Le président turc Abdullah Gül a exhorté, hier, les manifestants qui défient depuis quatre jours le gouvernement islamo-conservateur à cesser leur mouvement, assurant qu'ils avaient été entendus. Une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections. Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes, par des manifestations pacifiques, a dit M. Gül à la presse, cité par l'agence Anatolie, ajoutant que les messages de bonne volonté ont bien été reçus. J'appelle tous mes concitoyens à la raison. Tout le monde doit respecter les règles et s'ils veulent exprimer leurs opinions, ils doivent le faire d'une manière pacifique, a encore dit le chef de l'Etat turc. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a répété depuis samedi que les manifestants étaient manipulés par des groupes extrémistes et, fort de ses succès électoraux en 2007 et 2011, qu'ils pouvaient le contester dans les urnes. M. Gül a en outre appelé les protestataires à ne pas nuire à l'image de la Turquie par des manifestations violentes. Manifestation intense Des centaines de manifestants ont occupé dimanche la place Taksim d'Istanbul, désertée par la police après deux jours de violents affrontements suscités par un projet d'aménagement urbain. Ils étaient déterminés à poursuivre leur confrontation avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Quelques heures seulement après avoir fait plier les autorités, de nouveaux incidents ont opposé dans la nuit les forces de l'ordre à des manifestants. Ceci tant à Ankara qu'à Istanbul. Dans la capitale turque, la police a dispersé par des jets de grenades lacrymogènes et des canons à eau une foule de plusieurs milliers de personnes chantant des slogans hostiles au chef du gouvernement, a rapporté l'agence de presse Anatolie. Ces échauffourées ont fait 56 blessés parmi les forces de l'ordre et plusieurs protestataires ont été interpellés. Le syndicat des médecins d'Ankara a indiqué que 414 civils avaient été blessés samedi dans les incidents survenus dans la capitale, dont six souffrent de traumatismes crâniens graves. Signes de défiance Signe de la volonté des manifestants de défier M. Erdogan, des barricades restaient dressées dans toutes les rues menant à la place Taksim. Celles-ci étaient composées de mobilier urbain, de voitures renversées ou même de bus municipaux. Au pied de ces barricades recouvertes de slogans comme "hukumet istifa" (gouvernement démission), des grappes de manifestants se préparaient à en découdre à nouveau.
1 700 manifestants interpellés, mais la plupart libérés Plus de 1 700 manifestants opposés au gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont été interpellés au cours des trois derniers jours, mais la plupart ont été remis en liberté, a annoncé la veille le ministre de l'Intérieur, Muammer Güler. Une large majorité des personnes interpellées ont été remises en liberté après avoir été identifiées et interrogées, a déclaré M. Güler, cité par l'agence de presse Anatolie. Un total de 235 manifestations ont été recensées dans 67 villes du pays depuis mardi dernier, a-t-il ajouté.