Le chargé d'affaires américain à Islamabad a été convoqué, avant-hier, au ministère pakistanais des Affaires étrangères au lendemain d'une attaque de drone américain qui a tué sept personnes dans un district tribal du nord-ouest du pays. Il a été communiqué au chargé d'affaires américain que le gouvernement du Pakistan condamne fermement les frappes par des drones, qui constituent une violation de la souveraineté du Pakistan et de son intégrité territoriale, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ce tir de missiles par un drone américain contre une base présumée d'insurgés était la première attaque de ce genre après que le nouveau Premier ministre en eut demandé l'arrêt lors de sa prise de fonction mercredi. Le diplomate américain Richard Hoagland a été convoqué au ministère à la demande du Premier ministre, a-t-il été précisé. Il a aussi été signifié (au diplomate américain) que le gouvernement pakistanais a toujours jugé que les frappes par des drones sont contre-productives, entraînent des pertes de vies innocentes de civils et ont des implications en termes humanitaires et de droits de l'homme, a ajouté le ministère. Enfin, les autorités pakistanaises ont fait valoir auprès de M. Hoagland que ces frappes ont un impact négatif en ce qui concerne le désir des deux pays de nouer une relation cordiale de coopération et d'assurer la paix et la stabilité de la région. En dépit de cette protestation, le commandant de la force internationale en Afghanistan (Isaf), le général américain Joseph F. Dunford, a rencontré comme prévu samedi à Rawalpindi, près d'Islamabad, le commandant en chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, avec son homologue afghan, le général Sher Muhammad Karimi. Les trois (chefs militaires) ont parlé de sujets d'intérêt mutuel, et plus particulièrement de mesures de coordination à la frontière pakistano-afghane et des procédures mises en place pour améliorer le contrôle de la frontière, selon un communiqué de l'armée pakistanaise. Les deux missiles tirés vendredi par un drone ont frappé des installations à Shokhel, un village du Waziristan du Nord, district tribal du Nord-Ouest connu pour être un bastion des talibans et d'autres insurgés islamistes liés au réseau Al-Qaïda, selon un responsable local de la sécurité. Un autre responsable a confirmé la frappe et les pertes qu'elle avait causées, mais a déclaré que l'identité des personnes tuées n'était pas connue. M. Sharif a placé parmi ses priorités, avec le redressement économique du pays, la défense de la souveraineté territoriale face aux tirs des avions sans pilote américains visant les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda. Il y a exactement une semaine, Nawaz Sharif avait fermement condamné la précédente frappe de drone américain, qui avait provoqué deux jours plus tôt la mort du numéro deux du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), Wali ur-Rehman. Depuis août 2008, près de 300 bombardements de drones américains ont fait plus de 2 000 morts, en très grande majorité des combattants islamistes, selon les autorités pakistanaises, alors que d'autres sources parlent de plus de 3.500 morts. Si les Etats-Unis assurent qu'ils sont précis, ils font aussi des victimes civiles et alimentent le fort sentiment antiaméricain au Pakistan. Islamabad est depuis plus de dix ans un allié essentiel des Américains dans la guerre contre le terrorisme qu'ils livrent dans la région, notamment dans l'Afghanistan voisin. Mais les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, jugées cruciales pour régler le conflit en Afghanistan, sont difficiles.