L'Autriche espère trouver un accord avec l'Union européenne (UE) concernant la question du secret bancaire, auquel Vienne est très attaché, d'ici le sommet européen du 22 mai, a déclaré, hier, le chancelier social-démocrate Werner Faymann. Ce sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE doit apporter un signal pour un nouveau départ, a-t-il déclaré lors d'un entretien à la radio publique Oe1. Nous voulons atteindre un résultat dans le domaine de l'échange des données dans l'intérêt de la lutte contre la fraude en Europe, a-t-il ajouté. La veille, le gouvernement de grande coalition entre les sociaux-démocrates (SPÖ) et les conservateurs chrétiens-démocrates (ÖVP) a annoncé sa décision de se joindre aux discussions sur l'échange automatique de données bancaires. Vienne souhaite toutefois conserver le secret bancaire pour les résidents autrichiens et les accords bilatéraux concernant l'échange des données bancaires conclus avec la Suisse et le Liechtenstein. L'Autriche aimerait aussi conditionner son approbation aux mesures adoptées par l'UE à leur efficacité. M. Faymann avait annoncé le 9 avril être prêt à discuter de la levée du secret bancaire, inscrit dans la constitution, uniquement pour les résidents étrangers détenant un compte sur son sol, ce que sa ministre des Finances Maria Fekter (ÖVP) a tenté à tout prix d'éviter, disant notamment craindre une fuite de capitaux étrangers hors du pays. Le plus grand préjudice économique serait que nous finissions par avoir la réputation de protéger les fraudeurs, a répliqué le chancelier, interrogé à ce sujet par Oe1. La polémique autour du secret bancaire a provoqué un couac au sein de la coalition. Jeudi, une lettre de la ministre des Finances énonçant quatre conditions fermes à l'UE en échange de la levée du secret bancaire pour les résidents étrangers et présentée comme la position du gouvernement dans son ensemble, avait filtré dans la presse. Werner Faymann, qui selon ses dires n'avait pas reçu cette lettre, n'avait pas caché son irritation. Le chancelier avait qualifié ce courrier de risible. Il a dénoncé son style et l'énoncé de conditions propres à renforcer les blocages au lieu de tendre vers un compromis. L'initiative controversée de la bouillante ministre a néanmoins permis à M. Faymann et son vice-chancelier Michael Spindelegger (ÖVP), déjà en pré-campagne électorale avant le scrutin législatif de septembre, de définir dès le lendemain une position commune dans les négociations avec Bruxelles. Ils reprennent l'essentiel des propositions de Mme Fekter. Elles ne sont toutefois plus qualifiées de conditions, mais de questions importantes pour les négociations, a souligné M. Spindelegger dans un entretien à la télévision publique ORF, avant-hier soir. L'Autriche était le dernier pays de l'Union européenne avec le Luxembourg à s'accrocher au secret bancaire. Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, sous la pression de l'UE et des Etats-Unis, avait annoncé le 10 avril sa levée partielle, avec l'échange automatique de données à partir du 1er janvier 2015. Parallèlement au débat sur le secret bancaire, les dirigeants autrichiens ont réclamé à plusieurs reprises des enquêtes plus approfondies sur les véritables paradis fiscaux, pointant en particulier des territoires sous juridiction britannique comme les Iles anglo-normandes, Gibraltar ou les Iles Caïman.