Une large majorité de Portugais est favorable à une rupture ou à une renégociation du plan d'aide international mis en œuvre au Portugal depuis deux ans, estimant qu'il a aggravé la situation économique du pays, selon un sondage publié, avant-hier, dans les médias portugais. D'après cette étude d'opinion, 82,5% des sondés estiment que le Portugal devrait rompre l'accord avec la troïka représentant les créanciers internationaux du pays ou le renégocier. Ce sondage a été réalisé deux ans après la signature du programme d'aide accordé par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international en échange d'une aide de 78 milliards d'euros sur trois ans. Dans le cadre de cet accord, le Portugal s'était engagé à mettre en œuvre un rigoureux programme d'austérité afin d'assainir ses finances et relancer son économie en récession depuis 2011. Par ailleurs, selon ce sondage, 47,8% estiment que le gouvernement n'aurait pas dû signer cet accord et 27% sont d'avis qu'il n'a pas assez "pris en compte les caractéristiques du pays". Le programme de la troïka doit prendre fin en juin 2014, et 55,1% pensent que la situation du pays se sera alors aggravée avec une crise économique plus profonde et un chômage plus élevé. Au premier trimestre, l'activité économique au Portugal s'est contractée de 3,9% sur un an, tandis que le chômage a atteint le taux record de 17,7%. Cette politique de rigueur est de plus en plus contestée par les syndicats et l'opposition, provoquant même des tensions au sein de la coalition au pouvoir. Le ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas, chef du petit parti conservateur CDS-PP, membre de la coalition de centre droit au pouvoir, s'est en particulier déclaré opposé à un projet de contribution spéciale sur les retraites. Dans ce contexte, le président portugais Anibal Cavaco Silva a convoqué, avant-hier, après-midi le Conseil d'Etat, un organe consultatif composé de 21 membres de sensibilités politiques diverses, afin d'étudier "les perspectives de l'économie portugaise pour la période de l'après-troïka". Pendant cette réunion au palais présidentiel, le mouvement apolitique "Que se lixe a troïka" ("Que la troïka aille se faire voir") a appelé à un rassemblement afin de réclamer la fin de l'austérité et la démission du gouvernement. Le sondage a été réalisé la semaine dernière par l'Institut Eurosondagens auprès de 1 025 personnes, contactées par téléphone.