L'équipementier en télécoms suédois Ericsson et le fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics ont annoncé la fin de leur coentreprise ST-Ericsson, qui n'aura fait qu'accumuler les pertes en quatre ans d'existence. ST-Ericsson, dont le siège est à Genève, était une coentreprise à 50/50 créée en février 2009 pour regrouper les activités de semi-conducteurs et de plateformes pour la téléphonie mobile des deux groupes. Née lors d'une période de crise et marquée tout au long de son histoire par les plans sociaux, la société vend aujourd'hui des plateformes pour téléphones portables et tablettes, des microprocesseurs et des modems va disparaître. Ericsson et STMicro ont indiqué qu'elle serait scindée en deux d'ici au troisième trimestre, pour solder le divorce entre les deux partenaires. Ericsson va prendre en charge la technologie de transmission LTE et quelque 1.800 salariés (principalement en Suède, Allemagne, Inde et Chine), et STMicrolectronics le reste, avec des effectifs d'environ 950 personnes (principalement en France et en Italie). "A un moment il faut savoir dire stop. Le manque de dynamique de ST-Ericsson sur le marché du fait de sa forte dépendance à Nokia a vraiment réduit les chances de la coentreprise", a expliqué un analyste de Swedbank, Haakan Wranne. ST-Ericsson a annoncé qu'il allait rapetisser. La restructuration devrait laisser 1 600 personnes sur le carreau, "dont 500 à 700 en Europe, soit 400 à 600 postes en Suède et entre 50 à 80 postes en Allemagne". Les deux maisons mères avaient initialement cherché à vendre une entreprise qui pesait lourdement sur leurs comptes. ST-Ericsson a en effet perdu 2,72 milliards de dollars de 2009 à 2012, sans un seul trimestre de bénéfices. STMicro avait dégainé le premier, en annonçant de manière unilatérale en décembre qu'il avait "pris la décision de sortir de ST-Ericsson après une période de transition", et qu'il explorait toutes les pistes pour ce faire. Ericsson avait répliqué qu'il envisageait toutes les possibilités sauf une, celle de racheter les 50% de son partenaire. Selon le Wall Street Journal, il avait engagé la banque d'affaires JPMorgan pour trouver un acquéreur. Aucun candidat à l'achat ne s'est manifesté publiquement, et la quête n'aura pas duré longtemps. Selon M. Wranne, "ST-Ericsson s'est retrouvé avec une structure de coentreprise avec trop de salariés sur de trop nombreux sites dans le monde, à essayer de rattraper la concurrence. Cette structure elle-même a empêché les propriétaires de faire une bonne transaction quand ils ont essayé de vendre".L'opération coûtera à Ericsson quelque 500 millions de couronnes (60 millions d'euros) qui seront imputées au quatrième trimestre 2013. Au quatrième trimestre 2012, l'équipementier télécoms suédois avait passé dans ses comptes une charge de 8 milliards de couronnes pour la restructuration à venir de ST-Ericsson.STMicroelectronics a annoncé "des coûts en numéraire, incluant ceux devant couvrir la poursuite des opérations de ST-Ericsson lors de la période de transition et ceux de restructuration, dans une fourchette d'environ 350 à 450 millions de dollars, soit moins que la fourchette donnée en janvier" (300 à 500 millions de dollars). La coentreprise, qui avait annoncé le 11 mars le départ de son directeur général Didier Lamouche, a nommé à sa place son adjoint, Carlo Ferro.