L'Equateur a annoncé renoncer à son accord douanier avec les Etats-Unis qui lui valait des tarifs préférentiels, dénonçant cet accord comme un instrument de chantage au moment où Quito étudie la demande d'asile de l'informaticien Edward Snowden, recherché pour espionnage par Washington. L'Equateur renonce de manière unilatérale et irrévocable à ces préférences douanières, selon une déclaration du gouvernement, lue par le ministre équatorien de la Communication Fernando Alvarado. L'Equateur n'accepte ni des pressions ni des menaces de personne. Et il ne marchande pas avec les principes, il ne les soumet pas à des intérêts mercantiles, aussi importants qu'ils soient, ajoute le texte. Les Etats-Unis ont signé un accord douanier de ce type avec plusieurs pays andins leur offrant des tarifs préférentiels en contrepartie de leur engagement à combattre le trafic de drogue dans cette région. Selon la déclaration des autorités de Quito, ces tarifs ont été à l'origine accordés comme une compensation aux pays andins pour leur lutte contre les trafics de drogue, mais ils sont devenus rapidement un nouvel instrument de chantage. Cette mise au point intervient alors que l'Equateur étudie la demande d'asile de l'ancien consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA), à l'origine de la révélation d'un vaste programme de surveillance téléphonique et électronique, et qui se trouve actuellement retranché à l'aéroport de Moscou. La présidence équatorienne a précisé, sur son site internet, que des pressions explicites et implicites avaient été exercées par les Etats-Unis à propos de l'examen de la demande d'asile d'Edward Snowden, ainsi que sur l'asile accordé à Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, autre bête noire de Washington, réfugié depuis un an à l'ambassade d'Equateur à Londres. “Nous aurions été enchantés que, de la même manière qu'on exige avec urgence de livrer M. Snowden au cas où il foulerait le sol équatorien (...), on en fasse de même avec les fugitifs de la justice équatorienne réfugiés aux Etats-Unis”, affirme encore le gouvernement dans sa déclaration. Snowden ne peut pas partir de Russie, faute de passeport L'ex-consultant de la NSA Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis pour espionnage, a entamé une cinquième journée dans l'aéroport de Cheremetievo à Moscou. Selon une source proche du dossier, il ne peut pas quitter la Russie, faute d'un passeport valable. M. "Snowden n'a pas de papiers valables. Pour cette raison, il ne peut aller ni à Cuba, ni où que ce soit", a affirmé cette source. Les Etats-Unis, qui réclament son extradition, ont annoncé dimanche avoir annulé son passeport. Selon la chaîne de télévision hispanique Univision, basée aux Etats-Unis, l'Equateur a fourni un "laissez-passer" à l'ancien agent de la CIA. Elle a publié sur son site Internet la copie d'un document daté du 22 juin produit par le consulat général de l'Equateur à Londres. Le texte d'une page, aux emblèmes de l'Equateur, liste notamment le nom de M. Snowden, sa date et son lieu de naissance, la couleur de ses cheveux et de ses yeux, sa taille et sa situation de famille. Il est signé du nom de Fidel Narvaez Narvaez, identifié comme "consul général d'Equateur à Londres".
Obama cherche à calmer les tensions Le président américain Barack Obama s'est efforcé de calmer les tensions autour du sort de l'ex-consultant de la NSA Edward Snowden, toujours réfugié dans un aéroport de Moscou et que la Russie refuse de livrer aux Etats-Unis. Il a souligné qu'il n'avait pas l'intention de "manigancer et marchander" avec la Russie et la Chine. Alors que le cas de cet ancien consultant informatique de l'Agence nationale de surveillance américaine (NSA), auteur de révélations fracassantes sur la surveillance américaine des communications aux Etats-Unis et à l'étranger, a tendu encore un peu plus les relations entre Washington d'une part et Moscou et Pékin d'autre part, M. Obama a tenté de dédramatiser la situation. "Je ne vais pas envoyer des avions pour attraper un pirate informatique de 29 ans", a-t-il déclaré lors d'une visite à Dakar, faisant une petite erreur sur l'âge de M. Snowden qui a eu 30 ans la semaine dernière. Les Etats-Unis n'ont pourtant cessé de réclamer l'arrestation et l'expulsion d'Edward Snowden depuis qu'il est arrivé à Moscou dimanche en provenance de Hong Kong, selon la version officielle russe. De son côté, une source russe proche du dossier a estimé que le cas du fugitif était "dans l'impasse". "Jusqu'à présent, Moscou n'a reçu aucune demande officielle (d'extradition) des Etats-Unis, selon cette source. M. Snowden "a le droit de partir où il veut, dans n'importe quelle direction. Nous n'avons rien à lui reprocher du point de vue juridique", a déclaré mercredi le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. La Suisse demande des réponses Censé devoir rejoindre Cuba pour ensuite se rendre en Equateur, pays auquel il a demandé l'asile politique, Edward Snowden semblait toutefois jeudi devoir s'installer pour plus longtemps que prévu dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou. La Suisse, elle, tient toujours à obtenir des réponses claires à toutes ses questions sur les activités passées d'Edward Snowden comme agent de la CIA à Genève. A ce jour, la réponse américaine a été "très diplomatique", a déclaré jeudi le conseiller fédéral Didier Burkhalter. Et de déclarer vouloir poursuivre les discussions avec les Américains sur les questions en suspens.