Dégâts n La crise des crédits immobiliers à risque, ou des «subprimes» a touché de plein fouet toute la sphère bancaire mondiale. Les spécialistes parlent déjà d'incidence de l'ordre de 400 à 500 milliards de dollars. Mais il demeure que les banques américaines sont les plus touchées par la crise qui s'est déclenchée en 2006 et a été révélée en février de l'année en cours avant de prendre les allures d'une crise financière mondiale à partir de l'été. Les «subprimes» sont des crédits hypothécaires immobiliers accordés à des clients à risque, donc peu solvables sur la base d'une majoration du taux d'intérêt. D'où sa désignation par ce terme qui signifie, en quelque sorte, «prime supplémentaire». Appliquée à un client dont la solvabilité est en dessous d'un seuil préétabli, cette prime est supposée compenser le risque pris par le prêteur. Ces prêts font ensuite l'objet d'une «titrisation» et placés sur le marché boursier avant d'être massivement rachetés par les établissements financiers qui escomptaient réaliser des bénéfices substantiels grâce à la particularité de ce système où les remboursements sont limités au paiement des intérêts tandis que le remboursement du capital est différé pour s'imputer plus tard sur le prix de revente du logement avec une plus-value puisque les prix de l'immobilier ne cessaient de monter avant 2006. La baisse du prix de l'immobilier aux Etats-Unis (les prix des habitations sont parfois tombés sous la valeur de la garantie), conjuguée à la hausse des taux d'intérêt, a donné lieu à l'insolvabilité totale, donc, à la cessation de payement de nombreux emprunteurs, et donc à la mise en situation de faillite, ou de quasi-faillite, des établissements spécialisés. Et c'est logiquement que les banques qui ont repris les titres, ont subi de plein fouet les effets de la baisse. Les estimations du coût global de la crise sur les banques établies par les analystes financiers se chiffrent en centaines de milliards de dollars : 250 milliards de dollars selon Bear Stearns et Lehman Brothers 300 à 400 milliards de dollars selon Deutsche Bank et 500 milliards de dollars selon Royal Bank of Scotland. Les grandes banques d'affaires américaines et européennes ont enregistré d'importantes dépréciations d'actifs au troisième trimestre de l'année en cours. Nous ne citerons que celles qui ont subi le plus de pertes : Merrill Lynch, 8,4 milliards de dollars, Citigroup, 5,9 milliards, Crédit Suisse, 2,5 milliards de francs suisses, Deutsche Bank, 2,2 milliards d'euros… D'autres dépréciations sont attendues au titre du quatrième trimestre.