Mettre fin à la faim. Une phrase d'Edgard Pisani qui recadre ce que devrait être la politique des riches en direction des pays les moins avancés. Jacques Diouf, quant à lui, affirme que le problème de la faim persiste non en raison d'un manque de nourriture (on produit assez pour nourrir tous les habitants de la planète) mais parce que ceux qui en ont le plus besoin sont privés des moyens de produire ou d'acheter les vivres qui leur permettent de s'alimenter et de préserver leur dignité. On dit que dans la deuxième catégorie de pays, la faim et l'insécurité alimentaire risquent de s'aggraver de façon dramatique. Sur le plan mondial, on rêve parfois, car on recommande l'impossible comme, par exemple, "impulser la participation des paysanneries du Nord comme du Sud. Un vieux discours. Il y a peu de place pour l'invention de nouvelles règles. Les chercheurs s'intéressent aux règles existantes. A Rome, il y a de cela plus d'une décennie, les chefs d'Etat et de gouvernement avaient pris l'engagement de réduire de moitié, avant 2015, la pauvreté dans le monde. Evidemment, l'engagement n'est pas tenu. En Afrique, les statistiques donnaient 200 millions d'Africains qui souffrent de la faim. Selon la FAO, l'élimination de la faim est une nécessité économique et pas seulement morale. Pourquoi ? Selon une étude de la FAO, le PIB annuel par habitant en Afrique subsaharienne aurait pu atteindre entre 1 000 et 3 500 dollars en 1990 s'il n'y avait pas de malnutrition, alors qu'il était à moins de 800 dollars. On aurait pu transformer 2 00 millions d'affamés en 200 millions de consommateurs. Les firmes auraient pu profiter de cet énorme avantage si elles avaient contribué à éradiquer la faim. Selon les statistiques de la FAO, l'Afrique devra nourrir une population qui sera de 1, 8 milliard d'habitants en 2050. Comment relever ce défi ? Investir dans l'acquisition des surfaces cultivables. L'engagement fut pris en 2003 par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA de doubler les budgets nationaux destinés à l'agriculture. Un autre problème, la maîtrise de la gestion de l'eau. Selon Jacques Diouf, l'Afrique n'utilise que 4% de ses réserves d'eau disponibles sur seulement 7% des terres arables. Qu'en est-il aujourd'hui ?