La Russie et l'Ukraine se sont engagés dans un nouveau bras de fer sur le dossier gazier, Kiev opposant, avant-hier, une fin de non-recevoir aux exigences de Gazprom, qui lui demande sept milliards de dollars pour du gaz non consommé mais prévu au contrat. Un nouveau conflit gazier est enclenché entre la Russie et l'Ukraine, dont les disputes se sont plusieurs fois traduites par le blocage temporaire des approvisionnements européens, résume le quotidien économique russe Kommersant. La somme réclamée, confirmée, samedi dernier, par une source au sein de la société d'Etat ukrainienne Naftogaz, correspond à du gaz qu'elle aurait dû acheter l'an passé, conformément au contrat conclu en 2009, théoriquement pour dix ans. En 2012 Kiev a importé 32,9 milliards de mètres cubes de gaz russe, dont 24,9 milliards de mètres cubes ont été acquis par Naftogaz et 8 milliards par le groupe privé Ostchem Holding. Mais le contrat prévoit des livraisons annuelles de 52 milliards de mètres cubes de gaz. Selon Gazprom, il impose à l'Ukraine d'en régler au moins 42 milliards de mètres cubes, tandis que Kiev affirme pouvoir réduire le volume acheté à 33 milliards de dollars à condition d'informer préalablement son fournisseur. L'Ukraine refuse de payer L'Ukraine refuse de payer la facture de sept milliards de dollars que lui a envoyée le géant public russe Gazprom pour du gaz qu'elle n'a pas acheté, a indiqué un haut responsable ukrainien. On ne va pas la payer, a déclaré ce haut responsable sous couvert d'anonymat, se refusant à tout autre commentaire. Gazprom réclame cette somme pour une quantité de gaz russe qu'elle aurait dû acheter l'an passé, conformément au contrat conclu entre les deux parties.Une source au sein de la société publique ukrainienne Naftogaz avait confirmé la réception de la facture tout en soulignant que l'Ukraine avait réglé à la Russie dans les délais tout le gaz importé en 2012. Kiev affirme de son côté qu'il peut réduire le volume acheté à 33 milliards de dollars par an, a condition d'en informer préalablement Gazprom, selon Kommersant. L'Ukraine, jusqu'à l'an dernier principal pays de transit du gaz vers l'Europe, tente depuis des mois de négocier avec Gazprom à la baisse le prix du gaz russe, en vain. Des conflits sur le prix du gaz russe payé par les Ukrainiens ont entraîné par le passé le blocage temporaire des approvisionnements européens. Relation en péril En décembre, une visite du président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Moscou a été annulée à la dernière minute. Selon les médias, il devait signer avec son homologue russe Vladimir Poutine des documents en vue de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière Russie-Bélarus-Kazakhstan, en échange d'une baisse du prix du gaz.Une source au sein de Naftogaz citée dans le journal russe Kommersant avant-hier estime que la requête de Gazprom constitue un élément de pression sur les négociations en cours sur les prix. Le géant russe voyait bien trimestre après trimestre que Naftogaz ne consommait pas tout le gaz prévu par le contrat, et ne disait rien, relève Valeri Nesterov, analyste de Sberbank Investment Research. L'analyste souligne en outre que Kiev n'a jamais caché son intention de ne pas payer tous les volumes prévus et que la situation s'est déjà présentée ces dernières années, sans que le groupe russe ne réclame quoi que ce soit. Les demandes de Gazprom vont probablement se traduire par une longue procédure devant des tribunaux internationaux. Gazprom va s'en servir pour faire pression sur l'Ukraine dans les négociations sur les prix, avancent les analystes de la banque russe Alfa Bank. L'Ukraine, rappellent-ils, paye actuellement le prix le plus élevé pour du gaz russe parmi les pays de l'ex-Union soviétique, et fait tout son possible pour réduire sa dépendance à l'égard de Gapzrom. Kiev achète depuis quelques mois du gaz à l'allemand RWE pour l'importer depuis l'Europe, et a confié en août à un consortium comprenant Shell et ExxonMobil la production d'hydrocarbures sur le plateau continental de la mer Noire. Jeudi dernier, M. Ianoukovitch, a signé avec Shell à Davos un important contrat de production de gaz de schiste qui pourrait déboucher sur un investissement de plus de 10 milliards de dollars. Selon l'analyste ukrainien Valentin Zemlianski, cité par le site d'information Liga.net, la position de Gazprom dans les négociations a été affectée par l'accord entre l'Ukraine et Shell. Moscou, de son côté, investit massivement pour construire des gazoducs en direction de l'Europe en contournant l'Ukraine. Cette stratégie entraîne une perte de revenus pour le gouvernement ukrainien, qui touche des droits de transit et peine à se financer actuellement.