Les prix de l'or et de l'argent ont poursuivi leur effondrement cette semaine, à mesure que s'améliore l'économie américaine. Il devient patent, que reculent des craintes inflationnistes déjà peu vives et s'accélère le désintérêt des investisseurs envers les métaux précieux. Or L'or a de nouveau dégringolé cette semaine, perdant 100 dollars pour la deuxième semaine de suite. Le métal jaune est passé sous la barre des 1 200 dollars, jeudi, pour la première fois depuis presque trois ans, avant de tomber vendredi à son plus bas niveau depuis le 3 août 2010, à 1 180,50 dollars. L'or a perdu près de 30% depuis le début de l'année, effaçant 200 dollars en deux jours à la mi-avril puis plus de 200 dollars depuis le 19 juin. Il est maintenant très loin de son pic historique de septembre 2011 (1 921,15 dollars). La chute du métal jaune depuis le 19 juin a été provoquée par l'annonce, ce jour-là, d'un possible calendrier de retrait progressif des mesures de soutien de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie des Etats-Unis. Ce soutien, qui prend notamment la forme d'injections de liquidités qui diluent la valeur du billet vert, pouvait faire craindre un rebond de l'inflation. La perspective d'un arrêt prochain de ces injections diminue donc d'autant les craintes inflationnistes, au demeurant peu élevées actuellement - ce qui pénalise l'or traditionnellement utilisé comme un bouclier contre la hausse des prix à la consommation. La Fed ayant conditionné le resserrement de sa politique monétaire à la poursuite de l'amélioration de la conjoncture américaine, chaque manifestation de bonne santé de l'économie américaine porte un coup à l'or. C'est ainsi que le métal jaune a fortement reculé mercredi puis vendredi, suivant la publication de bons indicateurs américains mardi et jeudi. Du coup, les investisseurs fuient le métal jaune, dans un mouvement qui a tendance à s'auto-entretenir : "les retraits (des ETF, ces fonds d'investissements adossés à des stocks physiques d'or) ont atteint 69,5 tonnes en juin, portant les sorties nettes à 541 tonnes depuis un an", a estimé Suki Cooper, analyste chez Barclays. "Alors que le marché physique (la demande d'or sous forme matérielle et non d'actif financier) a été capable de suspendre la chute de l'or en avril, cette fois, les données préliminaires suggèrent une demande physique bien plus faible", a continué Mme Cooper, notant que les volumes échangés en Chine sur le Shanghai Gold Exchange ont été plus faibles que ceux de la semaine dernière. La demande en provenance d'Inde, premier consommateur mondial, est également déprimée, suite à l'instauration de mesures pour limiter l'entrée d'or dans le pays. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1 192 dollars au fixing du soir, contre 1 295,25 dollars la semaine précédente. Argent Dans le sillage de l'or, auquel il constitue une alternative bon marché, l'argent a chuté cette semaine. Le métal blanc "ne s'en est pas sorti indemne et a reculé de 5% cette semaine et de 39% depuis un an", a calculé Suki Cooper. L'once d'argent a terminé la semaine à 18,86 dollars, contre 19,87 dollars sept jours auparavant. Platine/Palladium Les métaux platinoïdes, qui sont principalement utilisés dans l'industrie automobile pour la construction de pots catalytiques, ont reculé cette semaine, entraînés par la dégringolade de l'or. L'once de platine est brièvement passée, vendredi, sous la barre des 1 300 dollars, pour la première fois depuis octobre 2009, tombant à 1294,60 dollars. Quant au palladium, il a marqué la veille un plus bas depuis mi-novembre 2012, à 630,50 dollars l'once. Hormis l'impact persistant des déclarations de la Fed, "des inquiétudes sur la croissance économique en Chine (...) et l'absence de menace immédiate d'interruptions de la production en Afrique du Sud (premier producteur mondial avec 70% de parts de marché)" ont également affaibli les prix des métaux platinoïdes, a estimé Platinum Today, un site d'information appartenant au premier affineur mondial de platinoïdes Johnson Matthey. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1 317 dollars, contre 1 395 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 643 dollars, contre 672 dollars la semaine précédente.
Les prix du cuivre et de l'aluminium fondent Les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont évolué en ordre dispersé cette semaine, cuivre, aluminium et nickel marquant de nouveaux plus bas depuis trois ou quatre ans, tandis que le plomb, l'étain et le zinc se reprenaient timidement. "Les métaux vont probablement terminer le trimestre actuel avec d'énormes pertes", ont pointé les analystes de Commerzbank, citant à titre d'exemple la chute d'environ 10% du cuivre, le métal considéré comme le baromètre du marché. Les métaux industriels ont été particulièrement affectés en début de semaine par une forte hausse des taux auxquels les banques se prêtent entre elles à court terme en Chine. Le spectre d'une crise bancaire chez le premier consommateur mondial de métaux de base a beaucoup inquiété les opérateurs, un assèchement des liquidités pouvant conduire les banques chinoises à moins prêter aux entreprises. La Chine montre actuellement des signes d'essoufflement, après des années de croissance mirobolante : la deuxième économie mondiale a affiché une croissance de 7,8% en 2012, soit son rythme le plus faible depuis 13 ans, et n'a progressé que de 7,7% au premier trimestre, bien en deçà des prévisions des analystes. Pour beaucoup d'experts, un appétit moindre de la Chine pour les métaux est le plus grand risque pesant sur le cours des métaux de base, la demande chinoise étant plus importante que celle des Etats-Unis, de la zone euro et du Japon confondus. Le renforcement du dollar face aux autres grandes devises, suite à l'annonce d'un resserrement prochain de la politique monétaire expansionniste aux Etats-Unis, a également pénalisé les métaux, libellés dans la monnaie américaine. Un dollar plus fort rend l'achat de ces matières premières plus couteux pour les investisseurs munis d'autres devises. Le CUIVRE est tombé mardi à un point bas depuis mi-juillet 2010, à 6 602 dollars la tonne, pénalisé par une offre excédentaire, des stocks du LME au plus haut depuis dix ans et une demande déprimée. "En baisse d'environ 10% (depuis début avril), le cuivre va probablement signer son plus faible trimestre en presque deux ans", ont relevé les analystes de Commerzbank. Selon le Groupe international d'études sur le cuivre (ICSG), le marché mondial du cuivre a souffert d'un excédent de 222 000 tonnes de métal rouge raffiné au premier trimestre, en raison d'une hausse de la production minière de 11% en rythme annuel. Sur la même période, la demande a baissé de 5,3%, en grande partie à cause de la Chine dont la demande "apparente" - les stocks non déclarés pouvant altérer les données - a fléchi de 10%, en raison d'une chute de 46% des importations de cuivre raffiné. Enfin, l'américain Freeport-McMoRan a été autorisé à rependre la production dans sa mine géante de Grasberg, en Indonésie, d'où sort 4% de l'offre mondiale de cuivre. L'ALUMINIUM et le NICKEL ont atteint cette semaine leur minimum depuis quatre ans, à respectivement à 1 758 dollars la tonne jeudi et 13 525 dollars la tonne mardi, souffrant tous deux d'une offre surabondante. "L'aluminium n'a pas chuté aussi brutalement (que le cuivre), mais il s'échange actuellement à des plus bas depuis quatre ans", a-t-on souligné chez Commerzbank. Les experts de la banque allemande prévoient néanmoins un rebond des prix dans les prochaines semaines, "la chute des cours sur le LME rendant les importations d'aluminium attractives pour la Chine". Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 6 764,50 dollars la tonne cette semaine, contre 6 810 dollars sept jours auparavant. L'aluminium valait 1 777 dollars la tonne, contre 1 795 dollars. Le plomb valait 2 060 dollars la tonne, contre 2 026 dollars. L'étain valait 19 775 dollars la tonne, contre 19 605 dollars. Le nickel valait 13 749 dollars la tonne, contre 13 835 dollars. Le zinc valait 1 856 dollars la tonne, contre 1 849 dollars.