L'Algérie n'importe désormais aucun grain de blé destiné à la semence grâce à une production nationale suffisante et de très bonne qualité. C'est ce qu'a souligné avant-hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. On s'en réjouit, certes. Mais, d'autre part, l'Algérie continue d'importer d'importantes quantités de blé tendre. Ainsi, On annonce déjà une commande de 800 000 tonnes auprès de fournisseurs européens et américains. La couverture des besoins en produits agricoles de large consommation, notamment en matière de blé dur et tendre, de la pomme de terre et du lait continue d'être assurée malheureusement par l'importation. La production céréalière nationale réalisée en 2007 a atteint 4,3 millions de tonnes, alors que la demande annuelle de consommation pour les céréales se situe entre 6 à 7 millions de tonnes. Le déficit est de l'ordre 3 millions de tonnes. Autrement dit, l'Algérie débourse à chaque fois des enveloppes conséquentes pour l'importation de blé. En plus, depuis quelques mois, les cours du blé ne cessent de monter. Ils ont atteint de nouveaux records mardi sur les marchés mondiaux, profitant de plusieurs mauvaises nouvelles émanant notamment d'Australie où la sécheresse a affecté les récoltes. Selon les analystes du secteur, les récoltes australiennes, cette année, devraient se plafonner à 18 millions de tonnes au lieu des 23 millions initialement prévues. Certaines prévisions, plus pessimistes, tablent sur seulement 15 millions de tonnes. Dans ce contexte, les contrats à terme sur le blé pour des livraisons prévues durant les prochains mois sont en forte hausse sur les marchés mondiaux. En six mois, les prix ont bondi de 84% alors que les experts prédisent que la demande mondiale de blé cette année excédera la production pour la septième fois en huit ans. L'Algérie, l'un des gros consommateurs dans le monde, a déjà acheté 800 000 tonnes de blé la semaine dernière auprès de divers pays fournisseurs. D'autre part, l'Etat a débloqué 20 millions d'euros pour importer 100 000 tonnes de pommes de terre destinées à couvrir les besoins du marché national durant la période s'étalant de septembre à novembre. Avant cela, le gouvernement a décidé de consacrer en 2007 une subvention exceptionnelle de 111 millions d'euros à l'importation du lait en poudre pour soutenir les prix à la consommation. Tous ces achats devraient permettre de faire face à une forte demande sur le marché national dans un contexte marqué par des tensions sur les prix des produits alimentaires de première nécessité. Une situation de crise dopée par des fluctuations de certaines matières premières sur les marchés mondiaux. Et malgré cette forte hausse des prix du blé et de la poudre de lait, entre autres sur les marchés internationaux, l'Etat a promis de poursuivre sa politique de subvention du pain et du lait. Est-ce la bonne solution ?