Plombés par une offre abondante, les cours du café ont chuté la semaine dernière, et les prix du sucre ont continué à flirter avec leurs minimums en trois ans, tandis que le cacao a rebondi grâce à un déficit d'offre. Cacao Les prix du cacao ont nettement rebondi, la production mondiale s'annonçant insuffisante pour couvrir les besoins croissants de la planète. Selon une enquête de la revue spécialisée " The Public " auprès de 43 analystes, l'offre mondiale s'élèvera à 3,965 millions de tonnes de fèves brunes contre une demande de 4,039 millions de tonnes, occasionnant un déficit de 70 000 tonnes pour la saison 2012/2013 qui se termine en septembre. C'est encore plus que le déficit envisagé par l'Organisation internationale du cacao (ICCO), qui table sur 60 000 tonnes. Cette situation déficitaire devrait se poursuivre durant la prochaine saison, " The Public Ledger " anticipant un écart de 178 000 tonnes entre l'offre et la demande en 2013/2014. Ce fossé est notamment dû au rétablissement de la demande aux Etats-Unis et en Europe, à mesure que la situation économique s'améliore chez les deux plus gros consommateurs de cacao du globe, mais également à des besoins croissants en Asie et en Amérique latine, relèvent les analystes. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en juillet valait 1557 livres sterling vendredi, contre 1502 livres sterling le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en juillet valait 2341 dollars, contre 2210 dollars sept jours plus tôt. Café Le robusta est, quant à lui, tombé à Londres à son plus faible niveau depuis février 2012 tandis que l'arabica a marqué un nouveau plus bas à New-York depuis septembre 2009, avant de se reprendre légèrement. "Les cours du café ont atteint un nouveau plus bas en trois ans mardi, sous le coup de la très importante récolte brésilienne", a expliqué la revue spécialisée " The Public Ledger ". Bien qu'étant dans une année "creuse" de son cycle biennal de culture caféière alternant années fastes et années maigres, le Brésil devrait connaître en 2012/2013 une récolte de 48,6 millions de sacs, selon les prévisions officielles. C'est à peine moins que la récolte historique de l'année précédente (50,8 millions), qui était pourtant une année plantureuse. "L'annonce d'une hausse de 140% des exportations de café indonésien en mai, par rapport à l'année dernière, a aussi pesé sur les prix", a-t-on ajouté chez " The Public Ledger ". L'Indonésie est le troisième exportateur mondial de café, derrière le Brésil et le Vietnam. Au niveau mondial, les exportations de café d'octobre 2012 à avril 2013 ont augmenté de 7,1%, à 65,98 millions de sacs de 60 kilos, par rapport à l'année dernière, selon l'Organisation internationale du café (ICO). En cause également, le ralentissement de la demande: "il fait plus chaud dans l'hémisphère Nord et nous ne buvons pas autant de café (qu'en hiver) donc il y a un peu moins de demande actuellement", a souligné Jack Scoville, de Price Future Group. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en septembre valait 1867 dollars, contre 1892 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en juillet valait 127,25 cents contre 126,65 cents sept jours auparavant. Sucre Les prix du sucre sont restés stables, se maintenant toujours très proches de leur plus bas niveau depuis trois ans, pénalisés par un excédent record de production, estimé à près de 10 millions de tonnes par l'Organisation internationale du sucre (ISO). "Le sucre a plongé de 16% depuis le début de l'année, ce qui en fait l'une des matières premières ayant eu l'évolution la pire", ont indiqué les analystes de Commerzbank. "Toutefois, il y a de plus en plus de signes montrant que cette spirale baissière pourrait bientôt se terminer", espère-t-on chez Commerzbank. Les experts de la banque allemande citent notamment des averses retardant la récolte au Brésil, premier producteur mondial de sucre, et le fait qu'une part de plus en plus importante de la production de canne à sucre dans ce pays soit dédiée à la fabrication d'éthanol. Des incitations fiscales ainsi que la faiblesse des cours poussent en effet de plus en plus de producteurs à opter pour la fabrication de ce carburant alternatif à l'essence. Cela aidera à réduire l'excédent sur le marché mondial: pour l'année sucrière 2013-2014, le courtier Czarnikow prévoit un moindre surplus, de 3,9 millions de tonnes. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 479 dollars, contre 479,80 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 16,68 cents, contre 16,72 cents sept jours auparavant. Hausse du soja et baisse du blé Les cours du soja ont poursuivi leur hausse la semaine dernière, à Chicago, en raison de pluies qui retardent encore les semis, tandis que ceux du blé ont reculé, les exportations pâtissant de la découverte de blé OGM dans l'Oregon (ouest des Etats-Unis). "Les cours du soja ont encore gagné du terrain" vendredi en début d'échanges, a indiqué Bill Nelson, analyste de Doane Advisory, soulignant que les semis ont encore été retardés par des pluies. La persistance de conditions météorologiques défavorables dans les plaines productrices du Midwest américain risquait d'aggraver le retard de l'ensemencement du soja. L'ensemencement en soja dans les 18 Etats américains où est produite la quasi-totalité de ces graines oléagineuses s'établissait à 57% contre 93% l'an dernier et 74% en moyenne quinquennale selon le rapport hebdomadaire de l'USDA, le ministère de l'Agriculture, paru lundi. "Or les prévisions annoncent qu'il pleuvra encore ce week-end dans l'Iowa (centre des Etats-Unis), alors que maintenant les agriculteurs veulent désespérément planter leurs semis", car les perspectives de rendement de la récolte ne cessent de se réduire, a expliqué Bill Nelson. Les cours du maïs achevaient la semaine quasi inchangée, sous l'effet de facteurs contradictoires. "Le temps a été , ce qui soutient les prix mais côté exportation, on a appris que le gouvernement brésilien avait augmenté ses prévisions de production, alors que le Brésil est devenu un exportateur majeur de maïs", concurrençant la demande pour la production américaine de cette céréale, selon Bill Nelson. Selon les derniers chiffres ministériels, les semis de maïs étaient réalisés à 91% au 2 juin aux Etats-Unis alors qu'ils étaient totalement achevés l'an dernier à la même époque. Les cultures sont considérées "bonnes à excellentes" à 63% contre 72% l'an passé. De son côté, le blé a pâti de la révélation la semaine dernière que du blé transgénique non homologué développé il y a plus de dix ans par le géant américain de l'agrochimie Monsanto, qui avait été découvert dans un champ de l'Oregon alors que les essais à l'air libre sur ce programme de recherche avaient été interrompus en 2005. "Au moins à court terme, il y a des acheteurs asiatiques qui préfèrent commander du blé à d'autres pays, pendant que le gouvernement américain enquête", a expliqué M. Nelson. Le Japon, Taïwan et la Corée du Sud ont suspendu certaines importations de blé en provenance des Etats-Unis, premier exportateur mondial de cette céréale. L'USDA enquête et n'a fourni pour l'instant aucune explication, mais "ils ont dit que pour l'instant il n'y avait pas de signes de contamination" à d'autres Etats, a noté M. Nelson. Monsanto a déclaré mener d'autres tests en champs depuis 2011 sur de nouvelles semences de blé OGM, dans le Dakota du Nord (nord du pays). Autre facteur de baisse: "le temps est sec et chaud là où les plants sont prêts à être récoltés", a fait valoir M. Nelson, ajoutant que les récoltes allaient démarrer tard cette année. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet, le contrat de référence sur le marché, cotait à 6,6300 dollars vendredi en matinée contre 6,6200 dollars à la clôture vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance se situait à 7,0150 vendredi en matinée contre 7,0550 il y a une semaine. Le contrat sur le boisseau de soja, également pour livraison en juillet, s'échangeait à 15,3875 contre 15,1000 dollars vendredi dernier à la clôture.
