Les Portugais sont appelés aujourd'hui aux urnes pour des élections législatives anticipées, un scrutin qui intervient dans un contexte difficile marqué par une crise économique ayant obligé le pays à suivre des mesures de rigueur et à avoir recours à l'aide financière étrangère. Plus de 9,6 millions d'électeurs portugais, y compris ceux de la diaspora, doivent se rendre dans le bureaux de vote pour élire les 230 députés que compte le Parlement. Ces élections législatives anticipées ont été décidées après la démission, fin mars dernier, du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet au Parlement d'un nouveau programme d'austérité de son gouvernement minoritaire. Les Portugais devront ainsi décider qui, des socialistes sortants ou des libéraux centristes, sera chargé de mettre en œuvre le plan d'aide international censé les sortir de la crise économique qui frappe le pays. Selon les derniers sondages, le Parti social-démocrate (PSD) de Pedro Passos Coelho est donné favori, avec une moyenne entre 33,9 et 35,8% des intentions de vote devant le Parti socialiste de José Socrates qui obtiendrait 32,3 à 34,1% des voix. Quant au CDS-PP, parti de droite minoritaire, qui a lui aussi apporté son soutien aux «objectifs» du plan d'aide, il serait la troisième force politique du pays avec 11,3 à 13,4% des intentions de vote, ce qui laisse ainsi à la droite une chance d'avoir une majorité parlementaire et lui permettre de gouverner. Lors de sa campagne électorale, M. Passos Coelho, 46 ans, a axé son discours sur l'économie, estimant qu'en cas de victoire socialiste, le Portugal pourrait se retrouver «dans six mois» dans la «tragique» situation de la Grèce. Le leader social-démocrate a affirmé que l'actuel gouvernement «a déjà échoué», en accusant M. Socrates d'avoir «menti aux Portugais sur l'état réel du pays» et d'avoir «conduit le pays à la banqueroute». Face à ce rival fort redoutable, le Premier ministre José Socrates doit livrer dimanche le plus dur combat de sa carrière politique. Il a réitéré sa volonté de poursuivre le «combat». Et a même promis de «donner une leçon» à ceux qui lui prédisent une défaite lors de ces élections. A la veille du scrutin, malgré les efforts de la classe politique pour mobiliser la population à participer aux législatives, près d'un quart des électeurs se disent encore indécis sur leurs intentions concernant la composante du futur gouvernement. La plupart des électeurs sont partagés entre leur rejet d'un Premier ministre très impopulaire et la peur d'une montée d'un centre-droit qui a promis d'«aller plus loin» en matière de privatisations mais aussi de réformes du marché du travail et des services publics. Le président Anibal Cavaco Silva avait déclaré le mois dernier que cette élection aurait lieu dans «un moment critique pour la vie du pays». Le chef de l'Etat avait souligné la nécessité de l'élaboration d'un programme provisoire avant la tenue d'élections générales, et la mise ne place du nouveau cabinet qui aura la lourde tâche de sortir le pays de la crise économique. La priorité absolue du prochain gouvernement sera ainsi de mettre en œuvre sans délai l'exigeant programme de rigueur et de réformes économiques négocié avec l'Union européenne (UE) et le Fonds Monétaire international (FMI) en échange d'une aide de 78 milliards d'euros. Une source du ministère des Finances à Lisbonne a indiqué, fin mai dernier, que le Portugal avait reçu une première tranche de 6,1 milliards d'euros du FMI alors que l'UE, qui assurera les deux tiers de ce financement, a annoncé avoir levé 4,75 milliards d'euros pour aider l'Irlande et le Portugal qui en recevra 1,75 milliard. Ces prêts devraient permettre au Portugal de rembourser quelque 7 milliards d'euros de dette et intérêts arrivant à échéance à la mi-juin.Le Portugal est un Etat unitaire à régime parlementaire unicaméral fondé sur la Constitution du 25 avril 1976. Sur les 230 sièges de l'Assemblée, les socialistes disposent actuellement de 97 sièges, le PSD (81), le CDS-PP (21)et 16 pour le Bloc de Gauche (BE).