Malgré le ralentissement économique général, le marché du travail allemand continue de bien se porter, avec un taux de chômage de 6,9% en avril, stable sur un mois en données corrigées des variations saisonnières (CVS), selon les chiffres publiés, avant-hier, par l'Agence pour l'emploi. Ce chiffre contraste avec le record atteint en zone euro en mars, qui s'établit à 12,1% de la population active concernée, selon les chiffres publiés le même jour par l'institut européen de statistiques Eurostat. Le nombre de chômeurs allemands, toujours en données CVS, a progressé de 4 000 personnes en avril par rapport à mars, soit plus qu'attendu par le consensus d'analystes réuni par l'agence Dow Jones Newswires, qui prévoyait 2000 chômeurs de plus, une progression toutefois minimisée par les analystes. Sur un an, l'Allemagne comptait 57.000 demandeurs d'emploi en plus en avril (CVS), selon l'Agence qui constate que la demande de main d'oeuvre a été plus faible que l'an dernier à la même période. En données CVS, le taux de chômage se maintient à 6,9% depuis le mois d'octobre 2012. Le taux de chômage brut a lui reculé, à 7,1% contre 7,3% le mois précédent. "Le marché du travail allemand continue d'afficher globalement une bonne tenue mais les derniers développements pointent une certaine faiblesse", a commenté le président de l'Agence pour l'emploi, Frank-Jürgen Weise, dans un communiqué. Une faiblesse liée au ralentissement économique engendré par la crise de la dette en zone euro, qui a fini par rattraper l'Allemagne. Après un recul du PIB allemand au quatrième trimestre 2012, l'économie du pays est repartie mais a toutefois été freinée par un hiver anormalement long et froid. Le gouvernement allemand table sur une croissance de 0,5% pour cette année mais les incertitudes demeurent sur le niveau atteint au premier trimestre. Le chiffre est attendu le 15 mai. "Le ralentissement de la croissance économique en Allemagne laisse des traces sur le marché du travail", commente Ralph Solveen, analyste chez Commerzbank. "Néanmoins, même si le chômage a quelque peu augmenté récemment, le tableau du marché de l'emploi allemand n'est pas particulièrement sombre. Après tout, le niveau de l'emploi a aussi continué à augmenter". Pour Timo Klein, d'IHS, "cela vaut la peine de noter que le recul du PIB au dernier trimestre de 2012 et l'hiver particulièrement sévère et long n'ont pas mené à une détérioration nette du chômage au cours des mois récents". Il s'attend à un marché du travail "largement stable" à court terme. Alors que la plus grande crainte en Allemagne est le manque de main d'œuvre, dans un contexte de vieillissement de la population, "les entreprises allemandes ne réagissent pas beaucoup à ce qu'elles considèrent comme une pause temporaire et cyclique dans la croissance de leurs exportations" tandis que les hausses de salaires consenties et une inflation de 1,2% en avril constituent autant de bons signes pour la demande domestique, estime de son côté Holger Schmieding, chef économiste chez Berenberg.