Après les produits alimentaires, la fièvre des augmentations atteint les matériaux de construction. Ciment, sable et rond à béton ont enregistré, durant ce mois d'août, des pics de prix. Alors que le gouvernement a lancé les chantiers de construction d'un million de logements, de 1 200 km d'autoroutes en plus de la réalisation (ou la réhabilitation) de plus de 500 barrages, l'exploitation des matières premières ne répond à aucune logique. Les prix des matériaux de construction ont doublé, voire triplé et les professionnels du bâtiment inquiètent énormément quant à leur capacité de respecter les délais et les cahiers de charges. Le ciment, intrant de base, affiche des tarifs exorbitants. Cédé en moyenne à 280 DA, le sac de 50 kg sorti des usines de la Société du ciment de la Mitidja (SCMI), filiale de l'ERCC, ne s'échange pas en dessous de 350 DA. Par endroits, il est affiché à 370 DA, comme cela est le cas du côté est d'Alger. La production d'Algerian Cement Company (ACC), quant à elle, se négocie à des niveaux encore plus élevés. Le sac de 50 kg se renchérit entre M'sila (lieu de production) et Alger pour atterrir dans les bétonneuses à 480 DA. Si pour les autorités l'heure n'est pas à l'alarmisme, les revendeurs, eux, craignent pour leurs affaires, d'autant plus que la contraction de la demande commence à se manifester. Généralement, traitant avec les auto-constructeurs et de petits entrepreneurs, les revendeurs eux même n'arrivent pas à expliquer les dernières hausses. Par rapport à l'année précédente et à celle d'avant, les prix du rond à béton ont doublé. Les responsables des cimenteries n'ont pas jugé utile de donner quelques explications aux bouleversements actuels. Une crise qui couve ? On le saura au moment voulu. En revanche, le président de la société de gestion des participations des industries du ciment (SGP Gica), M. Thamri, a souligné dans une déclaration à la presse que "la période actuelle de l'année se caractérise par des pics de consommation". Il ne manquera pas de rappeler que durant le reste de l'année, les cimenteries connaissent des périodes de "mévente". A en croire ce responsable, la crise du ciment n'est pas durable. Difficile d'en convaincre les professionnels. Le premier responsable de la SGP Gica fait remarquer que le marché traverse une conjoncture particulière marquée par une forte demande par rapport à l'offre existante. Par ailleurs, le ciment blanc manifeste la même tendance haussière. En trois mois, ce produit consommé à hauteur de 250 000 t/an a quasiment sextuplé. De 675 DA, le sac conditionné de 50 kg a frôlé les 3 500 DA avant de redescendre à 3 000 DA. Entièrement dépendant du marché extérieur, en attendant l'entrée en production de l'unité de Mascara d'Orascom, le ciment blanc s'établit depuis quelques jours à 1 500 DA. Pour ce qui est du sable, l'inquiétude des professionnels est encore plus grande. Le secteur du bâtiment et des travaux publics risque de se retrouver en panne de sable. Dès septembre, l'extraction de sable des plages et des oueds sera interdite. L'instruction interministérielle engageant les départements de l'habitat, de l'hydraulique et des travaux publics sera effective dès le 4 septembre prochain. Pour les experts, le sable concassé est le matériau de substitution parfaitement adapté aux critères. Cependant, l'indisponibilité de données sur les investissements fait craindre une autre crise.