Tous les observateurs impartiaux de la scène internationale ne manquent de relever avec pertinence que l'Afrique est l'objet d'une invasion à grande échelle de la part des Etats-Unis qui se sont déployés à travers 35 pays du continent. " L'invasion n'a pratiquement rien à voir avec " l'islamisme ", et presque tout à voir avec la mainmise sur les ressources, notamment les minerais, et une rivalité croissante avec la Chine. Contrairement à la Chine, les Etats-Unis et leurs alliés sont prêts à employer la violence, comme démontré en Irak, Afghanistan, Pakistan, Yémen et Palestine. Comme lors de la Guerre froide, une certaine division du travail stipule que c'est au journalisme occidental et à la culture populaire de fournir une justification à la guerre sainte contre " l'arc de menace " islamiste, semblable en tous points à la soi-disant " menace rouge " d'une conspiration communiste mondiale ". Tout récemment, l'assemblée des mouvements sociaux réunie à Tunis dans le cadre du Forum social mondial (FSM) a dénoncé " l'austérité " et les " traités néolibéraux qui " non seulement aggravent le problème, mais débouchent sur la marchandisation, la privatisation et la financiarisation". Au moment où les peuples de tous les continents mènent des luttes pour s'opposer avec la plus grande énergie à la domination du capital, cachée derrière des promesses de progrès économique et d'apparente stabilité politique, la réalité est tout autre, les peuples du tiers-monde sont en train de subir l'aggravation de cette crise profonde du capitalisme dans laquelle ses agents, les banques, les transnationales, les conglomérats médiatiques, les instituions internationales et tous les gouvernements complices avec le néolibéralisme qui cherchent à accroître leurs bénéfices au prix d'une politique interventionniste et néocolonialiste. Cette plateforme néolibérale s'illustre de nos jours par l'installation des bases militaires étrangères en Afrique pour fomenter des conflits, contrôler et piller les ressources naturelles et promouvoir des dictatures en divers endroits du continent africain et à travers le reste des continents. C'est comme si le fier passé historique pour la libération de l'Afrique, de Patrice Lumumba à Nelson Mandela, " était condamné à l'oubli par une nouvelle élite coloniale noire dont la ''mission historique avait averti Frantz Fanon il y a un demi-siècle, était de servir de courroie de transmission à ''un capitalisme acculé au camouflage'' ". Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux profitent de leurs positions de puissance pour paraître bel et bien engagés aujourd'hui vers la recherche d'une homogénéité dominante sur le Continent africain. Cette domination, inscrite dans les faits depuis très longtemps, répond simultanément aux impératifs de la rivalité avec la Chine et à la spécificité du Continent noir, où l'investissement politique et économique des grandes puissances prend un caractère décisif. La Maison-Blanche est bien décidée à mettre à contribution tous ses alliés, et encore plus les régimes dont la survie a été et est toujours tributaire du bon vouloir de Washington.