Les cours du pétrole creusaient leurs pertes avant-hier en fin d'échanges européens, pénalisés par un renforcement du dollar après la publication de chiffres de l'emploi aux Etats-Unis supérieurs aux attentes. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 109,98 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,17 dollar par rapport à la clôture de la veille. Le prix du baril de Brent est tombé la veille en cours d'échanges européens à 109,14 dollars, son plus bas niveau depuis fin décembre. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 38 cents à 91,18 dollars. La pression sur les cours du brut a été accrue avant hier par un renforcement du dollar, notait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Le billet vert s'est nettement apprécié vendredi, grimpant même à son niveau le plus élevé depuis près de trois mois face à l'euro et depuis août 2009 face au yen, soutenu par un regain d'optimisme des investisseurs sur la vigueur de la reprise économique américaine alimenté par des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis bien meilleurs qu'attendu. En effet, les embauches se sont nettement accélérées aux Etats-Unis en février en dépit de la rigueur budgétaire à laquelle s'astreint le pays, dont le taux de chômage officiel est tombé avant-hier à son niveau le plus bas depuis décembre 2008. La hausse du billet vert rend plus onéreux les achats de matières premières libellées en dollar, comme l'or noir, pour les investisseurs munis d'autres devises. Avant la publication de ce rapport très important pour jauger la santé de la première économie mondiale, les cours du brut avaient déjà subi la pression de l'annonce d'une chute des importations chinoises de brut en février, notaient des analystes. La Chine a enregistré en février un excédent commercial inattendu de 15,3 milliards de dollars, en raison d'une baisse de 15,2% sur un an de ses importations. Les importations pétrolières du pays (deuxième consommateur mondial de brut) ont quant à elles reculé de 9% sur un an en février. Cependant, les importations du mois passé ont été affectées par les congés du nouvel an lunaire (célébré le 10 février) et "les raffineurs chinois ont sans doute fait une pause après des mois de fortes importations de brut", tempéraient les experts de Barclays. Par ailleurs, le Brent échangé à Londres reculait bien plus que le WTI, toujours sous la pression de la réouverture la veille d'un système d'oléoducs dans la mer du Nord, fermé durant cinq jours après la découverte samedi d'une fuite d'hydrocarbures sur une plateforme pétrolière. Ce système assure le transit d'environ 90.000 barils de pétrole/jour au sein de ce système d'oléoducs en mer du Nord, soit environ 8% de la production britannique dans la région, et sa fermeture, en perturbant l'offre pétrolière dans la région, avait apporté un soutien aux cours du Brent en début de semaine. En Asie, les cours du pétrole étaient en net repli dans les échanges matinaux, après une hausse marquée la veille à New York et dans l'attente des chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril abandonnait 25 cents, à 91,31 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance perdait 40 cents, à 110,75 dollars. Les investisseurs "attendent des indicateurs économiques aux Etats-Unis" où une série de données positives pour le premier consommateur mondial de brut a dopé Wall Street, a relevé Tony Nunan, gestionnaire de risque chez Mitsubishi Corp à Tokyo. "Les prix du brut devraient chuter si les données sont décevantes", a-t-il prévenu alors que les cours de l'or noir ont terminé en forte hausse jeudi, semblant finalement coller à l'euphorie boursière à New York.