Le conglomérat industriel Siemens, en pleine restructuration, n'a pas réussi à surmonter ses faiblesses au deuxième trimestre de son exercice 2012/2013, l'obligeant à abaisser ses prévisions, malgré une rentrée plus importante de commandes. Les résultats du deuxième trimestre montrent un tableau mitigé. Nous avons été en mesure d'accroître nos commandes mais nous avons encore des défis en ce qui concerne le chiffre d'affaires et les bénéfices, a résumé le patron du groupe, Peter Löscher, dans un communiqué. Des défis qui devraient se ressentir sur l'ensemble de l'année puisque le groupe s'attend désormais à un recul modéré de ses revenus sur cet exercice, alors qu'il espérait jusqu'ici qu'il reste stable. La croissance devrait revenir en 2014. A la Bourse de Francfort, ce tableau morose mais sans surprise n'était pas fortement sanctionné: le titre Siemens perdait 0,52% à 78,89 euros. Du point de vue des commandes, la période janvier-mars a été plutôt positive: Siemens en a engrangé 20% de plus, essentiellement grâce à d'importants contrats remportés dans l'éolien offshore et le ferroviaire, portant son carnet de commandes à fin mars au-delà des 100 milliards d'euros. Mais le chiffre d'affaires trimestriel du groupe, qui fabrique des centrales électriques au matériel médical en passant par des trains, a reculé de 7% à 18 milliards d'euros, et si son bénéfice net affiche une hausse de 10% à 1,03 milliard, c'est grâce au fait que le trimestre correspondant de l'exercice précédent avait pâti de coûts exceptionnels. Le conglomérat de Munich (sud) explique d'abord cette faiblesse trimestrielle par une conjoncture économique mondiale qui ne redémarre pas comme prévu, en particulier en Chine, mais aussi en Europe, où Siemens est encore très fortement exposé. A cela s'ajoutent des charges exceptionnelles de différentes origines, qui ont encore rogné les bénéfices. Siemens continue ainsi de payer lourdement dans ses comptes ses difficultés à connecter ses champs éoliens offshores de mer du Nord au réseau électrique (84 millions d'euros) et à livrer à temps des trains à Deutsche Bahn et Eurostar (161 millions). En outre, Siemens a dû supporter 104 millions d'euros de coût sur le trimestre dans le cadre de son vaste programme de restructuration lancé à l'automne et visant à réaliser 6 milliards d'euros d'économies d'ici fin 2014 pour redresser sa rentabilité. Au total sur l'année, ce plan devrait engendrer 900 millions d'euros de charges et faire baisser le bénéfice d'exploitation vers 4,5 milliards d'euros, soit le bas de sa fourchette initiale de prévisions allant de 4,5 à 5 milliards. Lors d'une conférence téléphonique, M. Löscher a ajouté que cette prévision ne tenait pas compte d'éventuelles charges supplémentaires pouvant aller jusqu'à 500 millions d'euros, dues surtout à la réintégration de l'activité solaire dans les comptes faute de l'avoir vendue. En effet, dans le cadre de sa restructuration, Siemens a décidé de recentrer ses activités, en renforçant certaines et en abandonnant d'autres. Parmi les activités devant être abandonnées figurent celle de systèmes de traitement des eaux, pour laquelle il y a beaucoup d'intérêts, selon la direction de Siemens, la coentreprise dans la téléphonie Nokia Siemens Networks et celle dans l'énergie solaire, mise à mal par la concurrence chinoise et la baisse de subventions publiques. Mais Peter Löscher, a reconnu qu'une vente cette année de l'activité solaire était hautement improbable, même s'il y a des marques d'intérêt. En cas d'échec d'une cession, Siemens, qui ne revient pas sur sa décision de sortir de ce secteur, pourrait envisager de le fermer. Autre dossier en suspens, la mise en Bourse de sa filiale d'ampoules électriques Osram, en voie de séparation du reste du groupe, est désormais prévue pour début juillet. Quant au coût social de cette restructuration, son ampleur reste floue et le patron de Siemens a répété ne pas vouloir donner de chiffre global. Pour l'heure, plus de 4 000 suppressions de postes ont déjà été annoncées au compte-gouttes dans les branches industrie et énergie.