Le prix du pétrole coté à New York a terminé en nette hausse. Avant-hier, dopé par la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'abaisser son principal taux directeur, de nature à favoriser l'achat de brut, et par une bonne nouvelle sur le front de l'emploi américain. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a bondi de 2,96 dollars pour s'établir à 93,99 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 102,85 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,90 dollars par rapport à la clôture de la veille. Cette progression du prix du brut, qui efface ainsi toutes les pertes enregistrées la veille, est entièrement un mouvement technique lié à la baisse des taux d'intérêts par la BCE et à la progression des indices sur les marchés actions américains qui s'en suit, selon Tim Evans, de Citigroup. Comme attendu par les investisseurs, la BCE a décidé d'abaisser son principal taux directeur, baromètre du coût du crédit en zone euro, à 0,5%, un nouveau plus bas historique, sur fond de marasme économique persistant en zone euro. Outre cette décision destinée à dynamiser l'économie de la zone euro, le président de la BCE Mario Draghi, a également indiqué que la politique monétaire de l'institution resterait accommodante tant que cela serait nécessaire, se disant prêt à d'éventuelles mesures d'assouplissement supplémentaire. Ce genre de nouvelle est toujours bon pour les actifs jugés risqués comme les matières premières car elle favorise l'afflux de liquidités, a remarqué Robert Yawger, de Mizuho Securities USA. Le prix du baril était aussi soutenu par l'annonce d'un repli des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis la semaine dernière, qui s'établissent à leur plus bas niveau en cinq ans. Alors que les marchés avaient été ébranlés mercredi par des chiffres de la société ADP montrant un net recul des embauches dans le secteur privé en avril, cet indicateur rassurait les investisseurs à la veille du rapport mensuel officiel sur l'emploi dans le pays, considéré comme un baromètre crucial pour jauger la vigueur de la première économie mondiale. Selon Rich Ilczyszyn, de iiTrader.com, le cours du WTI a aussi pu profiter de la désaffection des investisseurs pour le gaz naturel, dont le prix a chuté après l'annonce d'une hausse des réserves plus forte que prévu. La forte progression des cours du brut étonnait toutefois M. Evans. Les fondamentaux du marché sont toujours les mêmes depuis hier, l'offre aux Etats-Unis est à un niveau très élevé, a-t-il noté. Les autorités américaines ont en effet annoncé la veille que les stocks de brut aux Etats-Unis avaient progressé de 6,7 millions de barils la semaine dernière, atteignant leur plus haut niveau depuis que ces données ont commencé à être diffusées, en 1982. En Asie, les cours du pétrole rebondissaient dans les échanges matinaux sous l'effet d'achats massifs au lendemain de leur dégringolade à New York consécutive à la publication d'indicateurs décevants en Chine et aux Etats-Unis, ainsi qu'à un bond des stocks américains de brut. Après avoir perdu plus de 2 cents la veille, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin s'appréciait de 11 cents, à 91,14 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance prenait 20 cents, à 100,15 dollars. Les investisseurs restent préoccupés par "un mélange de demande modérée et de stocks de brut qui gonflent à grande vitesse", a noté Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney, réagissant à une nouvelle hausse de réserves de pétrole aux Etats-Unis. Autre nouvelle de nature à déprimer le marché, la société ADP a fait état d'une baisse des créations d'emplois dans le secteur privé en avril aux Etats-Unis. Les Etats-Unis ont enfin enregistré un nouveau repli de l'activité manufacturière en avril. La production manufacturière chinoise s'est par ailleurs légèrement tassée en avril par rapport à mars, signalant un ralentissement relatif de l'activité dans la deuxième économie mondiale, susceptible de freiner la consommation mondiale d'or noir.