Les prix des matières premières alimentaires ont connu des fortunes diverses la semaine dernière, le sucre tombant à son plus bas niveau depuis deux ans tandis que le café repartait à la baisse et que le cacao rebondissait. La semaine a été marquée par l'absence de certains opérateurs en raison du passage lundi et mardi de l'ouragan Sandy sur l'est des Etats-Unis et d'un jour férié jeudi dans de nombreux pays européens. Cacao Les cours du cacao ont rebondi la semaine dernière, aidés par des inquiétudes sur l'offre en provenance de Côte d'Ivoire, le plus gros producteur de fève brune au monde. "Les stocks de cacao arrivés dans les ports ivoiriens (pour exportation) se sont établis à 87'000 tonnes entre le début de la saison (du cacao, début octobre) et le 28 octobre, comparé à 90'609 tonnes sur la même période un an plus tôt", a rapporté la revue spécialisée Public Ledger. Cependant, cette baisse de l'offre devrait n'être que temporaire car due en grande partie à une baisse de l'activité lors de jours fériés dans le pays pour les célébrations de la fête de l'Aïd Al-Adha fin octobre, ont souligné les spécialistes de Public Ledger. Ainsi, alors que la récolte ivoirienne 2012-2013 s'annonce abondante, les cours pourraient rapidement se trouver de nouveau sous pression. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1573 livres sterling vendredi dernier, contre 1547 livres pour le contrat de décembre le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2435 dollars la tonne contre 2391 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café sont repartis à la baisse la semaine dernière, malgré "les craintes (lundi et mardi) de voir l'ouragan Sandy endommager les entrepôts de café de l'est des Etats-Unis", ont noté les analystes de Commerzbank. En effet, "à la pression sur les cours exercée par la perspective d'une saison de récolte faste au Brésil" (le plus gros producteur mondial) en 2012/2013 selon le cycle de la culture caféière, "s'ajoute une hausse des exportations en provenance d'Amérique centrale, a-t-on expliqué chez Commerzbank. Dans l'ensemble, l'offre de café mondiale est abondante, les exportations de café sur la saison d'octobre 2011 à septembre 2012 ont ainsi augmenté de 2,95% à 107,8 millions de sacs de 60 kg, selon des chiffres publiés mercredi par l'Organisation internationale du café (ICO). Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en janvier valait 1973 dollars vendredi dernier, contre 2048 dollars pour le contrat de novembre une semaine auparavant. Le cours de la tonne de robusta est tombé mercredi dernier, à 1935 dollars, son niveau le plus faible depuis six mois. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 154,10 cents contre 160,50 cents sept jours auparavant. Le prix de la livre d'arabica est tombé jeudi à 152,80 dollars, son niveau le plus bas depuis fin juin. Sucre Les cours du sucre ont accentué leur repli la semaine dernière, tombant mercredi à New York à 19,18 cents la livre, au plus bas depuis le 21 septembre, et jeudi à Londres à 518,30 dollars la tonne, un plus bas depuis fin août 2010. Comme le faisait remarquer Thomas Kujawa, analyste du cabinet Sucden, les cours restent plombés par des conditions météorologiques plus favorables que prévu au Brésil qui impliquent la perspective d'une récolte abondante pour le plus gros exportateur de sucre au monde. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 520,60 dollars vendredi dernier, contre 531 dollars une semaine auparavant . Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 19,41 cents contre 19,56 cents sept jours auparavant. Le dollar pénalise les cours du blé, maïs et soja Les cours du blé, du maïs et du soja ont reculé la semaine dernière à Washington, pâtissant particulièrement vendredi dernier, de l'annonce d'une hausse des créations d'emplois aux Etats-Unis en octobre qui faisait remonter le dollar. "Le rapport mensuel officiel sur l'emploi aux Etats-Unis a montré des bons chiffres sur la croissance de l'emploi, entraînant un rebond du dollar, ce qui a un impact négatif sur les matières premières", a indiqué Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Le renchérissement du billet vert rend en effet moins attractifs les achats de produits libellés en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Plus tôt dans la semaine, les courtiers avaient surveillé avec attention les prévisions météorologiques en Amérique du Sud, qui influencent en ce moment les cours du soja et du maïs, a souligné M. Nelson. "Il y a actuellement trop de pluies en Argentine et pas assez au Brésil. Les semis de soja et de blé sont donc retardés par rapport à l'an dernier. Mais les prévisions évoluent et on espère maintenant un temps plus sec en Argentine et plus de pluies au Brésil", a-t-il expliqué. "On avait prévu que l'Amérique du Sud produirait une récolte record de maïs cette année mais ceci est remis en cause avec le retard des semis", a détaillé Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Ce serait une bonne nouvelle pour la céréale américaine, dont le prix reste "supérieur de 30 dollars" à celui du maïs argentin. Les analystes attendaient aussi une "récolte record de soja en Amérique du Sud", des prévisions qui pourraient aussi être remises en cause par les actuelles conditions météorologiques, a ajouté M. Strickler. Le prix de l'oléagineux a profité plus tôt dans la semaine de bonnes exportations, soutenues notamment par la forte demande de la Chine, a indiqué l'expert. Le marché du blé a de son côté été affecté par la météo particulièrement sèche qui affecte la région des Plaines aux Etats-Unis.Selon le relevé hebdomadaire de l'administration sur l'état des cultures arrêté au 28 octobre et publié mercredi soir, seulement 40% des semis de blé d'hiver sont jugés en bonne ou excellente condition à cause de ces conditions climatiques, ce qui est le plus faible pourcentage depuis que ces données sont tenues, soit depuis 1985. Les investisseurs continuent par ailleurs de surveiller les messages contradictoires envoyés par l'Ukraine sur un possible embargo des exportations de blé à partir du 15 novembre. "S'il est effectivement appliqué, ce serait une bonne nouvelle pour le blé américain", a remarqué M. Nelson. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait vendredi à la mi-séance à 7,3850 dollars contre 7,4350 dollars la semaine précédente. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 8,6200 dollars contre 8,7600 dollars vendredi dernier. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre valait 15,3375 dollars contre 15,5825 dollars en fin de semaine dernière.