Le cours du pétrole a de nouveau fortement reculé, avant-hier à New York, plombé par des indicateurs moroses sur les économies européennes et américaine et par un gonflement plus fort que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a cédé 2,38 dollars par rapport à la clôture de mercredi, pour s'établir à 92,84 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, a clôturé à 113,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 2,07 dollars par rapport à la clôture de la veille. Les cours du pétrole, qui avaient déjà perdu autour de 2 dollars la veille, continuaient d'être plombés par la publication mercredi des minutes de la banque centrale américaine qui faisaient craindre aux investisseurs un arrêt prématuré des mesures de soutien à la première économie mondiale, selon Andy Lebow, de Jefferies Bache. Ils ont accentué leur repli avant-hier après l'annonce d'une accélération de la contraction de l'activité privée dans la zone euro en février, a noté l'analyste indépendant Andy Lipow. Cela indique que la région n'est pas sortie d'affaire, a-t-il souligné. La diffusion de plusieurs indicateurs américains n'a ensuite pas rassuré les investisseurs sur les perspectives de demande de brut. Les nouvelles inscriptions au chômage ont notamment rebondi plus que prévu par les analystes aux Etats-Unis du 10 au 16 février après deux semaines de baisse. Cela implique que la vigueur de la reprise économique du pays n'est peut-être pas aussi robuste qu'on ne le pensait, ce qui pourrait se traduire en dernier lieu par une faiblesse de la demande, a relevé Bart Melek, de TD Securities. Les prix à la consommation aux Etats-Unis sont par ailleurs restés stables en janvier par rapport au mois précédent, ce qui n'apporte aucune raison de se réjouir, a ajouté l'analyste. L'annonce en cours de séance d'une nouvelle hausse des réserves de brut aux Etats-Unis, à leur plus haut niveau depuis décembre, a aussi tiré les prix du baril vers le bas. Selon le Département américain de l'Energie (DoE), les stocks américains de brut ont bondi de 4,1 millions de barils des réserves américaines de brut, alors que les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient sur une hausse de seulement 1,7 million de barils. Ces réserves avaient déjà progressé de près de 12 millions de barils au cours des quatre semaines précédentes, renforçant les craintes sur la vigueur de la demande énergétique dans le pays. A l'inverse, les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), qui font l'objet d'une consommation accrue en hiver, ont diminué de 2,3 millions de barils, plus qu'attendu, et les réserves d'essence ont reculé de 2,9 millions de barils, quatre fois plus que prévu. L'annonce que le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) fera une offre substantielle à l'Iran au cours des négociations la semaine prochaine sur le programme nucléaire de Téhéran, a aussi participé au recul du pétrole, selon M. Lipow. Si un accord se concrétisait avec les Iraniens, cela pourrait aboutir à un retour du pétrole iranien sur le marché, a noté l'analyste. La prudence des opérateurs était aussi nourrie, selon M. Lebow, par des rumeurs selon lesquelles l'Arabie saoudite, premier pays exportateur de brut, s'apprête à augmenter son offre dans les prochains mois pour répondre à une demande accrue en Asie.