La rentrée politique et sociale se distingue cette année par sa coïncidence, pour la première fois de l'histoire du pays, avec trois événements marquants à savoir, la rentrée des classes, le mois du Ramadhan et la veille des échéances électorales du mois de novembre. Cette activité tout à fait particulière survient à une période par une augmentation tous azimuts des prix sur le marché. Le mois de septembre s'annonce d'ores et déjà dynamique pour le gouvernement, décidé d'aller au devant des choses pour stabiliser les prix et notamment veiller au contrôle et à la régulation du marché qui s'apprête à s'ouvrir sur un mois de forte consommation débutant avec l'entame du mois de carême. Le comité ad hoc, mis en place lors du récent conseil interministériel dont la mission serait de proposer des solutions qui permettront au gouvernement d'anticiper sur les difficultés inhérentes à la stabilité des prix, devra, dans les prochains jours, se pencher sur tout ce qui perturbe le volet social lié au pouvoir d'achat des citoyens, et sur tous les problèmes qui se dressent en goulot d'étranglement pour la rentrée politique et sociale. Les conclusions de ce comité ad hoc sont surtout attendues sur le terrain pour la préservation du pouvoir d'achat des ménages. Et c'est à ce niveau que le gouvernement doit intervenir sans délai pour résoudre les problèmes tant il est vrai que le marché interne pris en otage par les spéculateurs. Un comportement qui, depuis quelques mois, est favorisé, faut-il le dire, par le silence des pouvoirs publics qui, quelque part, ont banalisé l'accaparement du marché par une masse de spéculateurs agissant au su et au vu de tout le monde. En l'absence de règles contraignantes et d'une intervention de la puissance publique, le marché s'est transformé en destructeur du lien social. Un certain nombre d'analystes soulignent que la marchandisation de tous les aspects de la vie sociale a des effets dévastateurs sur la cohésion sociale. Cette approche laisse entièrement posée la question de la régulation économique d'ensemble d'une économie de marché généralisée. L'initiative prise par le chef du gouvernement d'instituer un comité ad hoc pour suivre l'évolution du marché, semble interpréter l'engagement de l'Etat à prendre à bras le corps sa tâche de répondre aux préoccupations des citoyens en matière sociale. Cette prise en main de l'initiative publique, pour dissiper ce climat d'incertitude, du reste amplifié par une certaine classe politique à la recherche du sensationnel, est révélateur de l'inquiétude qui se fait ressentir autour du fonctionnement d'un marché à la concurrence imparfaite d'autant plus que la théorie d'un marché concurrentiel dans une économie ouverte est basée sur les lois de l'offre et de la demande. Elles ne peuvent véritablement fonctionner que sur un marché parfaitement concurrentiel. Un tel marché se caractérise par le fait qu'aucun agent particulier ne peut, à lui seul, influencer la fixation des prix. Néanmoins, le modèle du marché concurrentiel n'est raisonnable que si un certain nombre de conditions très strictes sont remplies. C'est sur ces problèmes fondamentaux que paraît se focaliser la mission du comité ad hoc pour présenter des solutions allant dans le sens d'éliminer automatiquement tous les déséquilibres qui ont été la cause de cette inflation des prix, y compris des produits subventionnés par le soutien de l'Etat. Dès lors, il appartient à l'Etat, sans remettre en cause l'importance de la régulation du marché, de mettre l'accent sur une politique économique active, et de faire en sorte qu'elle se maintienne au voisinage du plein emploi et par conséquent du pouvoir d'achat des ménages. Une démarche en terme de marché, qui, selon nombre d'économistes, fait la part belle à la régulation consciente par l'Etat. L'existence d'effets externes (conséquences de l'action économique non prise en compte par le marché, d'activités à rendement croissant (tendance au monopole naturel), de situation de concurrence imparfaite (oligopoles, ententes, concurrence monopolistique), constituent autant de justifications de l'intervention économique du gouvernement. A quelques jours de la rentrée sociale, l'état présent du marché conduit à des situations injustes et inéquitables et il n'assure pas nécessairement l'utilisation optimale d'une mercuriale répondant aux ressources productives. Et compte tenu de ces "échecs du marché", devenu tout à fait un marché "noir", l'Etat est appelé à intervenir dans le pilotage des économies par la régulation du marché dans le cadre d'assurer la flexibilité des prix, et par les interventions des structures de l'Etat au niveau local.