Le vice-président du département commercialisation de Sonatrach, M. Chawki Mohamed Rahal, a évoqué, hier et en marge des travaux d'un congrès international du gaz à Paris, le projet de vente de gaz en France par la compagnie nationale d'un volume “d'un milliard de mètres cubes”, dans un premier temps, “à partir de 2010”. Cette intervention directe sur le marché français de la consommation permettra de "contribuer à la sécurité des approvisionnements", a-t-il expliqué. "Pour le moment on est en train de travailler sur les montages des sociétés en Espagne et en Italie, parce qu'elles sont prioritaires, mais je pense qu'à partir de fin 2008 on devra commencer à travailler sur les moyens de notre participation dans l'approvisionnement du marché français", a-t-il précisé. Aussi, cette perspective ne semble pour autant inquiéter Gaz de France. Bien au contraire, il s'en réjouit. Le directeur général délégué de GDF, M. Jean-Marie Dauger, a souligné, à l'occasion, que le projet de la compagnie nationale Sonatrach pour vendre directement du gaz sur le marché français "est une excellente nouvelle". M. Dauger s'est dit "très content" que Sonatrach projette de vendre directement du gaz, sans intermédiaire, sur le marché français. Avant d'ajouter que Sonatrach "a réservé des capacités de réception de GNL algérien dans un de nos terminaux" et "va commercer à commercialiser du gaz en France". Par ailleurs, le Directeur général délégué de GDF a déploré "l'ancien système européen" qui consistait à définir des stratégies commerciales énergétiques "sans tenir compte de l'avis des fournisseurs, sans les consulter". "Aujourd'hui, la donne a changé" car les pays fournisseurs "ont maintenant les moyens financiers pour gérer leur propre politique commerciale et leurs investissements", a-t-il relevé. Il en a déduit que GDF et ses fournisseurs "devraient engager des relations plus apaisées". "Je parle ici de la Russie car la relation (avec ce pays) reste chaotique", a-t-il tenu à préciser, ajoutant qu'avec l'Algérie "la relation est très équilibrée" et "de bonne qualité". "Oui, l'Algérie est un pays fiable", en matière de sécurité des approvisionnements, a-t-il dit. M. Dauger a fait valoir les nombreuses relations de partenariat entre GDF et Sonatrach, tant en amont (production) de la chaîne gazière qu'en son aval (commercialisation), citant le cas de la "société mixte qui vend du gaz notamment aux Etats-Unis". Il s'agit d'une forme de partenariat "où chacun trouve son compte", a-t-il poursuivi, ajoutant que les deux compagnies coopèrent "dans certains projets qui ne sont pas exclusifs, car Sonatrach a d'autres partenariats, sa propre stratégie". "Mais depuis quelques années nous avons enrichi nos relations de partenariat au-delà de la simple relation acheteur-vendeur de gaz à long terme", a encore souligné M. Dauger, ajoutant que "nous combinons nos forces pour donner plus de valeur à l'un et l'autre". Le thème récurrent de la sécurité des approvisionnements énergétiques et les perspectives d'une politique énergétique européenne ont focalisé hier le programme du Congrès du Gaz 2007 qui s'était ouvert mardi pour trois jours. Les historiques de l'énergie française, dont GDF (gaz), le pétrolier Total, EDF (électricité), ainsi que des institutions comme l'AIE et des cabinets de consulting internationaux, ont débattu de la sécurité des approvisionnements, faisant valoir la nécessité de "diversifier les approvisionnements" et de "sécuriser les stocks", à un moment où se pose également la question de la sécurité de la demande pour les fournisseurs. A une question sur ce dernier point, M. Chawki Mohamed Rahal a rappelé qu'"à un moment donné, on voulait nous imposer d'éliminer les contrats à long terme, ce qui ne sécurise pas la demande". Il a souligné la nécessité d'un partenariat vendeur-acheteur qui puisse "permettre d'appréhender ce risque-volume (de la demande) car on va investir énormément d'argent pour amener le gaz vers les marchés". "Ce risque-volume, il faut le partager entre l'acheteur et le vendeur, de même qu'il faut partager le risque-prix", a-t-il dit. De nombreuses tables rondes et une quinzaine d'ateliers ont été retenus pour débattre de toute la chaîne gazière durant ce Congrès auquel participent également des représentants du ministère de l'Energie et de la compagnie Sonelgaz. La première journée de ce forum, organisé par l'Association française du gaz (AFG), un syndicat gazier, avait été consacrée notamment à l'ouverture des marchés en Europe. Le marché européen de l'énergie s'est totalement ouvert le premier juillet dernier, mais reste en butte à moult interrogations liées notamment aux difficultés d'accès pour les fournisseurs étrangers en plus des petits opérateurs européens alternatifs, du fait du poids des monopoles historiques, et l'impact sur les prix à la consommation.