Le marché du travail allemand a fait étalage de sa robustesse au mois de juin, avec un recul surprise du nombre de chômeurs, alors que le continent européen peine à lutter contre ce fléau. Au total, le pays comptait 12 000 chômeurs de moins en juin même si le taux de chômage est resté stable, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés jeudi par l'Agence pour l'emploi. En données corrigées, le taux de chômage s'inscrit à 6,8% en juin, un niveau identique à celui de mai, qui a été légèrement revu en baisse, et de retour à son plus bas niveau depuis la Réunification du pays, comme le souligne Christian Schulz, économiste chez Berenberg. Les économistes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient eux à l'inverse sur une hausse du nombre de chômeurs (en données ajustées) de 5 000 personnes et un taux de chômage de 6,9%. Sur un an, le nombre de chômeurs a toutefois augmenté de 56 000, toujours selon les données corrigées. En données brutes, le taux de chômage a lui reculé à 6,6%, contre 6,8% le mois précédent, portant le nombre de chômeurs total à 2,865 millions de personnes. "Le marché du travail allemand se montre dans l'ensemble bon. Il évolue de manière robuste malgré le difficile environnement conjoncturel", a commenté, dans un communiqué, le président de l'Agence pour l'Emploi, Frank-Jürgen Weise. Si la fin de l'année dernière a été difficile pour l'économie allemande et la reprise du début 2013 beaucoup plus laborieuse que prévu, l'Allemagne continue de s'appuyer sur la résistance de sa consommation intérieure et de son marché du travail pour tabler sur une accélération plus tard dans l'année. Alors qu'un accès de faiblesse ces derniers mois sur le marché de l'emploi avait fait naître quelques craintes, "l'impact de la crise de l'euro de l'an dernier semble maintenant commencer à s'estomper, de telle façon que la croissance de l'emploi peut reprendre", estime M. Schulz. "Le marché allemand du travail reste solide comme un roc. La success story continue", a commenté Carsten Brzeski, économiste chez ING, y voyant même "l'exemple de réformes du marché du travail réussies". Grâce à la flexibilité apportée par les réformes du début des années 2000, "le marché de l'emploi allemand a besoin de moins de croissance qu'avant pour créer des emplois". Meilleure santé Alors qu'un accès de faiblesse ces derniers mois avait fait naître quelques craintes, "l'impact de la crise de l'euro de l'an dernier semble maintenant commencer à s'estomper, de telle façon que la croissance de l'emploi peut reprendre", a estimé son confrère de la banque Berenberg, Christian Schulz. "Le marché du travail continue à être en bien meilleure santé en Allemagne que dans la plupart des autres pays européens et l'effet de la crise de la zone euro sur l'emploi n'a été que modeste", a renchéri Timo Klein, de chez IHS Global Insight. La situation allemande contraste en effet au plus haut point avec celle de l'ensemble de la zone euro, où le chômage atteint des niveaux records. En mai, il a encore grimpé, à 12,2%, un taux moyen qui masque de fortes disparités entre l'Autriche et l'Allemagne d'un côté, qui ont le chômage le plus faible, et des pays comme la Grèce ou l'Espagne où il dépasse les 26%. Au cœur des inquiétudes, le chômage des jeunes, thème d'ailleurs central du sommet européen qui s'ouvre jeudi après-midi à Bruxelles. Là aussi, avec seulement 5,6% de jeunes de 15 à 25 ans sans emploi, l'Allemagne, dont le système d'apprentissage est souvent loué, se démarque nettement du reste de l'Europe. En Grèce ou en Espagne, plus d'un jeune sur deux est au chômage. Le Portugal et l'Italie ne sont pas loin non plus de ce niveau dramatique. L'Allemagne, qui cherche à attirer de la main d'œuvre jeune et qualifiée pour compenser le vieillissement de sa population, s'affiche comme l'un des moteurs de ce combat contre le chômage des jeunes. C'est à Berlin que se tiendra le 3 juillet une rencontre des ministres européens de l'Emploi sur cette question. Croissance plus forte attendue Pour le reste de l'année, le marché du travail allemand devrait continuer à se montrer sous son meilleur jour. "Nous nous attendons à ce que sur la deuxième moitié de l'année, la croissance économique soit plus forte, ce qui signifie (...) que nous pourrons rattraper en partie ce que nous n'avons pas réussi à faire au premier et au deuxième trimestres", notamment à cause d'un hiver long et froid, estimait mercredi Heinrich Alt, membre du directoire de l'Agence pour l'emploi, lors d'une rencontre avec la presse. Ayant " bien surmonté" le ralentissement conjoncturel et le long hiver, "le marché du travail peut désormais rapidement reprendre son envol", a assuré pour sa part la ministre allemande de l'Emploi, Ursula von der Leyen, citée dans un communiqué.
Les commandes de machines-outils reculent en mai Les commandes de machines-outils allemandes, secteur clé de l'économie du pays, sont retombées en mai, après son rebond d'avril, en raison d'un net recul en Allemagne, selon les chiffres publiés, avant-hier, par la fédération du secteur. En mai, les commandes ont reculé, à prix constants, de 5% par rapport à mai 2012, en raison d'une baisse de 14% des commandes en provenance d'Allemagne, alors que celles en provenance de l'étranger sont restées stables, précise la fédération VDMA dans un communiqué. Après un premier trimestre jugé décevant, le rebond enregistré en avril par les entrées de commandes de machines-outils, de +8%, n'aura donc été que de courte durée. "Les intentions d'investissement au niveau mondial ne donnent pas un signal clair de progression. Si la demande en provenance de l'étranger a pu maintenir son niveau sur un an, les commandes domestiques déçoivent", a commenté, dans un communiqué, Ralph Wiechers, chef économiste de la fédération Sur la période courant de mars à mai, davantage représentative d'une tendance de fond, les commandes de machines-outils ont stagné par rapport à la même période il y a un an. Celles en provenance d'Allemagne ont baissé de 8% quand celles de l'étranger ont gagné 3% sur un an.
L'inflation grimpe à 1,8%, son plus haut cette année L'inflation a accéléré en juin en Allemagne, passant à 1,8% contre 1,5% encore le mois précédent sur fond de hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation, selon un chiffre provisoire publié par l'Office fédéral des statistiques. L'indice des prix à la consommation affiche ainsi son niveau le plus haut cette année, mais en restant installé sous 2%, plafond que fixe la Banque centrale européenne (BCE) à l'inflation en zone euro. Entre mai et juin, les prix ont augmenté de 0,1% en données corrigées des variations saisonnières en Allemagne, là où les analystes interrogés par Dow Jones Newswires attendaient une stagnation. C'est la deuxième hausse consécutive après celle d'avril et cela "met définitivement fin à la tendance à la baisse", commente Thilo Heidrich, de Postbank. En cause l'énergie, qui s'est renchérie de 3% sur un an, et l'alimentaire (+5,4%). Ulrike Rondorf, analyste de Commerzbank, attribue la hausse des prix dans ce secteur en partie aux inondations qui ont touché l'Allemagne au début du mois, et ont perturbé les livraisons par endroits. Certains produits de grande consommation ont vu leur prix s'envoler: c'est le cas du beurre, qui est de 38% plus cher que l'an dernier en Rhénanie du nord-Westphalie, selon un communiqué de l'Office des statistiques régional. Dans ce Land, le plus peuplé d'Allemagne, l'inflation pointe à 2,1% en juin. Le chiffre provisoire de l'inflation est calculé sur la base de données fournie par cinq des 16 Länder allemands. De manière générale, "l'Allemagne connait en ce moment une évolution modérée des prix", analyse M. Heidrich de Postbank, qui voit l'indicateur de stabiliser sous 2% dans les mois à venir.
Rebond surprise de 0,8% des ventes au détail en mai Les ventes au détail en Allemagne ont connu un rebond surprise en mai, gagnant 0,8% sur un mois, selon les chiffres provisoires et ajustés publiés par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires tablaient en moyenne sur un recul de 0,3% de cet indicateur très volatil et soumis à de fréquentes révisions. Le chiffre d'avril, corrigé des variations saisonnières et calendaires, a d'ailleurs été revu à la hausse, puisque son recul se limite finalement à 0,1%, alors qu'une baisse de 0,4% avait été annoncée initialement. En mai sur un an, la progression du commerce du détail a été un peu moins forte, de 0,4% à prix constants. Mai 2013 et mai 2012 ont eu le même nombre de jours d'activité. La hausse s'est ressentie dans l'alimentation, les boissons et le tabac, avec une progression de 1,5% sur un an. En revanche, dans le non-alimentaire, les ventes sont en recul de 0,5% sur un an. De janvier à mai, les ventes au détail s'affichent en petite hausse de 0,2% par rapport à la même période de l'an dernier.