A l'instar de toutes les régions du pays, l'atmosphère du mois sacré du Ramadhan, est un peu spéciale dans la région de khenchela, notamment quant il s'agit du S'hour. Incontournable durant tout le mois de Ramadhan, El-mesfouf, un mets léger et sucré à base de semoule, reste à ce jour le plat traditionnel le plus préféré des Khenchelis lors du repas du S'hour qui est pris aux ultimes moments de la nuit précédant de peu le début du jeûne et le lever du soleil. Observé scrupuleusement par les ménages de cette région des Aurès, ce repas de fin de nuit serait source ''de bienfaits incommensurables'', selon la tradition qui y voit également un conformisme à l'orientation prophétique: ''Prenez le s'hour, certes, il y a dans le s'hour une bénédiction''. Et si le repas de rupture du jeûne est l'occasion de la découverte de la richesse de l'art culinaire traditionnel de la région des Chaouia, le s'hour demeure essentiellement un repas complet. Appelé ailleurs ''El-mehawar'', ''El-mesfouf'' est un couscous avec du sucre, bien beurré et agrémenté de raisins secs, d'amandes et de noix concassés ou, encore, de girofles. Il devient particulièrement délicieux lorsqu'il est accompagné d'un verre de petit lait, de dattes tendres ou des fruits de saison. Agé de 72 ans, hadj Bouzid affirme ''ne mangez que le mesfouf au s'hour'', même s'il dit ne plus lui reconnaître ''la même sapidité de jadis'' à cause de l'indisponibilité sur le marché du vrai blé dur et beurre de ferme. Certaines femmes présentent encore ce plat très populaire dont les origines se perdent dans le temps, après l'avoir parfumé d'eau de rose et saupoudré de grains de grenade, de cacao et de fins cristaux de sucre. Selon Hadj Bouzid, la tradition dans toute la région des Aurès accorde une place particulière à ce mets, au point qu'il était jusqu'à il y a quelques années présenté en cadeau au cheikh enseignant du Coran lorsque l'enfant réussit à apprendre par coeur une partie du Saint Livre. Ce plat de semoule et de raisins secs que les habitants de l'Algérois et de la Mitidja (Alger, Blida, Cherchell) avaient jadis l'habitude de saupoudrer de sucre de canne pure, était également présenté lors des grandes circonstances communautaires comme le lancement des labours, les moissons-battages, le tondage des ovins, la mise-bas d'une vache ou le lavage de la laine. D'autres Khenchelis préfèrent également déguster un ''Mesfouf'' à leur retour des prières surérogatoires (tarawih) et pendant les grandes rencontres familiales, ou entre amis. Toutefois, les bonnes habitudes, fatalement, se perdent peu à peu, et certains jeunes commencent à déroger à cette règle culinaire encore bien établie dans les Aurès .