Le FMI a pressé le Japon de mettre en œuvre l'intégralité du plan de réformes économiques baptisé Abenomics pour que la croissance perdure, dans son évaluation annuelle de l'économie japonaise rendue publique. L'économie du Japon devrait afficher 2% de croissance en 2013, grâce aux mesures budgétaires et d'assouplissement monétaire, mais elle devrait ralentir à 1,2% en 2014, selon le Fonds monétaire international dans un rapport (article IV). Le FMI a souligné les changements spectaculaires et le programme ambitieux de la politique économique du Japon qui a permis à la conjoncture de s'améliorer considérablement. La croissance a grimpé à 4,1% en rythme annualisé au premier trimestre, a noté le chef de la mission du FMI au Japon Jerry Schiff, lors d'une conférence téléphonique lundi à Washington. Après des décennies de lente déflation, la Banque centrale japonaise (BOJ) est entrée dans un nouveau territoire en visant une inflation de 2%, souligne le FMI ajoutant que si la hausse des prix est encore à -0,3% sur un an en mai, elle est en progrès constant depuis trois mois. Le FMI prévoit une inflation remontant à 2,9% en 2014, notamment du fait de la hausse de la taxe sur la consommation. Sans cet effet, l'inflation sous-jacente sera plutôt de 1,25%, dit le Fonds. Le yen apparaît très légèrement sous-évalué pour l'instant, ce qui n'est pas problématique si les réformes économiques sont appliquées dans leur ensemble. Le FMI enjoint ainsi le Japon de mettre en place les réformes structurelles et budgétaires prévues dans le troisième pan du programme à trois flèches des autorités nippones. Ce plan mis en place par le Premier ministre de droite Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre dernier a pour objectif de mettre un terme à la chute des prix qui freine la croissance japonaise depuis une quinzaine d'années via trois outils (souplesse monétaire, largesse budgétaire et stratégie de croissance). Les réformes doivent être concrètes et de grande envergure, estime le FMI dans son avis, citant notamment une réforme du marché du travail ouvrant davantage l'emploi aux femmes. Le Fonds réclame aussi un plan budgétaire à moyen terme crédible pour réduire l'endettement. Si les progrès ne sont pas complets sur les réformes structurelles et budgétaires, cela pèsera sur la confiance et mettra en danger la réussite de la nouvelle politique en comptant trop sur la politique monétaire, dit encore le FMI qui prévoit alors que cela aura des conséquences négatives pour le Japon et l'économie mondiale. L'institution assure en revanche que si une dérèglementation des services intérieurs et de l'agriculture intervenaient accompagnées par une amélioration des marchés de l'emploi et une plus grande offre du capital-risque, il y aura possibilité d'une croissance de 2% pendant une décennie. En revanche, sans plan crédible d'assainissement budgétaire, en cas de programme Abenomics incomplet, affirme un scénario du FMI, l'assouplissement de la politique monétaire peut devenir un fardeau et affecter le reste du monde avec un yen trop faible.