Bank of America (BofA) a publié cette semaine un bénéfice en hausse de 70% au deuxième trimestre grâce à une baisse des provisions pour pertes, une nette réduction des dépenses et de bonnes recettes de marchés, mais l'hypothécaire reste un frein. Le bénéfice net part du groupe est ressorti à 3,6 milliards de dollars, soit 32 cents par action alors que les analystes tablaient sur 25 cents. Le chiffre d'affaires n'a augmenté que de 3% à 22,72 milliards de dollars, légèrement inférieur aux prévisions de Wall Street (22,77 milliards). "Nous devons continuer à faire des progrès, mais comme les consommateurs vont mieux et que les entreprises sont solides, nous avons beaucoup d'opportunités devant nous", a noté le directeur général Brian Moynihan. Grâce à une amélioration de la qualité du crédit, les provisions pour pertes liées aux prêts ont été réduites de plus d'un demi-milliard de dollars, à 1,2 milliard. Les dépenses hors taux d'intérêts de la banque américaine ont également reculé (-6% sur un an), notamment grâce à une réduction des coûts liés au traitement des prêts immobiliers en défaut de paiement et surtout à une chute des dépenses liées aux nombreuses poursuites auxquelles fait face le groupe. Elles n'ont atteint que 471 millions de dollars ce trimestre contre 2,2 milliards un an plus tôt, mais le directeur financier Bruce Thompson a averti qu'elles restaient fluctuantes et difficiles à prévoir. Au premier trimestre, BofA a notamment dû passer une charge avant impôts de 1,6 milliard de dollars, en raison d'un accord avec le rehausseur de crédit MBIA pour mettre fin aux poursuites de ce dernier. Côté recettes, BofA affiche une bonne performance dans la banque de détail mais ses pertes liées aux prêts immobiliers se sont aggravées, signe que les problèmes hérités de la gestion calamiteuse avant la crise de sa filiale Countrywide ne sont toujours pas derrière elle. La hausse des taux en ligne de mire. Dans l'hypothécaire, les revenus provenant de la gestion de prêts existants ont reculé en raison de la réduction du portefeuille de prêts de la banque, qui en a cédé beaucoup et continue à réduire son périmètre. Les émissions de nouveaux prêts immobiliers, "en hausse, ont été éclipsées par la baisse des marges", a détaillé le groupe dans son communiqué. Le groupe a affiché une bonne performance ce trimestre dans les marchés financiers avec un résultat quasi doublé sur un an, à 959 millions de dollars. L'activité de gestion de fortune a enregistré une progression mais la banque internationale a vu son bénéfice baisser. Au cours d'une conférence avec les analystes, le directeur financier a fait valoir que la "vigueur de la banque d'investissement avait maintenu les commissions proches de niveaux records", notamment en ce qui concerne les titres d'émissions de dette. L'action gagnait 1,58% à 14,14 dollars à la mi-journée. Le titre avait clôturé mardi à un sommet depuis un an. Les analystes ont accueilli favorablement ces résultats: Citi parlait de "très bons progrès dans les dépenses" et RBC Capital se félicitait de "progrès sur la plupart des fronts". Le groupe comptait 18'300 employés de moins fin juin qu'un an plus tôt, à 257'158 personnes, et Bruce Thompson a rappelé qu'au fur et à mesure que le groupe financier résoudrait les problèmes de traitement des défauts et saisies sur prêts immobiliers, ses effectifs diminueraient encore. BofA "anticipe un ralentissement des émissions de prêts hypothécaires en raison d'une hausse des taux d'intérêt", a indiqué M. Thompson, faisant écho aux propos tenus par les autres dirigeants bancaires. Les taux d'intérêt ont augmenté depuis que la Réserve fédérale a indiqué en juin qu'elle envisageait de mettre fin à ses programmes de rachats d'actifs et de relever ses taux à partir de 2015 si l'économie américaine continuait de se renforcer. Selon M. Thompson, la hausse des taux d'intérêts est favorable pour la banque dans le domaine de ses investissements en propre: "Nous investissons nos excès de liquidités et l'entreprise bénéficiera ainsi de taux plus élevés". "Les taux des prêts commerciaux augmenteront également" et ces facteurs positifs devraient d'après M. Thompson "compenser une baisse des rendements" des produits obligataires et dérivés.