Les Bourses européennes ont chuté, avant-hier, après l'ouverture en repli de Wall Street et encore sonnées par le plongeon du Nikkei, fragilisées de surcroît par un mauvais indicateur chinois et la crainte de voir la Réserve fédérale (Fed) freiner son soutien à l'économie. Les craintes sur un changement de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui pourrait suspendre plus vite que prévu ses rachats d'actifs, et le plongeon de l'indice boursier japonais (-7,32%) ont également agité les marchés. "Les marchés européens ont jeté un coup d'œil au PMI chinois et aux minutes de la Fed et ont décidé qu'ils n'aimaient pas du tout ça", a commenté Rupert Osborne, courtier chez IG. L'Eurostoxx 50 a perdu 2,07% La Bourse de Paris a terminé en forte baisse (-2,07%). L'indice CAC 40 a perdu 83,96 points à 3 967,15 points, dans un volume d'échanges nourri de 3,743 milliards d'euros. Le CAC 40 restait sur quatre séances de hausse consécutives lors desquelles il avait pris un peu moins de 2%. Gemalto s'est distingué en étant la seule valeur en hausse (+2,27% à 65,77 euros). Les valeurs bancaires ont été parmi les plus affectées par les craintes du marché. BNP Paribas a perdu 2,76% à 44,78 euros, Crédit Agricole 3,21% à 7,26 euros et Société Générale 3,87% à 30,89 euros. De même, plusieurs titres industriels ont souffert à l'image de Renault (-3,98% à 59,66 euros), PSA Peugeot Citroën (-5,26% à 6,99 euros, Michelin (-3,71% à 68,30 euros, Schneider Electric (-3,10% à 60,86 euros) et ArcelorMittal (-2,66% à 9,97 euros). La Bourse de Londres a terminé en fort recul de 2,10%. Le FTSE-100 a perdu 143,48 points à 6 696,79 points. L'indice évoluait ces derniers jours à des niveaux plus vus depuis plus d'une décennie, se rapprochant même de son record absolu de 6 950 points. Parmi les valeurs, les compagnies minières (très dépendantes de la demande chinoise) ont fortement reculé, à l'image d'Anglo American (-5,05% à 1 570 pence), Rio Tinto (-4,26% à 2 913 pence), Antofagasta (-4,39% à 958 pence) ou encore BHP Billiton (-2,92% à 1 942,5 pence). Les banques étaient aussi sous pression, comme Standard Chartered (-4,76% à 1539 pence), Barclays (-3,71% à 321,45 pence) et HSBC (-3,39% à 741,8 pence). BSkyB figure parmi les rares rescapés, prenant 1,60% à 791,5 pence. La Bourse de Francfort a nettement reculé, l'indice des trente valeurs vedettes Dax terminant en baisse de 2,10% à 8 351,98 points. Le MDax des valeurs moyennes a chuté de 1,92% à 13.984,52 points. Toutes les valeurs ont terminé dans le rouge, à l'exception de Merck KGaA (+0,32% à 123,9 euros). Les plus mauvaises performances ont été signées par la banque Commerzbank (-6,12% à 7,85 euros), Infineon (-3,61% à 6,38 euros) et Allianz (-3,45% à 117,6 euros). Deutsche Bank a perdu 3,35% à 35,94 euros. Le chimiste Lanxess a fini en recul de 1,96% à 57,47 euros. BASF a reculé de 1,52%à 74,26 euros, alors qu'il a annoncé vouloir investir 300 millions d'euros par an pour accroître ses capacités dans l'agrochimie, notamment en Asie. La Bourse suisse a fortement reculé, l'indice SMI clôturant en baisse de 2,84% à 8 168,52 points. L'intégralité des valeurs de l'indice a terminé dans le rouge, Richemont accusant la plus forte baisse. Le fabricant de produits de luxe, qui est fortement exposé en Asie, a vu son action plonger de 5,01% à 88,15 francs. Julius Baer, le spécialiste de la gestion de fortune, a également cédé 4,48% à 37,72 francs, tandis que Transocean, le titre le plus volatil de la place suisse, a perdu 4,16% à 49,79 francs. La Bourse de Bruxelles a terminé en forte baisse (-1,51% à 2 705,29 points), affaiblie comme les autres places financières en Europe par la chute du Nikkei au Japon. A l'exception d'Elia (transport d'électricité), qui a avancé de 0,15% à 33,27 euros, toutes les valeurs de l'indice Bel-20 ont terminé dans le rouge. Parmi les plus fortes baisses, figurent l'assureur Ageas (-2,78% à 28,29 euros) et la société de gestion immobilière Befimmo Sicafi (-2,54% à 52,49 euros). La Bourse de Milan a clôturé en forte baisse de 3,06% à 17'008 points. Tous les titres du FTSE Mib ont terminé dans le rouge. Les plus fortes baisses concernent les valeurs bancaires : MedioBanca -4.84% à 4,872 euros, UBI Banca -4,54% à 3,364 euros ou Intesa San Paolo -4,31% à 1,398 euros. L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam a clôturé en baisse de 1,85% à 365,22 points. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par le bancassureur ING, qui a perdu 4,79% à 6,96 euros, et par le fonds immobilier Unibail-Rodamco en baisse de 3,75% à 197,70 euros. La seule hausse de la séance a été enregistrée par le groupe de forage offshore pétrolier et gazier SBM, qui a gagné 3,56% à 14,23 euros. Le PSI-20, indice vedette de la place portugaise, a reculé de 1,16% passant sous le seuil des 6 000 points. Le PSI-20, qui s'est établi à 5971,64 points, a été plombé notamment par les banques. BCP a baissé de 2,48%, BPI 1,37% et BES 2,48%. La Bourse de Madrid a terminé nette baisse de 1,40%, à 8 343,6 points. Les grandes valeurs bancaires ont fini en ordre dispersé: Santander, première banque en zone euro par la capitalisation boursière, a plongé de 1,55%, à 5,383 euros, BBVA a cédé 0,47% à 7,178 euros.
Wall Street résiste à la vague de froid qui a touché les marchés mondiaux Wall Street a plutôt bien résisté à la vague de froid qui s'est abattue sur les marchés asiatiques et européens après un mauvais chiffre chinois et un regain de craintes sur la politique monétaire américaine: le Dow Jones n'a cédé que 0,08% et le Nasdaq 0,11%. Selon des résultats définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average, a lâché 12,67 points, à 15 294,50 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 3,88 points à 3 459,42 points. Le Standard & Poor's 500 a reculé de 0,29% (- 4,84 points) à 1 650,51 points. La place financière new-yorkaise, qui avait débuté la séance nettement dans le rouge, a ensuite rebondi pour osciller, à partir de la mi-séance, entre pertes et profits. Sur le front des valeurs, Hewlett Packard faisait des étincelles (+13,94% à 24,19 dollars) et participait largement à la bonne tenue du Dow Jones dont il est membre. Le groupe informatique a pourtant annoncé une chute de 32% de son bénéfice et un recul de 10% de son chiffre d'affaires, mais le marché s'attendait à encore pire. Le constructeur automobile Ford, qui a annoncé qu'il cessait la production de voitures en Australie en 2016, reculait de 0,60% à 14,88 dollars. Les valeurs bancaires participaient au recul des indices, face à la crainte d'avoir un accès moins bon marché aux liquidités si la Fed ralentit ses aides: Bank of America perdait 0,23% à 13,28 dollars, Citigroup 1,27% à 50,35 dollars, JPMorgan Chase 0,43% à 53,40 dollars, Morgan Stanley 0,53% à 24,57 dollars et Goldman Sachs 0,99% à 157,77 dollars. Apple gagnait 0,49% à 443,52 dollars alors même que son concurrent Samsung, numéro un mondial des téléphones portables, a annoncé avoir déjà vendu dix millions d'unités de son dernier smartphone, le Galaxy S4. Le spécialiste de l'aluminium Constellium, qui rassemble nombre des usines "aval" de l'ancien groupe Péchiney, a quant à lui été reçu fraîchement pour son premier jour de cotation, son titre chutant de 5,67% à 14,15 dollars. Le marché obligataire changeait de direction et évoluait en légère baisse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans progressait à 2,032% contre 2,026% mercredi soir, et celui à 30 ans à 3,211% contre 3,209% la veille.
Le Nikkei plonge de 7,32%, victime de surchauffe La Bourse de Tokyo a terminé en très forte baisse, de 7,32%, à l'issue d'une séance frénétique, après un bond de 80% en six mois qui pourrait avoir provoqué une surchauffe, entraînant dans sa chute les bourses européennes. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a plongé de 1.143,28 points à 14 483,98 points, dans un volume d'échange inédit depuis la création de cette place boursière en 1949. Après une ouverture dans le vert, le marché japonais a plongé après l'annonce que la production manufacturière en Chine se contracterait en mai d'après la banque HSBC, ce qui a relancé les inquiétudes sur la croissance dans la deuxième économie mondiale. L'indicateur négatif en Chine a provoqué le mouvement de vente, a expliqué Hirokazu Fujikiki, courtier chez Okasan Securities. Mais cette statistique décevante n'a été que le déclencheur de vastes prises de bénéfices attendues depuis plusieurs semaines. Il n'est pas étonnant que de tels soubresauts se produisent, vu la rapidité avec laquelle le marché japonais a grimpé récemment, a souligné M. Fujikiki. Le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, s'est d'ailleurs voulu rassurant. Je pense que la progression du Nikkei avait été plus rapide que prévu ces derniers temps. Le mauvais indicateur chinois a poussé les investisseurs à prendre des profits en même temps, a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par Dow Jones Newswires. Le Nikkei a en effet bondi de quelque 80% en six mois, dopé par la perspective d'une politique monétaire plus accommodante de la part de la Banque du Japon (BoJ). L'indice vedette évoluait ces jours derniers à son plus haut niveau depuis plus de cinq ans, aussi des opérateurs guettaient la moindre occasion pour vendre certains titres achetés beaucoup moins chers et empocher un bénéfice. Outre l'indicateur chinois, les opérateurs ont été ébranlés par la mauvaise tenue du marché de la dette, agité depuis que la BoJ a considérablement assoupli le 4 avril sa politique monétaire pour vaincre la déflation qui entrave l'économie nippone depuis une quinzaine d'années. Le taux de l'obligation d'Etat japonaise à dix ans avait chuté à son plus bas niveau historique - 0,315% - le lendemain de cette annonce. Mais l'incertitude a plané depuis sur les conséquences pour le marché obligataire, car la BoJ prévoit d'acheter l'équivalent de pas moins de 70% des obligations émises chaque mois par l'Etat, sur le marché secondaire où s'échangent les titres déjà émis. Ces doutes ont poussé de nombreux détenteurs à se délester de leurs obligations d'Etat, ce qui a fait brièvement monter, avant-hier, le taux à dix ans, qui fait référence, au-dessus du seuil symbolique de 1% pour la première fois depuis plus d'un an. Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a cherché aussi à rassurer. La Banque du Japon met en place une instance de dialogue avec les acteurs du marché de façon à ce que les taux d'intérêt soient stabilisés. Nous pensons que tout ceci est géré de façon appropriée, a-t-il assuré. Le Japon bénéficie de taux d'emprunt particulièrement bas sur les marchés, malgré son endettement colossal équivalent à quelque 250% de son produit intérieur brut. Sur le marché des changes, le yen a rebondi, après avoir perdu 25% de sa valeur en six mois face au dollar et à l'euro. Le marché pourrait entrer dans une période de correction après la forte chute du yen et la montée des actions de ces derniers mois, a prévenu Daisuke Karakama, cambiste chez Mizuho Corporate Bank.