La guerre du gaz qui sévissait depuis plusieurs semaines entre le géant russe Gazprom et l'ukrainien Naftogaz a pris fin, la Russie et l'Ukraine ayant annoncé jeudi la signature d'un accord censé venir à bout du conflit gazier. Le texte, dénommé “Accord sur le développement des relations dans le domaine du gaz”, a été signé par les deux groupes. L'accord, tel que présenté par Gazprom, aborde tous les points de contentieux qui avaient conduit à la réduction de moitié des livraisons de gaz russe à l'Ukraine. Russes et Ukrainiens ont ainsi fixé le prix des livraisons de gaz pour 2008. L'accord prévoit que l'Ukraine recevra entre mars et décembre 2008 au moins 49,8 milliards de mètres cubes de gaz d'Asie centrale pour un prix de 179,5 dollars les 1 000 mètres cubes. Ce gaz sera directement acquis par Naftogaz à la frontière ukrainienne. A l'inverse, le gaz d'Asie centrale reçu en janvier et février, soit un volume de 5,2 milliards de mètres cube, sera réglé selon les contrats qui incluent les intermédiaires RosUkrEnergo et UkrGazEnergo, précise le texte. L'Ukraine a également accepté de payer le gaz russe qu'elle a reçu en janvier-février à un prix de 315 dollars les 1.000 mètres cubes via RosUkrEnergo, indique Gazprom. Ce que l'accord ne fixe pas en revanche, c'est ce qui va se passer une fois l'année 2008 achevée. L'accord prévoit que “les négociations sur l'approvisionnement de l'Ukraine en 2009 et au-delà seront poursuivies en prenant en compte l'évolution des prix d'achat du gaz d'Asie centrale”, indique Gazprom, laissant entendre que ce prix pourrait augmenter. L'accord ne fixe donc pas les conditions de prix du gaz russe après 2008, ce qui pourrait être une nouvelle source de conflit. “Il est vraiment difficile de croire que c'est la fin des hostilités étant donné qu'il y a quelques jours, Gazprom est tombé d'accord avec le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan pour leur acheter du gaz sur la base des prix européens”, c'est-à-dire en nette augmentation par rapport à leur niveau actuel, à partir de 2009, note Pavel Kouchnir, analyste de la Deutsche Bank à Moscou. L'Ukraine est en première ligne dans ce dossier, car l'essentiel du gaz qu'elle importe provient de ces pays en transitant par les gazoducs de Gazprom. L'Union européenne (UE) a salué la signature par la Russie et l'Ukraine de ce nouvel accord sur le gaz et espère sa mise en application, a déclaré jeudi à Bruxelles le haut représentant de l'UE pour la Politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana. “Il est primordial pour nous que cet accord ne soit pas seulement signé, mais mis en application”, a notamment indiqué M. Solana à l'issue d'un entretien avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko dans la capitale belge. “La garantie de livraisons d'hydrocarbures en Europe est très importante pour nous”, a-t-il ajouté. Le conflit entre le géant russe et la compagnie ukrainienne s'était, pour rappel, envenimé la semaine dernière, au point que Gazprom avait réduit de moitié son approvisionnement en gaz à l'Ukraine. De son côté, Naftogaz avait menacé de perturber les livraisons de gaz russe à l'Europe. Gazprom réclamait notamment à Kiev des arriérés de dette de 600 millions de dollars, les deux parties ayant échoué à concrétiser l'accord de principe conclu le 12 février qui prévoyait une simplification de leur schéma de livraison.