Afin de faire face à la demande locale en semences de blé et orge, l'Office algérien interprofessionnel des céréales a réalisé, sur ses fonds propres, 46 complexes de traitement semencier à travers le territoire national. Lorsque l'Algérie avait pris, il y a une dizaine d'années, la décision courageuse d'arrêter les importations de semences de céréales, notamment les blés et les orges, beaucoup n'avaient pas hésité à exprimer leur scepticisme quant à la capacité de notre agriculture à assurer une autosuffisance en la matière. Mais, aujourd'hui, le secteur n'a pas seulement réussi la gageure d'économiser au Trésor public les frais d'importation de la semence qui s'élèvent à plus de 50 millions de dollars annuellement. Le dispositif mis en place a totalement donné ses fruits puisque la quasi-totalité des graines utilisées par nos agriculteurs provient du programme de multiplication lancé avec les fermes-pilotes, et des agriculteurs qui ont adhéré à la démarche. Avant le lancement du programme, l'Algérie s'approvisionnait sur le marché international à hauteur de 1,5 million de quintaux pour un montrant avoisinant les 5,4 milliards de DA. Il s'agit là bien sûr d'une moyenne d'importation annuelle. Et en dix ans, c'est donc une bagatelle dépassant les 50 milliards de DA que l'Etat a pu économiser grâce à la décision prise de mettre fin aux importations de semences céréalières. Le relais a ainsi été pris par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) qui, à travers ses démembrements, en l'occurrence les Coopératives de céréales et légumes secs (CCLS), a fait adhérer au programme de multiplication pas moins de 380 000 agriculteurs. Aujourd'hui, la surface réservée au plan de production des semences a atteint 300 000 ha, selon M. Mohamed Kacem, directeur général de l'OAIC. Et pour faire face à la demande locale en semences de blé et d'orge, l'organisme a réalisé, sur ses fonds propres, 46 complexes de traitement semencier à travers le territoire national. Cette manière de faire permet aux structures d'approvisionnement de se rapprocher des agriculteurs. Ces stations couvrent très largement les besoins annuels de la céréaliculture. Disposant d'une capacité de traitement et de conditionnement de 3 millions de quintaux, elles sont ainsi à même de répondre à n'importe quelle demande supplémentaire exprimée par les fellahs, selon M. Kacem. Les efforts consentis par cet organisme agricole ne se sont pas arrêtés là puisque une prestation a été ajoutée au dispositif pour faciliter encore plus la tâche aux agriculteurs. En effet, les céréaliculteurs qui veulent utiliser pour leur campagne leurs propres semences peuvent procéder au traitement de celles-ci au niveau des stations en question moyennant le paiement d'une somme dérisoire de 120 DA le quintal de céréale traité et emballé. Un montant qui ne couvre au fait même pas le prix du médicament utilisé. Certes, cette mesure existait depuis longtemps, mais dans les faits elle n'était pas appliquée, et beaucoup d'agriculteurs n'étaient même pas au courant d'un tel avantage. “On a mis le paquet pour couvrir tous les besoins pour la présente campagne labours-semailles. Les agriculteurs qui sont intéressés par le traitement de leurs semences dans nos stations seront bien servis”, soutient le DG de l'OAIC qui souligne, au passage, que les concernés sont de plus en plus intéressés par cette prestation, car les organismes dépendant de l'office n'hésiteront pas à refuser de prendre toute récolte ne répondant pas au cahier des charges mis en place à cet effet. Chaque année, des quantités importantes de céréales moissonnées par les fellahs sont refusées par les CCLS car infectées par des pathologies liées aux céréales, comme la carie et le charbon. C'est dire que le dispositif mis en place après l'arrêt des importations de semences est fondamentalement ferme quant à la qualité des récoltes à verser au programme de multiplication. Il est vrai que beaucoup d'agriculteurs ne respectent pas les normes de production (itinéraire technique, désherbage, fertilisation…), ce qui influe considérablement sur le niveau de production, mais aussi sur la qualité des céréales récoltées. Hamid Saïdani