francfort (ouest) avait chiffré l'excédent d'octobre à 3,9 milliards d'euros. L'excédent de novembre s'explique par un surplus de la balance des biens de 12,6 milliards d'euros, des services (7,1 milliards d'euros) et aussi des revenus (2,6 milliards d'euros). En revanche, la balance des transferts courants est restée déficitaire, de 7,5 milliards d'euros. Sur une période cumulée de 12 mois, de novembre 2011 à novembre 2012, la balance des comptes courants de la zone euro ajustée des variations saisonnières affiche un excédent de 107,6 milliards d'euros contre un déficit de 1,8 milliard d'euros sur la même période un an plus tôt. Cet excédent représente 1,1% du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, selon la BCE. La dette publique à 90% du PIB au 3e trimestre La dette publique de la zone euro a atteint 90% du PIB au troisième trimestre contre 89,9% à la fin du deuxième trimestre, selon les données publiées par l'office européen des statistiques Eurostat. En valeur absolue, et non plus en pourcentage du PIB, la dette publique de la zone euro s'élève à 8.524,231 milliards d'euros, selon Eurostat. A la fin du troisième trimestre, les titres autres que les actions ont représentés 78,9% de la dette publique de la zone euro, les crédits ont compté pour 18,3%, le numéraire et les dépôts pour 2,8%. Par pays, les ratios de la dette publique par rapport au PIB les plus élevés ont été observés, sans surprise, en Grèce (152,6%), en Italie (127,3%), au Portugal (120,3%) et en Irlande (117%). La Belgique affiche une dette publique représentant 101,6% du PIB. C'est en Estonie (9,6%) et au Luxembourg (20,9%) que la dette publique est la plus faible en zone euro, au troisième trimestre. Dans l'ensemble de l'Union européenne, la dette publique est passée à 85,1% au troisième trimestre contre 85,0% sur les trois mois précédents.