La zone euro s'est enfoncée dans la récession au quatrième trimestre 2012, avec un Produit intérieur brut se repliant de 0,6%, a indiqué, avant hier, l'office européen des statistiques, Eurostat. C'est pire qu'attendu: la plupart des analystes tablaient sur un PIB se repliant de 0,4%, même si ce chiffre semblait trop optimiste au regard des chiffres de croissance allemand (-0,6%) et français (-0,3%) au 4e trimestre, publiés dans la matinée. En comparaison avec le quatrième trimestre de l'année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une baisse de 0,9% dans la zone euro, contre un repli de 0,6% au trimestre précédent. Aucun détail n'a été donné sur les composants du PIB, mais "sachant que la demande intérieure risque de rester faible dans la zone euro, toute reprise dépendra du commerce extérieur", souligne Peter Vanden Houte, de la banque ING. "D'où l'importance de ne pas avoir une devise trop forte", précise-t-il, alors qu'un débat sur l'"euro fort" parcourt la zone euro depuis plusieurs jours, à la demande de la France qui craint que le niveau de la monnaie commune ne pèse sur ses exportations et ne pénalise ses efforts en termes de compétitivité. La zone euro était entrée en récession au troisième trimestre pour la deuxième fois en trois ans, en enregistrant un PIB en recul de 0,1%, après s'être déjà replié de 0,2% au trimestre précédent. Une période de récession est constatée lorsque le PIB se contracte pendant deux trimestres consécutifs. Preuve que la zone euro est à la traîne, les Etats-Unis ont enregistré un PIB stable au quatrième trimestre (après une hausse de 0,8% au troisième trimestre). Le PIB allemand s'est contracté de 0,6% Le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a reculé de 0,6% au quatrième trimestre 2012 par rapport au troisième, en raison d'une baisse des exportations, a indiqué l'Office fédéral des statistiques Destatis. Ajusté des variations saisonnières, calendaires et de prix, le PIB s'est contracté plus que prévu dans un premier temps, puisque mi-janvier Destatis avait estimé son recul au dernier trimestre à seulement 0,5%. La croissance annuelle de la première économie européenne a par ailleurs été confirmée à 0,7% pour 2012, marquant un net ralentissement par rapport aux croissances de 3% et de 4,2% réalisées en 2011 et 2010. Ajustée des variations calendaires, elle s'établit à +0,9%. "L'économie allemande a connu un fléchissement en fin d'année", souligne Destatis, dans un communiqué. En effet, sur fond de récession dans la zone euro, la croissance allemande avait progressivement ralentie tout au long de l'année dernière, passant de 0,5% au premier trimestre, à 0,3% au deuxième, puis à 0,2% au troisième avant donc de devenir négative au dernier trimestre. "La principale raison du recul de l'économie à la fin de l'année 2012 est le faible commerce extérieur allemand en comparaison avec le trimestre précédent: au dernier trimestre les exportations ont davantage baissé que les importations", explique Destatis. L'Office note toutefois qu'en comparaison avec le dernier trimestre de l'année 2011, le PIB allemand ne se contracte pas. Il a même grignoté 0,1%. Pour l'année 2013, le gouvernement allemand table sur un nouveau ralentissement de la croissance, avec une progression du PIB attendue à 0,4%, avant un rebond de 1,6% en 2014. Le PIB français en baisse de 0,3% au 4e trimestre, croissance nulle en 2012 Le produit intérieur brut français s'est replié de 0,3% au quatrième trimestre 2012, et la croissance a été nulle sur l'ensemble de l'année dernière, a annoncé l'Institut national des statistiques et des études économiques. L'Insee, qui avait tablé sur une chute du PIB de 0,2% au quatrième trimestre, a également révisé ses estimations pour les trimestres précédents, avec de légers infléchissements au premier et deuxième trimestres, et une augmentation de 0,1% seulement au troisième. Sur l'ensemble de l'année, la croissance est de zéro, soit un net recul par rapport à 2011 où la croissance annuelle avait été de 1,7%. Cette stagnation va compliquer la tâche du gouvernement qui tablait sur 0,3% de croissance annuelle en 2012 pour ramener le déficit public à 4,5% du PIB. Une mauvaise nouvelle alors que l'objectif d'arriver à 3% en 2013, conformément aux engagements européens de la France, est désormais considérée comme hors de portée par la plupart des économistes. Malgré une arrivée dans 2013 sans élan, prévisionnistes et institutions économiques prévoient néanmoins un rebond léger début 2013, et un peu plus conséquent au second semestre, éloignant la perspective d'une récession (deux trimestres consécutifs de baisse du PIB). Chute du PIB grec de 6% sur un an au T4 Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 6% au quatrième trimestre 2012 par rapport au même trimestre un an avant, a indiqué l'Autorité des statistiques grecques. Selon les médias, le PIB sur l'année reculerait ainsi de 6,4%, ce qui cadre avec les prévisions du gouvernement (6,5%). Plongée dans la récession depuis 2008, la Grèce en prévoit la poursuite en 2013 avec un recul prévu du PIB de 4,5%. Par rapport aux trois trimestres précédents de 2012, la chute de l'activité s'est ralentie. Au 3T, le PIB avait reculé de 6,7% (bien 6,7% selon les dernières données révisées), au 2T, de 6,4% et au 1er T de 6,7%. Soumise à une austérité stricte depuis l'explosion de la crise de la dette en 2010 par ses créanciers UE et FMI en échange des prêts internationaux, la Grèce ne prévoit une reprise qu'en 2014. Dans l'intervalle, le chômage a explosé, frappant en novembre 27% de la population active. Le PIB portugais a chuté de 3,2% en 2012 La récession a continué de s'accentuer au Portugal au dernier trimestre 2012 et l'activité économique a chuté de 3,2% sur l'ensemble de l'année dernière, selon une estimation provisoire publiée, qui dépasse les prévisions officielles. Dans le cadre d'un plan d'aide financière accordé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international en échange d'une cure de rigueur budgétaire, le gouvernement portugais et ses créanciers tablaient sur un recul du Produit intérieur brut (PIB) de 3% en 2012, après une récession de 1,6% en 2011. Alors que le taux de chômage a atteint au dernier trimestre 2012 un nouveau record à 16,9%, l'économie portugaise devrait continuer de se replier cette année. Pour 2013, le gouvernement de centre droit et ses bailleurs de fonds prévoient une contraction de 1% du PIB tandis que la Banque du Portugal, plus pessimiste, table sur un recul de 1,9%. D'après une première estimation publiée par l'Institut national des statistiques (Ine), le PIB du Portugal a chuté de 1,8% au dernier trimestre 2012, suite à une contraction de 0,9% au troisième trimestre. En glissement annuel, l'activité économique a reculé de 3,8% au quatrième trimestre, après une baisse de 3,5% au trimestre précédent. Cette évolution s'explique par une diminution moins accentuée des importations de biens et services et une réduction des exportations, a indiqué l'Ine dans un communiqué. En revanche, la chute de la demande intérieure a pesé moins lourdement en raison d'un recul moins significatif de l'investissement, a précisé l'office statistique. L'Ine avait annoncé mardi que les exportations portugaises ont progressé de 5,8% sur l'ensemble de l'année dernière, mais de 1% seulement au dernier trimestre, tandis que les importations ont reculé de 5,4% en 2012. Soumis à un exigeant programme de rigueur et de réformes depuis mai 2011, le Portugal compte essentiellement sur les exportations pour relancer son économie, qui devrait renouer avec la croissance en 2014, avec un PIB en hausse de 0,8% selon les prévisions du gouvernement et de la troïka UE-BCE-FMI. Notre objectif est d'observer au cours de cette année une inversion de la tendance économique qui permettra d'augmenter l'emploi, a déclaré le Premier ministre Pedro Passos Coelho, réagissant mercredi à la publication des plus récents chiffres du chômage. L'ensemble de la zone euro aussi s'est enfoncée dans la récession au quatrième trimestre 2012, avec un PIB en repli de 0,6%, a indiqué l'office européen des statistiques, Eurostat. La croissance plus mauvaise qu'attendu en 2013 dans la zone euro La croissance en zone euro sera plus mauvaise qu'attendue en 2013 et 2014, selon les prévisionnistes interrogés régulièrement par la Banque centrale européenne (BCE), dont les anticipations sont publiées dans son rapport mensuel diffusé avant-hier. Selon les participants à l'enquête, cette croissance sera nulle, contre +0,3% attendu par eux en novembre. Pour 2014, ils attendent une hausse du PIB de 1,1% contre +1,3% attendu jusqu'ici. Le principal facteur invoqué par ces économistes pour expliquer la révision à la baisse pour 2013 est l'évolution plus faible qu'anticipé de l'activité économique au quatrième trimestre 2012, écrit la BCE. En outre, "la consommation tant privée que publique devrait apporter des contributions plus faibles à la croissance pour l'année en cours et l'année suivante, en raison de l'incertitude persistante dans la zone euro et de la poursuite de l'assainissement budgétaire". La demande extérieure continue elle "de contribuer positivement à la croissance". Globalement, les participants à l'enquête prévoient "un retour à une expansion soutenue du PIB en volume mi-2013", ajoute la BCE, qui souligne que ces prévisions se situent "à l'intérieur des fourchettes" qu'elle a elle-même publiées en décembre. Selon la moyenne calculée à partir de ces fourchettes, l'institution monétaire de Francfort prévoit une contraction du PIB de la zone euro de 0,3% en 2013 et une hausse de 1,2% en 2014. En ce qui concerne l'inflation, ces experts attendent une hausse de 1,8% en 2013 et 2014, contre 1,9% auparavant, reflétant "l'affaiblissement de l'activité économique et la détérioration de la situation sur le marché du travail ainsi que des évolutions plus favorables des prix des matières premières". La BCE doit réviser en mars ses propres prévisions de croissance et d'inflation. La production industrielle en hausse de 0,7% en décembre La production industrielle a augmenté de 0,7% en décembre dans la zone euro, après une baisse de 0,7% en novembre, selon les données publiées mercredi par l'office européen de statistiques Eurostat. Le chiffre de novembre a été révisé et s'avère plus mauvais qu'estimé par Eurostat qui avait initialement annoncé un repli de 0,3%. Le rebond observé en décembre s'explique par la forte hausse de la production de biens de consommation durables et non durables (+2,0% dans les deux cas) et des biens d'investissement (+1,3%). En revanche, les biens intermédiaires ont vu leur production décliner de 0,2%, tout comme l'énergie (1,2%). Parmi les Etats membres pour lesquels les données sont disponibles, les plus fortes hausses ont été enregistrées en Irlande (+8,5%) et dans une moindre mesure, en Slovénie (+2,7%). La plus forte baisse a en revanche été constatée en Slovaquie (-4,4%). Dans l'ensemble de l'Union européenne, la production industrielle a augmenté de 0,5% en décembre, après une diminution de 0,6% en novembre. Sur un an, la production industrielle a baissé de 2,4% dans la zone euro et de 2,3% dans l'ensemble de l'UE.