Les principales Bourses d'Europe ont ouvert en légère hausse hier matin, mais la fébrilité était de mise, les investisseurs redoutant de voir appliquer à d'autres Etats en difficulté de la zone euro les mesures drastiques imposées à Chypre. Paris gagnait 0,32%, tandis que Francfort prenait 0,30% et Londres 0,20%. De leur côté Milan et Madrid avançaient respectivement de 0,56% et 0,40%. L'indice CAC 40 prenait 18,42 points pour s'inscrire à 3 7476,56 points. Sur le front des valeurs, les banques restaient sous pression témoignant de l'inquiétude des investisseurs sur la zone euro. Après avoir baissé de 3 à 6% Les équipementiers automobiles étaient bien orientés, à l'image de Michelin (+1,98% à 66,02 euros) et Valeo (+1,78% à 42,82 euros). Pharmagest prenait 2,84% à 71,27 euros. Le groupe a dégagé en 2012 des résultats en hausse de 15%, aidés par le produit du placement de son ample trésorerie. Air France continue à céder du terrain (-1,88% à 7,40 euros). L'indice FTSE-100 des principales valeurs grignotait 0,16 point, soit une progression de 0,00% par rapport à la clôture de la veille, à 6 378,54 points. Schroders prenait 4,16% à 2 177 pence, continuant à bénéficier de l'annonce du rachat de Cazenove Capital. Le secteur financier était dans l'ensemble bien orienté, à l'image de Aberdeen Asset Management (+2,70% à 422,9 pence) ou des banques Barclays (+0,77% à 284,2 pence) et HSBC (+0,71% à 699,9 pence). Kingfisher prenait 1,66% à 288 pence. Le groupe de magasins de bricolage a annoncé hier un bénéfice annuel en baisse de 12% à 564 millions de livres sur l'exercice 2012/13, avec des conditions difficiles dans ses pays d'implantation, dont la France, mais s'est dit confiant sur ses perspectives. Du côté des perdants, Wolseley reculait de 1,43% à 3 165 pence, après la publication de ses résultats semestriels, suivi par Compass (-1,32% à 824 pence), qui a rendu public un rapport d'activité. L'indice des 30 valeurs vedettes Dax prenait 0,32%, à 7 895,78 points, tandis que le MDax progressait de 0,29% à 13 378,6 points. Du côté des valeurs, les bancaires évoluaient de manière contrastée. Deutsche Bank prenait 0,65% à 31,57 euros tandis que Commerzbank s'arrogeait la plus forte baisse du Dax avec -0,77% à 1,15 euro. Lufthansa prenait 0,10% à 15,76 euros. Selon l'agence allemande dpa, sa directrice financière a indiqué à New York se préparer à de nouvelles grèves du personnel dans le cadre de négociations salariales houleuses. Bayer prenait 0,48% à 79,48 euros, après l'approbation au Japon de son traitement du cancer colorectal Stivarga, déjà autorisé aux Etats-Unis. Parmi les valeurs moyennes, alors que son concurrent non coté Bertelsmann va publier dans la matinée ses résultats annuels, le groupe de médias Axel Springer gagnait 0,79% à 34,55 euros. En outre, en raison d'abaissements de recommandations d'analystes, le groupe allemand de défense et d'équipement automobile Rheinmetall perdait 3,28% à 36,57 euros et le sidérurgiste Salzgitter 2,47% à 31,56 euros. Le Swiss Market Index (SMI) lâchait 0,17% à 7 745,00 points, le Swiss Leader Index (SLI) 0,14% à 1 163,06 points et le Swiss Performance Index (SPI) 0,16% à 7 176,41 points. Parmi les 30 valeurs du SLI, 10 étaient orientées à la hausse, 3 étaient inchangées et 17 reculaient. Les bancaires cédaient du terrain, Credit Suisse perdant 0,1% et UBS 1,0%. Credit Suisse a annoncé le départ de son chef des placements Stefan Keitel début décembre. Il part chez Berenberg. UBS réclame un arbitrage dans la querelle qui l'oppose à la Bourse technologique américaine Nasdaq dans le cadre des pertes essuyées lors de l'entrée en bourse de Facebook. Newron bondissait de 6,2% après un relèvement d'objectif de cours. L'analyste a renvoyé aux "bonnes" données d'études du candidat produit Safinamide. Il a relevé ses chances de succès du produit à 80%. Parmi les valeurs secondaires, Bellevue (-5,6%) et Carlo Gavazzi (-2,2%) perdaient le plus de terrain. Tokyo: Nikkei en baisse de 0,60%, inquiétude pour la zone euro La Bourse de Tokyo a terminé hier en baisse de 0,60% en raison de la remontée du yen, entraînée par les inquiétudes pour Chypre et la zone euro. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 74,84 points à 12 471,62 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau s'est effrité de son côté de 0,27%, lâchant 2,87 points à 1 044,42 points. L'activité a été beaucoup moins forte que la moyenne de ces derniers mois, avec 2,99 milliards d'actions échangées sur le premier marché. La Bourse avait pourtant bien réagi la veille à l'annonce d'un accord de sauvetage financier de Chypre par la troïka de ses bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne), allant jusqu'à 10 milliards de dollars. Au final, les opérateurs tokyoïtes ont été des plus prudents et nombre d'entre eux ont pris des bénéfices, après des mois de progression régulière des indices. Les transporteurs aériens ont figuré parmi les premières victimes de ce mouvement: All Nippon Airways (ANA) a décroché de 1,93% à 203 yens et Japan Airlines (JAL) de 2,35% à 4 555 yens. Les constructeurs d'automobiles ont aussi freiné: Nissan de 1,90% à 927 yens, Honda de 0,95% à 3 640 yens, Toyota limitant sa perte à 0,20%, terminant à 4 910 yens. Le fabricant de pneumatiques Bridgestone, principal concurrent du français Michelin, s'est dégonflé pour sa part de 2,22% à 3 080 yens. Autre cible favorite des opérateurs lorsque le yen remonte, le secteur de l'électronique grand public: Sony a chuté de 2,69% à 1 666 yens, Sharp de 1,69% à 290 yens, et Panasonic s'est effrité de 0,44% à 673 yens. Wall Street: en baisse, sceptique sur le plan de sauvetage chypriote Wall Street a terminé en baisse une séance entamée dans le vert la veille, le marché s'interrogeant sur l'impact à plus long terme en zone euro d'un accord conclu entre Chypre et ses bailleurs de fonds internationaux: le Dow Jones a cédé 0,44% et le Nasdaq 0,30%. Selon les résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones Industrial Average a reculé de 64,28 points à 14 447,75 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, de 9,70 points à 3 235,30 points. L'indice élargi Standard and Poor's 500 a reculé de 0,33% (-5,20 points) à 1 55,69 points, après s'être rapproché en début de séance à moins d'un point de son record historique en clôture (1565,15 points) atteint le 9 octobre 2007. "Ce fut une journée de rebondissements: on a taquiné un plus haut historique sur le S&P, échoué à passer au-dessus, puis on est parti à la baisse", a résumé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. La hausse des indices avaient été nourrie dans la matinée par un sentiment de soulagement après la conclusion d'un accord à l'arraché dans la nuit de dimanche à lundi entre Nicosie et la troïka de ses créanciers (UE-FMI-BCE) pour éviter la faillite de l'île et sa sortie de l'euro. Mais le prix à payer en échange de ce plan de sauvetage qui prévoit de lourdes pertes pour les créanciers de la première banque du pays et la disparition de son deuxième établissement bancaire, Laïki, a paru élevé. "Ce plan n'est pas négatif, mais il accentue les craintes pour le secteur bancaire européen, car il s'agit bien ici de confiscation", a commenté M. Volokhine. Les dépôts inférieurs à 100 000 euros seront garantis mais les détenteurs d'actions, d'obligations et les dépôts au-dessus de 100 000 euros seront durement frappés. Dans ce contexte, des propos tenus dans la presse par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem, qui ont semblé accréditer l'idée que le modèle chypriote pourrait être appliqué à d'autres pays fragiles de la zone euro, ont affolé les marchés financiers des deux côtés de l'Atlantique et provoqué un plongeon de l'euro. M. Dijsselbloem, a par la suite assuré que Chypre était un cas spécifique, qui ne servirait pas de modèle à l'avenir. Pour Michael James, de Wedbush Securities, le recul de la Bourse se devait aussi à un mouvement technique, les investisseurs n'étant "pas encore prêts à dépasser le seuil historique du S&P au premier essai". L'intervention du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, qui a réaffirmé que la politique monétaire ultra-accommodante des Etats-Unis et des autres grands pays développés profitait au monde entier, a "aidé le marché américain à se stabiliser", a estimé M. Volokhine. Côté valeurs, le constructeur informatique Dell s'est apprécié de 2,62% à 14,513 dollars après l'annonce par son fondateur Michael Dell, qui souhaite sortir de la cote avec l'appui du fonds Silver Lake, de deux propositions alternatives de rachat. Eprouvé par les incertitudes en zone euro, le secteur bancaire américain a suivi ses homologues d'outre-Atlantique: Bank of America a lâché 1,27% à 12,40 dollars, JPMorgan Chase 0,53% à 48,52 dollars, Morgan Stanley 0,95% à 21,97 dollars, Goldman Sachs 0,33% à 146,11 dollars et Citigroup 1,64% à 44,49 dollars. Le constructeur aéronautique Boeing, qui a fait décoller avant-hier pour un vol d'essai un avion 787 "dreamliner", cloué au sol depuis janvier pour un problème de batterie, a grappillé 0,04% à 84,85 dollars. Apple s'est apprécié de 0,36% à 463,58 dollars sur des informations de presse selon lesquelles il a acheté une start-up spécialisée dans les applications GPS, WifiSLAM. Le marché obligataire s'est stabilisé. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a fini inchangé à 1,915%, comme vendredi soir, et celui à 30 ans a légèrement progressé à 3,139% contre 3,135%.