La France officielle qui déclare urbi et orbi que nous n'avons " pas d'Etat digne de ce nom ", ni " d'armée digne de ce nom, considère certainement que nous n'avons pas non plus d'existence en tant que peuple pour aller jusqu'à se demander " à qui remettre les clés " et à exiger l'organisation de nos élections en juillet 2013. Elle s'accommode par ailleurs de l'annulation de la concertation nationale qui devait permettre de prendre ensemble entre Maliens le pouls de notre pays. Elle s'accommode tout autant de l'état d'urgence instauré, puis prolongé une première fois, et une seconde fois de manière à " sécuriser " la transition. " Je n'ai pas le sentiment que la "''guerre contre le terrorisme'' ait apporté la paix en Irak, en Afghanistan et en Libye, et que les casques bleus ont su garantir aux populations de la République Démocratique du Congo et en Haïti la sécurité que celles-ci étaient en droit d'attendre d'eux ". Mais je suis persuadée qu'il y a, en chaque Malienne et chaque Malien un (e) soldat(e), un (e) patriote qui doit pouvoir participer à la défense de ses intérêts et du Mali à partir d'une bonne connaissance de son état réel dans l'économie mondialisée. Ces propos de Mme Aminatou Drahmann Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, résume à eux seuls la réelle situation dans ce pays et en Afrique en général du fait de l'intervention étrangère. Sa réponse est claire : " Le Mali est à rendre aux Maliens. Nous pouvons en prendre le plus grand soin parce que nous savons, nous les peuples du Sahel, que les rochers finissent par fleurir à force d'amour et de persévérance ". Les richesses du continent plus que jamais convoitées A la faveur de l'opération militaire baptisée " Serval " lancée au mois de janvier 2013 par la France au Nord du Mali, vouée selon l'Elysée à ramener l'ordre, la sécurité et la lutte contre les groupes terroristes, rien de palpable n'indique que les " efforts " de Paris ont contribué à sortir ce pays du désordre. Cette présence militaire au Mali contraste avec l'incapacité de l'Union africaine de " gouverner " le continent sur le plan sécuritaire, sinon comment accepté la présence de force militaire un peu partout en Afrique et dont l'enjeu a pour finalité la puissance de la défense des intérêts de nombre de pays occidentaux qui convoitent les richesses des pays africains qui se complaisent encore dans l'ignorance des véritables visées impérialo-coloniales et qui ont ligne d'arrivée de bouleverser la façon d'être des faibles sans leur demander leurs avis pour justement " cultiver " leurs économies mais aussi le goût et l'exercice de la domination. La France qui a son propre agenda en ce qui concerne le Mali en particulier et le continent en général, doit savoir qu'il ne suffirait pas d'arracher le Nord du Mali aux groupes terroristes pour que les problèmes essentiels de la région subsaharienne soient résolus. A ce sujet, c'est à l'Union africaine de se mettre en pole position et d'assumer ses responsabilités pour garantir la stabilité politique, maintenir l'enthousiasme des peuples africains dans leur édification. Pour détruire les groupes terroristes, la société civile africaine a affirmé en plusieurs occasions que les occidentaux et les Etats-Unis ne peuvent seuls s'arroger la capacité de le faire seuls. Et encore ; c'est seulement quand on ne prend pas en considération la formation historique, les réalités géographiques, les problèmes sociaux et ethniques et l'histoire du nationalisme africain que l'on peut défendre l'idée illusoire que la transformation d'une Afrique libre, indépendante sur les plans politique et économique et unie puisse être l'œuvre d'étrangers. Le Mali et l'Afrique paieront très cher cette illusion, plutôt ce vouloir occidental. Un continent divisé Comment pourrait-on atteindre ces objectifs si les dirigeants et les partis politiques africains entrent dans l'ère de l'ingérence étrangère divisés par la haine et les ambitions ? Il n'y a pas de doute que ces conditions ne sont guère favorables au respect de la souveraineté des Etats et des peuples, mais encourage au contraire la poursuite des guerres fratricides, l'instabilité sociale, l'écroulement des Etats, la pénétration étrangère et la désintégration territoriale à l'image de ce qui se passe au présent au Mali. Tout cela mènera au chaos, au discrédit du continent, à la trahison des sacrifices des peuples pour que l'Afrique devienne libre, digne et pacifique. Tout observateur impartial ne peut qu'être d'accord avec cette analyse extrêmement d'actualité de la situation au Mali et par ricochet en Afrique. Car la politique et l'économie du continent se décident ailleurs. L'Afrique devrait se forger sa propre défense Le choc est rude, la perte est immense, ses conséquences encore inéluctables. Comme pour le Mali. Comme pour toute l'Afrique qui devrait être combattante et progressiste. Aujourd'hui, il est " obligatoire " à l'Afrique de se forger sa propre protection à s'inscrire davantage dans les idéaux de justice et de liberté sans attendre les directives de Paris ? Londres, Washington etc. L'Afrique, en prenant appui sur ses propres forces, serait capable de colmater immédiatement toutes les brèches. Mieux : de passer à l'offensive en mettant sur pied les moyens de sa défense. C'est-à-dire que les troupes de paix en Afrique devraient venir de l'intérieur même de la région et non d'ailleurs. Un instrument inévitable afin de faire face à la présence militaire étrangère sur le sol africain Face aux conflits et aux violences qui secouent toujours le continent, l'accélération de " semer " une Force africaine chargée du maintien de la paix, devrait se matérialiser en urgence à partir du territoire malien, notamment qu'il est prévu de composer cette force de cinq brigades régionales, avec des composantes militaire, civile et de police. Elle devrait déployer 25 000 hommes, pur atteindre, à terme, les 75 000. Les sièges de ces brigades seront installés à travers le continent africain, un par région (Afrique du Nord- de l'Ouest, centrale, de l'est et australe). Et comme l'a souligné l'ancienne ministre de la Culture du Mali, il s'agit de plaider pour en élan de solidarité qui prenne le contre-pied de la militarisation, restitue la dignité, préserve la vie et les écosystèmes. " Tout irait dans le bon sens si les 15 000 soldats étaient des enseignants, des médecins, des ingénieurs et si les milliards d'euros, qui sont dépensés, étaient destinés à ceux et celles qui ont le plus besoin. Nos enfants n'auraient pas besoin de se faire tuer en soldats mal payés en narcotrafiquants ou en fous de Dieu ".