La croissance du produit intérieur brut (PIB) en Russie a nettement ralenti au premier trimestre, s'établissant à 1,6% par rapport aux trois premiers mois de 2012, selon des estimations préliminaires publiées, avant-hier, par l'agence russe des statistiques Rosstat. Ce chiffre est toutefois supérieur à l'estimation mi-avril du vice-ministre du Développement économique Andreï Klepatch, selon laquelle la croissance s'était établie à 1,1% pour cette période. Au premier trimestre 2012, la croissance avait atteint 4,8% en glissement annuel, selon des chiffres révisés. Elle avait ensuite ralenti au cours de l'année pour ne plus représenter que 2,1% au quatrième trimestre de l'an dernier. En annonçant une croissance de 1,1%, il est probable que le ministère voulait lancer immédiatement des mesures agressives de stimulation économique, sur fond de ralentissement alarmant de la croissance économique et de risques plus élevés de récession, a commenté dans une note Julia Tsepliaeva, de BNP Paribas. Elle a toutefois souligné que le chiffre annoncé par Rosstat restait faible. Le ministre du Développement économique, Andreï Belooussov, avait averti en avril que faute de nouvelles mesures de relance de l'activité, l'économie russe courait le risque de tomber en récession au second semestre. Le début de l'année a été marqué notamment par un recul de la production industrielle, ce qui n'était plus arrivé depuis 2009, et la consommation est en berne. Ce coup de frein a poussé le gouvernement à réviser très nettement sa prévision de croissance pour 2013, à 2,4% contre 3,6% auparavant, et après 3,4% sur l'année 2012. Face à cette perspective, des responsables du gouvernement ont accentué la pression sur la Banque centrale pour qu'elle baisse son principal taux, actuellement de 8,25%, estimant que son niveau élevé bridait la croissance. L'institution est pour l'heure restée inflexible, faisant valoir que la lutte contre l'inflation devait rester une priorité. M. Klepatch a annoncé la veille que l'estimation de Rosstat, meilleure que prévu, pourrait permettre de revoir à la hausse la prévision de croissance sur l'ensemble de 2013. “Cela peut amener à relever de 0,1-0,2 point de pourcentage les pronostics annuels, mais l'automne nous le dira, quand nous aurons les chiffres sur les investissements”, a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax. Mme Tsepliaeva pronostique pour sa part une accélération de la croissance à partir du deuxième semestre, à la faveur de mesures de stimulation économique et de programme de dépenses de l'Etat, ce qui devrait permettre à la Russie selon elle d'enregistrer une croissance annuelle de 2,6%. “Toutefois, des réformes structurelles et le renforcement des institutions économiques sont nécessaires pour un rebond en 2014 et au-delà”, souligne-t-elle.