Au moment où le secteur du BTPH connaît une évolution record, de l'aveu même d'Abdelaziz Belkhadem, avec un taux de 38% de valeur ajoutée, une situation qui devrait en principe être mise à profit pour relancer l'ensemble de l'industrie algérienne puisque le bâtiment et les travaux publics sont connus pour drainer la redynamisation de plusieurs activités dérivées (le bois, le textile, la céramique, etc.), plusieurs milliers d'entreprises privées du bâtiment sont menacées de disparaître. En effet, le secteur de la construction connaît en ce moment une crise sans précédente. Ce sont 24.000 entreprises du BTPH qui risquent de mettre la clef sous le paillasson à court terme. Celles-ci demandent la révision du code des marchés publics pour leur permettre de rester en vie. Selon les entrepreneurs, le code des marchés publics ne prend pas en considération les réformes ni l'intérêt de l'entrepreneur du secteur du bâtiment. A cela s'ajoute, la problématique des cautions et la pénurie des matériaux de construction. Mais, le plus important des problèmes que rencontre le secteur de la construction demeure financier. La plupart des banques refusent d'accorder des crédits d'investissement et ce, même en présentant toutes les conditions requises pour accéder aux garanties bancaires. Les entrepreneurs ne comprennent pas les raisons de ce comportement. En plus, entre l'engagement des travaux et le paiement d'une situation, il y a 6 mois de délai. Ce qui transforme l'entreprise de construction en entreprise de financement. Il y a aussi les taux d'intérêt des banques qui, selon les entrepreneurs, demeurent exagérés et ne peuvent, par conséquent, inciter au travail. Le président de la Confédération algérienne des industriels algériens (Cipa) a, à chaque fois, appelé au dialogue entre les banques et les entreprises de construction, dans toutes leurs réunions (au nombre de 19) qui ont lieu à la chefferie du gouvernement. Seules deux banques ont répondu à l'appel, la BADR et la BEA. Le reste des banques continue, selon le président de la Cipa "de se comporter avec un état d'esprit dépassé". Par ailleurs, quelques acteurs du secteur estiment que pour développer le secteur du BTPH, il ne suffit pas seulement de mobiliser les moyens financiers, mais il faudra trouver la ressource humaine qualifiée pour pouvoir exécuter les projets programmés, ce qui fait grandement défaut à l'heure actuelle. Le déficit d'entreprises de réalisation s'explique aussi par la pénurie en ouvriers qualifiés en maçonnerie, ferronnerie, électricité, plomberie, peinture… Des mesures ont été initiées pour encourager la formation dans les métiers du bâtiment, mais aussi accompagner "des stages dans les entreprises en octroyant aux stagiaires des bourses mensuelles de 5 000 DA". Cette démarche a permis, selon le ministère de la Formation professionnelle, à près de 20 000 stagiaires en 2005 et un peu plus en 2006, de bénéficier de cette opération. Officiellement, depuis 1999, plus de deux millions de postes d'emploi ont été créés. Ces postes d'emploi ont coûté au gouvernement une enveloppe budgétaire de 92 milliards de dinars.